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Infrastructures routières: Ras-le-bol sur les routes !

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Doter le Mali d’infrastructures routières modernes, voici là une des multiples promesses faites par Ibrahim Boubacar Keita. Aujourd’hui, le constat est là : aucune infrastructure routière construite sous son mandat. De Kayes à  Gao, en passant par Mopti et Bamako, les routes se dégradent partout dans le pays. D’où la colère des populations. 

De plus en plus des voix s’expriment contre la situation alarmante des infrastructures routières de notre pays. De Kati à Diboli et de Sévaré à Tombouctou, les populations riveraines et autres usagers de ces axes routiers dénoncent cet état de fait. Ils s’organisent au sein de mouvements sociaux pour exiger leur réhabilitation pure et simple. Ce qu’on peut constater avec les dernières manifestations de ces populations dans plusieurs localités comme Kati, Kolokani, Kayes jusqu’à Diboli). Ce mouvement de protestation fut précédé par celui d’un collectif d’associations de la région de Tombouctou qui a, pour sa part a exigé la réhabilitation de la route nationale qui relie  cette région au centre du pays. Ces différents  mouvements se justifient par le manque d’infrastructures routières et l’état calamiteux de celles existantes dont la réhabilitation ne semble pas être une priorité du régime aux yeux des populations.

Un aperçu général de l’état des infrastructures du pays.

Dans un rapport d’étude indépendante effectué sur l’état des routes maliennes du Département des Transport et des TIC de la Banque Africaine pour le Développement, les infrastructures routières du Mali sont jugées disproportionnées par rapport aux normes internationale et sous régionale. Selon le rapport: «Le pays dispose d’un vaste réseau routier classé, constitué de 89,000 km dont 23,000 km environ sont aménagés;allant des pistes rurales (cotonnières et pastorales) aux corridors routiers internationaux, revêtus soit en béton bitumineux soit en enduit superficiel. Le réseau revêtu est essentiellement constitué de routes nationales sur un linéaire de 5,700 km, dont 60% sont en bon état, contre 35% pour le reste du réseau. La densité routière, estimée actuellement à 1,80 km/100 km², est l’une des plus faible d’Afrique (3,1 km/100 km² pour la CEDEAO et 4,7 km/100 km² pour toute l’Afrique).» A travers ce constat, nous voyons largement que le pays est en retard dans ce secteur.

En ce qui concerne le financement des projets, le rapport indique que:« Le budget de l’Autorité Routière en 2013 est de 22 milliards dont 18,7 milliards (85%) de ressources propres (dont 85% provient de la redevance) 4 302 kms de routes revêtues et 7 244 kms de routes en terres couvert par le programme de l’entretien.» Nous constatons là que les efforts fournis par l’Etat sont loin de pouvoir faire face aux défis. Ces efforts financiers peinent à entretenir les routes existantes qui se détériorent au fil du temps causant de plus en plus la nécessite de réhabilitation à plusieurs niveaux.

Parmi les routes nationales, qui s’en sortent mieux, nous avons en tête celle qui relie Bamako aux régions de Ségou. La réhabilitation de cette voie avait été lancée par l’ancien Président Amadou Toumani Touré et inaugurée par le régime en place. Long de 234 km, elle est celle qui constitue la plus moderne de toutes les routes nationales en longueur avec le respect des standards sous régionaux et internationaux. Elle est suivie par la route Bamako-Koulikoro (RN27) avec ses (59,2km), réhabilitée en 2017. Sans avoir la même distance que celle de Ségou elle se positionne derrière elle en termes de modernité et de respect des standards. La route Bamako-Sikasso (RN7) a aussi été réhabilitée et mis dans un état acceptable avecle respect des normes. Long de ses 369,6 km, elle relie Bamako à Sikasso mais tout en continuant jusqu’à la frontière ivoirienne dans la ville de Zégoua. Ce qui la rallonge à près de 100 km de plus. Outre ces routes nationales, toutes les autres sont dans un état désastreux. Certaines ne sont même pas bitumées pourtant très stratégiques dans cette situation de crises qui sévissent le pays à l’instar d’une bonne partie de la RN6 reliant Bamako au Septentrion.

 Des promesses non tenues !

Parmi ses promesses de campagne, IBK avait réservé une bonne partie pour les infrastructures routières. Et lors de ses déplacements à l’intérieur comme à Kayes, il  avait  fait des promesses sur la revalorisation des infrastructures  routières et ferroviaire… Du vent !

Il n’a fallu que peu de temps avant que les populations ne fassent la différence entre les promesses démagogiques et  la réalité.  La RN1 reste toujours dans le même état que durant la campagne présidentielle de 2018. Et rien ne semble signaler que la situation changera vu que l’Etat avoue son incapacité financière à résoudre définitivement le  problème qui nécessite une  rénovation  Ce qui est loin d’être  la  priorité du régime actuel. Sur sa page Facebook le jeudi dernier, le ministère de l’équipement  annonce qu’il faudra au moins 350 milliards de FCFA pour refaire cette et que l’Etat ne dispose pas de ce moyen.

Sur d’autres sentiers comme les routes nationales reliant le reste du pays au Septentrion, la situation est plus que précaire. Ou il avait été annoncé en grande pompe la réhabilitation de la route Bourem-Kidal (RN6) depuis l’année dernière. Il a fallu attendre cette année pour que le conseil des ministres informe aussi dufinancement de ce projet s’élevant à 70 milliards de FCFA avec un fond l’Union Européenne. Ce qui prouve l’incapacité du régime à faire face aux besoins vitaux du pays sans ses innombrables aides extérieures qui ne sont jamais sans conséquences sur l’avenir du pays.

Le début des travaux de la réhabilitation de la route Sevaré-Gao avait aussi été aussi annoncé. C’était suite aux protestations du mouvement (SOS Nord-Mali) en mai dernier. Le ministère des infrastructures avait  informé du  démarrage du  projet dès que le financement aurait été acquis. Et jusque-là, les populations ne voyant rien continuent de vivre un véritable calvaire au quotidien sur cette voie.

Outre cette situation désastreuse au niveau des routes nationales, celle des grandes villes du pays est aussi dérisoires. Dans les régions, plus de 80% des routes ne sont pas bitumées. Les récentes mesures d’alternances de certaines voies routières de Bamako à des heures précises pour la fluidité de la circulation est une preuve de plus des problèmes d’infrastructures routières que connaissent même la capitale. Face à cette situation de plus en plus dégradante dans le secteur routier, c’est la population qui paye le prix fort.

Les conséquences de la dégradation des infrastructures routières sur la population sont considérables. Sur le plan économique, il pèse lourd dans la libre circulation des personnes et de leurs biens. La balance commerciale étant déficitaire (un déficit estimé à hauteur de 100 milliards en 2017 par la BCEAO), avec une domination nette des importations sur les exportations, la hausse des prix des denrées alimentaires, les difficultés de circulation à l’intérieur du pays etc. sont entre autres des problèmes qui répercutent sur lui. Sa mobilité est ralentie à l’intérieur du pays avec des liaisons difficiles entre les zones rurales et les villes urbaines. A cela s’ajoute l’insécurité de plus en plus grandissante sur les routes depuis le début des multiples crises.

C’est pour exiger un réel engament de l’Etat que des mouvements sociaux émergent dans plusieurs régions. Du mouvement ‘’SOS Nord-Mali’’ au ‘’Collectif Sirako de Kati’’ jusqu’au FARK de Kayes, les dernières semaines ont été alimentées  par plusieurs manifestations  organisées parles populations.

Ousmane Dembélé

L’Aube

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