Ce n’est pas sur-le-champ politique qu’il faut toujours aller chercher les anges. Le terrain est trop miné pour que le sauve-qui-peut ne fasse pas le plein de larrons.
Dénonciations vraies ou fausses, délation opportuniste, calomnies et dénigrements systématiques sont à l’action politique ce que le levain est à la farine. Triste constat ou amère réalité, c’est ainsi.Ce qui se passe au Mali ne dément pas cette situation délétère qui malmène l’esprit des citoyens; donc, leur tranquillité.
Le Peuple se trouve pris dans une spirale d’accusations dont il n’a toujours pas les instruments fiables de la mesure. N’est-il pas alors trompé, berné ? D’ailleurs, tout est dans la démesure. Le faux et la vérité se disputent dans un combat sans merci; le malheur est que le combat sans merci est un duel à mort, ce qui présage que les Politiciens sont en train de nous mener vers un règlement dramatique de l’imbroglio qui n’est, de toute évidence, pas encore maîtrisé.
Certes, des Accords politiques ont été signés, le processus d’un dialogue politique inclusif national a été lancé, une loi organique dite d’Entente nationale est votée et promulguée, qui prévoit même, chose inédite, une Journée nationale du pardon et une Semaine nationale de la Réconciliation.
On y est, le Mali se veut être un pays de cocagne où il fera si bon vivre que les vers des fosses septiques verront tous leurs droits respectés, et le citoyen débarrassé de tout ce qui peut violer l’honneur des Administrés et de l’État. Mais voilà, agir en Démocratie exige des valeurs qui ne sont pas faciles à honorer.
«Ma famille d’abord», accuse la frange la plus importante du Peuple pour qui le Régime en place n’est qu’un cancer qui est en train de le tuer. Le Président de la République, quant à lui, jure, la main sur le cœur, qu’il aime le Mali plus que tout et qu’il est même prêt à aller au sacrifice suprême pour le salut et le rayonnement de la patrie de ses ancêtres. Il n’y a pas là qu’une simple réponse du berger à la bergère. Alors fusent les questions: qui a raison? Qui a tort ?
Dans ce quiproquo torride, l’Ambassadeur d’Allemagne sort du bois pour pourfendre Décideurs et Magistrats d’être les coupables impunis d’une corruption étouffante, asphyxiante, tuante. Le Rapport du Vérificateur Général vient alourdir ce jugement diplomatique inattendu par le Pouvoir, mais désespérément attendu depuis belle lurette par le Peuple.
Entre temps, c’est une note d’informations aux accents à la fois de pamphlet et de tract qui dénonce, avec chiffres à l’appui, le niveau de l’enrichissement illicite exorbitant des Généraux de l’Armée nationale, dont un Ministre en exercice et le Patron des Renseignements.
Si l’ancien Premier Ministre Soumeylou Boubèye Maïga a cru devoir, pour sa part, produire un mémorandum sur les allégations du VEGAL le concernant, sorte de démenti et de réfutation, les Généraux Diawara et Traoré, et autres sont toujours silencieux sur les accusations gravissimes portées sur eux.
Les uns et les autres de ce dernier lot vaquent tranquillement à leurs occupations tandis que SBM continue imperturbablement le maillage politique du territoire à travers les activités de son parti ASMA.
L’heure de vérité ne semble pas loin. Pourvu que la Nation ne perde pas ses assises.
Bogodana Isidore Thérap
Source: Le Combat