Donald Trump a vivement critiqué la Chine mardi au moment même où négociateursaméricains et chinois, réunis à Shanghai, tentent de trouver la voie pour sortir de l’impasse de la guerre commerciale entre les deux pays.
“Mon équipe est en train de négocier avec eux maintenant, mais ils (les Chinois, NDLR) finissent toujours par modifier l’accord à leur avantage”, a tweeté le président américain.
Les discussions, qui se déroulent dans la capitale économique chinoise, sont les premières en face-à-face depuis l’échec brutal des négociations en mai, lorsque le président américain avait accusé Pékin d’avoir fait volte-face sur ses engagements.
Cette fois-ci, le locataire de la Maison Blanche a affirmé que la Chine était censée commencer à augmenter ses achats de produits agricoles mais que “rien ne dit qu’ils soient en train de le faire”.
“C’est le problème avec la Chine, elle ne fait tout simplement pas” ce qu’elle dit qu’elle va faire, a-t-il lancé.
Devant des journalistes, il a ensuite repris son leitmotiv: “nous verrons ce qu’il va se passer. Nous aurons un formidable accord. Ou nous n’aurons pas d’accord du tout”.
Il a une nouvelle fois estimé que les Etats-Unis étaient en position de force, notant le ralentissement de l’économie chinoise: “la pire année en 27 ans”.
Donald Trump exige des autorités chinoises qu’elles réduisent non seulement le déficit commercial américain en achetant davantage de produits mais encore qu’elles cessent des pratiques commerciales jugées “déloyales” telles que le transfert de technologies forcées ou la subvention des entreprises d’Etat chinoises.
Mais faute d’un accord, le bras de fer commercial, qui dure depuis plus d’un an, s’est traduit par l’imposition réciproque de droits de douane punitifs portant sur plus de 360 milliards de dollars d’échanges annuels.
Le représentant au Commerce Robert Lighthizer et le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin sont restés muets à leur arrivée mardi à Shanghai.
– “Beaucoup plus dur” –
Les deux hauts responsables américains devraient mener une journée complète de négociations mercredi en présence du vice-Premier ministre chinois Liu He — un proche du président Xi Jinping.
Mais les dernières déclarations de Donald Trump renforcent l’impression que les négociations de cette semaine ne devraient pas déboucher sur des avancées majeures.
Le président américain a estimé que la Chine jouait la montre et attendait l’élection présidentielle américaine de 2020, en espérant sa défaite. Mais, a-t-il menacé, elle aurait un accord “beaucoup plus dur que celui que nous négocions maintenant… ou pas d’accord du tout” s’il remportait le scrutin.
“Nous avons toutes les cartes en main, nos ex-dirigeants ne l’ont jamais compris!”, a-t-il encore écrit.
Le différend commercial s’est étendu au domaine technologique avec l’inscription au mois de mai du géant chinois des télécoms Huawei sur une liste noire de l’administration américaine pour des raisons de sécurité. Huawei a reconnu mardi se battre pour sa “survie”, malgré des ventes en hausse au premier semestre.
Les négociations se déroulent dans un contexte compliqué pour Pékin, qui fait face depuis plusieurs semaines à d’importantes manifestations — dont certaines violentes — à Hong Kong, et d’une forte hostilité des Etats-Unis.
Donald Trump a en outre menacé de dénoncer le statut de pays en développement de membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), une mesure qui vise prioritairement la Chine. Dans une réponse cinglante, Pékin a fustigé lundi “l’arrogance et l’égoïsme” des Etats-Unis.
– Des concessions ? –
L’agence de presse officielle Chine nouvelle a admis mardi dans un commentaire que les relations entre Pékin et Washington étaient “tendues” et appelé les Etats-Unis à “traiter la Chine avec tout le respect dû” s’ils veulent un accord.
Pour autant, la reprise des négociations marque un pas positif après la trêve dans la guerre commerciale décrétée fin juin entre Donald Trump et Xi Jinping.
Et, la tenue de pourparlers à Shanghaï est un clin d’oeil à une époque où les relations entre les deux pays s’étaient améliorées. Le Communiqué de Shanghaï de 1972 évoquait une étape importante dans l’établissement de relations diplomatiques entre les deux pays.
A Pékin comme Washington, l’issue semble incertaine.
La rhétorique n’a d’ailleurs pas faibli dans la presse contrôlée par le pouvoir chinois. L’influent quotidien anglophone China Daily a conseillé aux Etats-Unis de “renoncer à leur tactique de pression maximale”, la jugeant “inefficace contre la Chine”.
Le ministre chinois du Commerce Zhong Shan, considéré comme un dur, pourrait même jouer un rôle plus important dans ces négociations.
AFP