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Groenland: Trump dénonce le ton «méchant» de la première ministre danoise

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Si le Danemark a joué l’apaisement mercredi, Donald Trump, visiblement vexé, a justifié l’annulation de sa visite dans le pays scandinave par le ton « méchant » des propos de la première ministre danoise et le refus de Copenhague de vendre le Groenland aux États-Unis.

« La déclaration de la Première (ministre) selon laquelle c’était une idée absurde » d’acheter le Groenland « était méchante », a tonné le président américain devant des journalistes, alors que Mette Frederiksen avait assuré plus tôt qu’il n’y avait « pas de crise » entre Copenhague et Washington.

« Tout ce qu’elle avait à faire était de dire “non, nous ne serons pas intéressés” » par l’idée de vendre le Groenland, a poursuivi l’ancien homme d’affaires new-yorkais.

« Elle ne s’adresse pas à moi, elle s’adresse aux États-Unis d’Amérique. On ne parle pas de cette façon aux États-Unis », a averti M. Trump, rappelant que le président Truman, au milieu du 20e siècle, s’était intéressé également à cette immense île de l’Arctique.

En déplacement au Groenland, territoire autonome rattaché au Danemark, la première ministre Mette Frederiksen avait qualifié d’ » absurde » la proposition d’achat du président américain.

Copenhague, avait-elle rappelé en substance, n’a pas même le pouvoir de vendre cette entité bénéficiant d’une large autonomie.

Le milliardaire républicain avait annoncé dans une salve de tweets mardi soir le report de sa rencontre avec la première ministre danoise.

« Le Danemark est un pays très spécial, avec des gens incroyables, mais étant donné les commentaires de la première ministre Mette Frederiksen, selon lesquels elle n’aurait aucun intérêt à discuter de l’achat du Groenland, je vais repousser notre rencontre prévue dans deux semaines à un autre moment », avait-il tweeté.

« La réalité transcende la fiction »

Cette annonce intervient dans une séquence diplomatique importante pour le dirigeant américain, qui doit bientôt s’envoler pour la France, où il assistera au sommet du G7 à Biarritz, du 24 au 26 août.

Aux côtés des autres leaders des grandes puissances mondiales, il pourrait encore jouer les trouble-fêtes, tant les sujets de discorde se multiplient entre les États-Unis et leurs alliés traditionnels.

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo et le ministre danois des Affaires étrangères Jeppe Kofod ont tous les deux tenu mercredi, après avoir échangé par téléphone, à réaffirmer les liens étroits entre les deux pays.

« Les États-Unis et le Danemark sont de proches amis et alliés », a tweeté M. Kofod.

La porte-parole de la diplomatie américaine a fait savoir de son côté que M. Pompeo avait évoqué lors de cette conversation une « coopération renforcée avec le Royaume du Danemark dans l’Arctique – y compris le Groenland ».

A Copenhague, la reine Margrethe, à l’origine de l’invitation à Donald Trump, a exprimé sa « surprise » dans un commentaire écrit transmis à la chaîne de télévision publique DR.

Et l’ensemble de la classe politique du pays scandinave a exprimé sa stupéfaction.

« La réalité transcende la fiction (…), cet homme est imprévisible », a tweeté Morten Østergaard, chef de la gauche radicale et membre de la majorité parlementaire.

L’annulation impromptue de sa visite au Danemark, prévue les 2 et 3 septembre, montre une nouvelle fois la capacité du 45e président des États-Unis à casser les codes de la diplomatie traditionnelle.

« L’idée de Donald Trump d’acheter le Groenland est absurde et l’annulation de sa visite d’État au Danemark est tout aussi absurde alors qu’il sait qu’il n’y a aucune chance que le Groenland devienne le 51e État de l’Amérique », a-t-il dit à l’AFP.

Le milliardaire américain avait qualifié le week-end dernier ce potentiel achat de « grosse transaction immobilière », qui serait « stratégiquement intéressante ».

Peuplé de 56 000 habitants, le Groenland est une gigantesque île arctique, grande comme quatre fois la France. Ses ressources naturelles (pétrole, gaz, or, diamant, uranium, zinc, plomb) et le réchauffement climatique qui ouvre de nouvelles voies maritimes attisent les convoitises, notamment des États-Unis, de la Chine et de la Russie.

Dans ce contexte, « l’objectif ultime de Trump n’est pas d’acquérir le Groenland, mais au moins de nouveaux territoires, ou parcelles », dans l’Arctique, analyse Mikaa Mered, professeur de géopolitique des pôles à l’Institut libre des relations internationales (ILERI) de Paris.

Face aux ambitions de Pékin dans la région, Washington pourrait par exemple « avoir jeté son dévolu » sur la base navale de Grønnedal, dans le sud du Groenland, que les Danois avaient renoncé à vendre fin 2017 parce que les seuls acheteurs déclarés étaient chinois, selon le chercheur.

Source:Le monde

 

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