Connu pour être un des leaders politiques les plus unanimement appréciés en raison de leur constance idéologique, Oumar Mariko s’est cependant laissé piéger par ses propres convictions au rythme d’intérêts imprécis. Farouchement opposé aux idéaux des partis issus de la grande famille Adéma et qu’il qualifie d’antisociaux, le président de la Sadi s’est ironiquement laissé aller à des arrangements politiques avec plusieurs de ces mêmes formations, en nouant avec elles des alliances contrenatures. Cela, pour des intérêts qui sont toujours restés flous aux yeux de l’opinion publique nationale.
Le parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi), formation politique dirigée par Dr. Oumar Mariko, s’est notamment fait remarquer par son intransigeance sur des principes clés de la démocratie, plus loin, sur des concepts essentiels de la doctrine marxiste-léniniste.
Vigoureusement opposée aux pratiques caractéristiques de la démocratie bourgeoise, les idéaux de la Sadi trouvent leur plus belle expression dans une démocratie populaire servant fondamentalement les intérêts des masses en lieu et place de ceux de la minorité gouvernante.
Ce combat férocement mené depuis des décennies par les leaders du parti avec, à leur tête, Oumar Mariko, lui aura valu les pires diatribes de ses détracteurs politiques aussi bien qu’une bonne partie du peuple malien qui ne se reconnait forcément pas dans les méthodes et idéaux prônés par le parti Sadi.
Les reproches régulièrement liés à la « trop grande intransigeance » du parti sur ses lignes de conduite politique ainsi que l’insuffisance notoire de ressources matérielles et financières pour mobiliser une plus large adhésion en faveur des idéaux du parti, lui valent toute son inconsistance électorale à l’échelle locale et nationale.
Aujourd’hui, après avoir procédé, nous semble-t-il, à son auto-examen suite à de nombreuses années d’échecs tout en mesurant la persistance de toute l’opprobre dont le parti fait l’objet au sein de l’opinion publique nationale, la Sadi, à travers des alliances spectaculaires récemment nouées avec des partis « adémistes », notamment, au lendemain du scrutin présidentiel du 29 juillet 2018, a fait des entorses inédites à ses propres convictions et que nombreux Maliens n’ont pas du tout vu d’un bon œil y compris certains parmi ses propres militants.
Former un même bloc politique que Soumaïla Cissé, Tiébilé Dramé et Me Mountaga Tall, tous des leaders de la scène publique malienne dont le parcours politique et institutionnel avait jusque-là été jugé « répugnant » par le parti et ses militants, démontre à quel point la Sadi envisage désormais de se libérer du « piège » de ses propres convictions.
Est-ce à la demande des militants ou une nouvelle orientation idéologique et politique unilatéralement prônée par l’état-major du parti ? La question reste posée. Moulaye DIOP