Près de 5,7 millions de dollars (environ 3,3 milliards de francs CFA) vont être répartis entre 66 partis politiques maliens comme aide financière de l’Etat au titre de l’année 2018, a annoncé mardi le ministre malien de la Communication, M. Yaya Sangaré, sur son compte de médias sociaux.
Le montant de cette aide a été fixé “conformément à la Charte des partis politiques qui prévoit une aide correspondant à 0,25 % des recettes fiscales du budget d’Etat”, a expliqué le ministre.
L’octroi de cette aide a suscité une levée de boucliers des responsables de presse du Mali, qui l’ont jugé “discriminatoire” et “disproportionnée” par rapport à l’aide publique à la presse qui, depuis l’arrivée du président Ibrahim Boubacar au pouvoir en 2013, tourne entre 200 millions et 300 millions de francs par an. “Une somme modique” répartie entre plus de 200 organes (radios, presse écrite et télévisions) de presse privée.
Certaines critiques ont aussi visé “l’écart considérable” entre ceux qui sont éligibles à cette aide et ceux qui ne le sont pas à cette aide. “Aujourd’hui l’on crée les partis politiques soit pour être plus proche de la majorité, soit pour être proche de l’opposition pour pouvoir se positionner et profiter d’une situation donnée”, a analysé M. Khalid Dembélé, chercheur au Centre de Recherche, d’Analyses Politiques, Économiques et Sociales (CRAPES) interrogé par l’hebdomadaire privé “Journal du Mali”.
“Les partis sont créés non plus autour de convictions ni d’idéaux mais autour des intérêts individuels et quand c’est comme cela, ils ne sont pas fondés et les critères les disqualifient facilement”, a-t-il ajouté.
Les chapelles politiques bénéficiaires défendent bien naturellement cette aide dans une belle unanimité.
“Si nous avons choisi de faire la démocratie, nous devons aider les piliers que sont les partis politiques, qui supportent cette démocratie. On ne peut pas parler de démocratie sans eux, ni d’apprentissage et de formation”, a défendu devant la presse M. Moussa Seye Diallo, Secrétaire adjoint chargé à la communication de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), chef de file de l’opposition politique.