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Autrement dit : Qui contrôle quoi ?

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Quel aveu d’impuissance de la part d’un président de la République de reconnaître que «des leaders Touaregs viennent à Bamako empocher leurs indemnités et de retour à Kidal hissent fièrement le drapeau de l’Azawad». C’est à se demander qui parle. De quel président s’agit-il ? Quel pays dirige-t-il ? De quel peuple se revendique-t-il ? Elle est où sa légitimité ?

La grande question, celle qui mérite réponse et réflexion va même au-delà de tous ces questionnements. Il s’agit de celle relative au contrôle et à la gestion du pays. Qui contrôle quoi au Mali ? Quelle est la légitimité de ceux qui disent nous diriger et qui parlent en nos noms ?

Le Mali a un président, c’est vrai ; seulement, quelle est sa marge de manœuvre pour ce qui concerne la gestion de son pays ? Où s’arrête sa légitimité ? Peut-il réellement se mouvoir et se faire entendre sur toute l’étendue du territoire national ?

Pour ce qui concerne ce qu’on peut appeler sa sphère de compétence, il faut dire qu’aujourd’hui, au-delà même d’IBK, c’est l’Etat malien qui ne contrôle rien sur la zone qu’on a l’habitude de nommer «Mali». Dans notre pays, l’Etat, à travers son administration, est présent sur moins du tiers de sa superficie. C’est ce qui explique le discours selon lequel le pays n’est pris en charge que par le tiers de ses services financiers, et que l’Etat ne recouvre que sur cette partie.

Pour faire simple, les impôts, les Douanes et les autres services de recouvrement n’existent que sur une infime partie du territoire (moins du tiers), pour le reste, c’est Far West, chacun fait ce qu’il veut. Allez-y demander à nos parents de Kidal ou Gao, de dédouaner leurs engins à deux, quatre, ou même trois roues ! Même s’ils le voulaient, ils ne le pourraient d’ailleurs, car l’Etat a détalé de cette partie de son territoire, abandonnant ses populations et, par conséquent, aucun service du genre n’existe sur place.

La nature ayant horreur du vide, comme on le dit assez souvent, les mouvements armés et assimilés s’y sont royalement installés et font la pluie et le beau temps. Ce sont eux, la France (à travers Barkhane), la Minusma, l’Algérie et, souvent même, le Niger, qui gèrent les entrées et les sorties de ce côté-ci de notre «souverain» territoire. Eux-mêmes y entrent et en sortent comme bon leur semble, au vu et presque au su de nos autorités actuelles. Elles n’ont pas voix au chapitre.

C’est le même constat au centre où le tableau est, d’ailleurs, plus sombre. Ici, l’Etat existe dans des grandes agglomérations mais sa présence n’est effective que de nom. Ce sont les trafiquants de drogue, en complicité avec les seigneurs de guerre, qui ont envahi la zone. Comme ce fut le cas à Tarkint avec Air Cocaïne, les dealers ont emménagé des aéroports de circonstance et y exercent à souhait et à volonté.

C’est pour cela qu’on parle assez souvent d’avions qui atterrissent et décollent de certaines zones dans le centre du pays. Ils déchargent ou récupèrent de la drogue en provenance de l’Amérique latine.

Pour ce qui concerne le peu qu’il reste du territoire, il est pris en otage par une mafia proche du pouvoir à travers des députés, des ministres, des marabouts, des proches du PM, des communicants qui, tous, tirent le maximum de profit de la crise que le pays vit depuis bientôt une décennie.

 

Makan Koné

Nouvelle Libération

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