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Interview presque imaginaire : Soumaïla Cissé, « Je veux être nommé PCA de la BMS »

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Dans un climat de débauchage tous azimuts des opposants par le régime en place, le chef de file de l’opposition, dans une interview imaginaire, veut aussi sa part du gâteau. Mais, il souhaiterait qu’on lui confie les rennes de la Banque malienne de solidarité (BMS-SA). Histoire de manger plus que les autres.

Azalaï Express: Bonjour Monsieur le président, vous affichez une mine grise ce matin. Qu’est-ce qui ne va pas ?

Soumaïla Cissé : Cela vous fait quoi que j’ai une bonne mine ou pas. Vous avez passé tout le temps à écrire contre moi et mon parti. D’ailleurs, c’est une question ou une moquerie ? Comment des journalistes comme vous peuvent-ils me demander ce qui ne va pas. Ou bien vous ne suivez pas l’actualité.

AE : Vous voulez parler de la nomination en cascade de vos alliés d’hier dans le gouvernement. D’ailleurs cela vous inspire quoi ?

SC : Ah ! Je savais que c’était la raison pour laquelle vous êtes venus. C’est votre habitude de vous moquez de moi. Je vous connais. Ecoutez, je ne suis pas de bonne humeur ce matin et en plus, ma chère Assan n’a pas encore chauffé mon tô couché. Ce que je peux vous dire, c’est que ce sont des traitres de la pire espèce. D’abord, c’est Tiébilé Dramé, mon directeur de campagne en 2018, qui fut le stratège de mon équipe, qui accepte au nom de leur fameux accord politique de rentrer dans le gouvernement. Mais, je dois reconnaître qu’il est futé. Il a su négocier un bon poste. Je lui ai fait confiance et il a fait un enfant dans le dos. Dieu est grand ! Sans ma boite à idées, vous voulez que je fasse quoi ? Ce que vous ne savez pas, c’est lui, Tiébilé, qui m’avait dit qu’on a gagné l’élection présidentielle et que je ne devais pas capituler de sitôt. Dja dja c’est pour monter les enchères et s’offrir une place à l’ombre.

Après lui, c’est Amadou Thiam et Oumar Hamadoun Dicko, que je voyais comme des frères, qui acceptent d’aller autour de la table.

Ensuite, c’est Ras bath. Ce garçon avec sa langue mielleuse. Il s’est bien foutu de moi. Avec lui, ce qui me fait mal, c’est que je lui ai donné beaucoup d’argent. Il avait assuré que tous les conducteurs de katakatani (motos tricycles qui servent au transport de biens) de Bamako allaient voter pour moi. C’est un petit menteur. Maintenant, j’apprends qu’il défend l’autre contre moi. Eh Dieu !

J’allais oublier l’autre gros dogon  noir qui était à mon cabinet. Lui aussi ne me défend plus. Cela fait longtemps que je ne l’entends ni à la radio ni à la télé.

AE : Vous parlez de Nouhoum Togo ?

SC : Justement, il s’agit de lui. D’ailleurs, je ne le vois même plus. Il paraît qu’il a pris ses quartiers devant la Maison de la presse. Je suis persuadé que si on lui propose quelque chose, il va me renier. Sniff ! Sniff ! Pauvre de moi. Assan, ce tô couché, il vient oui ou non.

AE : Monsieur le président, à cette allure à laquelle vont les choses, vous risquez de vous retrouver tout seul dans le bateau de l’opposition, non ?

