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Syrie: renforts turcs à Idleb après l’entrée du régime Assad dans une ville clé

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Un convoi militaire turc a été envoyé lundi par Ankara dans le sud de la province d’Idleb, au lendemain de l’entrée de troupes du régime syrien à Khan Cheikhoun, une ville stratégique du nord-ouest de la Syrie, suscitant l’ire de Damas.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), des raids russes et syriens ont même été menés non loin du convoi pour tenter de l’empêcher de poursuivre son chemin.

La majeure partie de la province d’Idleb et des segments des provinces voisines d’Alep, de Hama et de Lattaquié échappent toujours au contrôle du régime syrien de Bachar al-Assad, après huit années de conflit.

Cette région dominée par le groupe jihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) et qui abrite des groupes rebelles proturcs est ainsi la cible, depuis fin avril, de bombardements quasi quotidiens de Damas et de son allié russe.

Après trois mois de combats acharnés dans le nord de la province de Hama, les forces prorégime avancent actuellement dans le sud d’Idleb.

Dimanche, elles sont entrées dans le nord-ouest de la ville de Khan Cheikhoun, pour la première fois depuis 2014.

– “Autoroute stratégique” –

Au lendemain de cette avancée, un correspondant de l’AFP a vu lundi en secteur rebelle un convoi d’environ 50 véhicules militaires à Maaret al-Noomane, à 15 km au nord de Khan Cheikhoun, dont des blindés, des transporteurs de troupes et au moins cinq chars.

En représailles à l’arrivée de ce convoi turc, l’aviation russe a mené un raid contre une camionnette appartenant aux groupes rebelles qui ouvraient la voie à cette colonne armée aux abords de Maaret al-Noomane, selon l’OSDH.

Le bombardement a tué un membre de Faylaq al-Cham, qui fait partie du Front national de libération (FNL), une coalition de groupes rebelles soutenus par Ankara.

Selon le correspondant de l’AFP, le convoi a dû s’arrêter brièvement puis a pu reprendre son chemin.

Depuis quelques jours, les forces prorégime cherchent à avancer sur deux axes, a affirmé à l’AFP le directeur de l’OSDH, une ONG qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie.

Le premier objectif consiste à élargir leur emprise jusqu'”au nord de la ville (de Khan Cheikhoun) pour mettre la main sur l’autoroute stratégique” reliant Damas à Alep (nord), a dit Rami Abdel Rahmane.

Le second vise à avancer vers Khan Cheikhoun depuis l’est, ce qui permettrait d’imposer un siège au nord de Hama, y compris la ville de Morek, où se trouve le principal poste d’observation turc.

Lundi, de violents combats ont lieu autour de Tell Teri, une colline stratégique à l’est de Khan Cheikhoun, a indiqué à l’AFP le porte-parole du FNL, Naji Moustafa.

Et, au nord de la ville, des bombardements aériens nourris ont visé l’autoroute, selon un correspondant de l’AFP.

– “Comportement hostile” –

“Des véhicules turcs chargés de munitions (…) ont pris la direction de Khan Cheikhoun pour secourir les terroristes”, a de son côté fustigé une source au ministère syrien des Affaires étrangères, citée par l’agence officielle Sana.

“Ce comportement hostile du régime turc n’affectera en aucun cas la détermination de l’armée syrienne”, a ajouté la même source.

“Les renforts étaient en route vers les positions militaires turques à Morek”, a pour sa part avancé Naji Moustafa, du FNL.

Il a accusé Moscou d’adopter une “politique de la terre brûlée pour contrôler Khan Cheikhoun et le nord de Hama”.

La région d’Idleb est censée être protégée par un accord sur une “zone démilitarisée”, conclu en septembre 2018 par Ankara, parrain des rebelles, et Moscou. Mais cet accord n’a été que partiellement appliqué, les jihadistes ayant refusé de se retirer.

Selon l’analyste Nawar Oliver, du centre Omran basé en Turquie, les derniers développements révèlent l’existence d’un “désaccord” entre les deux parrains du texte.

La Turquie “refuse que soit menacée la sécurité de ses militaires ou qu’ils se retrouvent à la merci du régime et de la Russie”, a-t-il ajouté.

Ankara possède plusieurs postes d’observations à Idleb et dans ses environs, en vertu d’accords conclus par le passé entre Moscou et Ankara.

Déclenchée en 2011 après la répression meurtrière par le régime de manifestations prodémocratie, la guerre en Syrie s’est complexifiée au fil des ans, avec l’entrée en jeu de plusieurs puissances étrangères.

Elle a fait plus de 370.000 morts en huit ans et jeté sur les routes de l’exil des millions de personnes.

Ces dernières années, le régime de Damas a réussi à consolider son emprise sur plus de 60% du pays, grâce au soutien de la Russie et l’Iran.

AFP

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