SC : Vous parlez de quoi là. Je ne suis pas seul. Il y ma chère et tendre Assan et l’autre, comment il s’appelle déjà…. Voilà, ça me revient, Me Demba Traoré. Vous savez, il parle bien hein ! C’est un bon avocat. Quand je serai président de la République, je le nommerai ministre de la Justice. D’ailleurs, rester seul à l’opposition n’est pas aussi mauvais que ça. Parce qu’au moins je n’aurai pas à partager les 500 millions de FCFA du moment où je reste chef de file de l’opposition. Mais, je sens que Aliou Boubacar Diallo, avec son ADP-Maliba, Modibo Sidibé et le rouge de Oumar Mariko sont à l’affut. Ils lorgnent tous cette cagnotte. Mais rassurez-vous, je ne leur donnerai même pas un copeck. Ce montant n’est même pas suffisant pour entretenir des gens comme Boubacar Yoro Maïga, les Macké Diallo et les autres mange-mil qui gravitent autour de moi. Quand je regarde le JT de l’Ortm, il faut reconnaître que Tiébilé, Amadou Thiam et Oumar Hamadoun Dicko brillent dans leurs nouveaux boubous et costumes sur mesure. Je me demande si…

AE : Si quoi, Monsieur le président ?

SC : Attendez, je réfléchis deux secondes. Et si j’accepte moi aussi de composer avec mon grand frère. Peut être que je pourrai faire d’une pierre deux coups. Parce qu’en regardant le teint des autres, j’ai l’impression que c’est bon, les mets qu’ils mangent là bas. Bon, comme je sais qu’il va refuser de faire un gouvernement d’union nationale et me nommer Premier ministre, je veux être au moins PCA de la Banque cent pour cent malienne. C’est-à-dire, la BMS-SA.

AE : Mais, Monsieur le président…

AE : Mais, quoi ? Ils ont dit dialogue politique inclusif et accord politique de gouvernance non ! Alors, au nom de ce dialogue, mon grand frère doit tout accepter. D’ailleurs, le poste de PCA n’est pas cher payé pour mon allégeance. Vous croyez quoi. Vous oubliez que l’opposition c’est moi. Eh alors ! Aussi, j’ai marre de rester à la maison, tout seul. Tout le monde est en train d’aller de l’autre côté ; moi aussi je veux y aller. Comme cela, je garde le portefeuille de chef de file et je dirigerai la BMS. Vous savez, j’ai des grandes aptitudes pour cela. Je suis un économiste chevronné. L’économie et les finances n’ont aucun secret pour moi. Et puis, qu’est-ce que j’ai à perdre, du moment où je vais pouvoir manger du poulet comme Tiébilé et Thiam. Je suis fatigué du riz couché et du tôt sans «soumbala» (condiment à base de graine de néré). Assan, viens. Je viens de prendre une grande résolution.

AE : Mais président, on est en interview ?

SC : Et après ! Dégagez de ma vue ! Assan, viens vite. J’ai  eu une idée lumineuse. Tu as toujours le numéro de mon grand frère de Sébénikoro ? Appelles-le et dis-lui que je vais le voir. C’est urgent ! Notre galère va prendre fin bientôt au nom de la paix et la réconciliation nationale.

AE: Président, vous avez retrouvé le sourire ?

SC : Oui, le tô d’Assan était succulent. En plus, je vais montrer à ces petits apprentis opposants qu’ils ne sont pas les seuls à savoir dribler. Moi aussi, je sais m’y prendre. Ils seront surpris de ma nomination. Ils verront ce qu’ils verront devant leurs écrans. Vive moi !

AE : Comment allez-vous expliquer ce revirement à vos militants et au peuple ?

SC : Vous êtes bizarres hein. L’explication est simple. Je vais prendre l’exemple de Tiébilé et des autres. J’ai accepté l’offre au nom du Mali.  Je leur dirai que le pays traverse une crise profonde, donc tout le monde doit apporter sa pierre. D’ailleurs, il y a quoi de surprenant dans ce pays. Qu’es-ce qu’on n’a pas vu sous ce régime ? Tout est possible au Mali tant que nos ventres vont nous commander. Je vous conseille de chercher votre part aussi hein ! On ne sait jamais.

Ah oui ! C’est quoi le nom de votre canard déjà ? ‘’Azalaï Express’’. Ok, revenez voir quand je prendrai mes quartiers à l’ACI 2000, dans le grand immeuble jaune. Merci d’être passé me voir.

Imaginée par Harber MAIGA

Source: Azalaï-Express

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