À l’heure du numérique, il faut encore attendre au moins un mois pour connaître son sort à un examen au Mali. Une lenteur qui n’est pas sans conséquences sur le processus scolaire. Et pourtant, elle peut être belle et bien évitée.
C’est devenu presque une habitude au Mali d’attendre un mois avant de connaître son résultat à un examen ou un concours. Ceux du DEF 2019, tenu le 29 juillet dernier, en est déjà une parfaite illustration. Mais avons-nous besoin d’attendre pendant tout ce temps ? Pourquoi ce retard ? Ne peut-on pas diligenter les résultats surtout à une époque de la révolution numérique ? Quelles conséquences pour les candidats et l’école malienne ? Voilà quelques interrogations qui animent beaucoup de citoyens et qui nous ont poussés à rapprocher certains acteurs du système éducatif malien pour nous édifier de cette lenteur qui, à notre avis, doit être d’une autre époque.
Au cours de notre entretien avec les personnes rapprochées, les réponses sont presque les mêmes. Il nous revient maintes fois le manque de volonté des autorités scolaires, la caducité du système éducatif, le vouloir participer à tout le processus de l’organisation des examens afin de gagner les dus qui y sont.
Selon Sékou Bakayoko, enseignant dans l’académie de la rive gauche de Bamako, ce sont les acteurs principaux de l’organisation des examens qui sont la cause principale des retards des résultats. Parce qu’ils se permettent de participer du début jusqu’à la fin des processus des examens. A titre illustratif, les agents du CAP, ils choisissent les centres d’examen et les présidents desdits centres. Ce sont eux aussi qui s’occupent de l’anonymat des feuilles, de la correction, du secrétariat, etc. Pour M. Bakayoko, ces tâches peuvent être séparées pour la diligence du processus. Sans la langue dans la poche, M. Bakayoko dénonce que cette accumulation des tâches n’a d’autres intérêts que d’en bénéficier tous les dus du processus.
Soungalo Traoré, enseignant en formation de l’école normale supérieure de Bamako, spécialité Lettres, quant à lui, il estime que ce retard peut être dû à des facteurs tels que la rétention des notes, la grève des enseignants, et ou au calcul des notes généralement au secrétariat. À cela s’ajoute les mauvais correcteurs. Toute chose qui nécessite souvent une ré-correction avant d’insérer ces notes.
Aussi, notre interlocuteur doute de la maîtrise de l’informatique par ceux qui effectuent les calculs et proclament les résultats. « Je pense que nous sommes un peu en retard par rapport aux autres pays parce que les résultats doivent être logés dans des logiciels. Et, il faut une maîtrise parfaite de ces machines », nous confie-t-il. Avant de s’interroger : « Est-ce que ceux-là qui sont chargés savent les manier tel que nous le souhaitons ».
Il faut noter que ce retard n’est pas sans conséquences. Parlant des conséquences, M. Sékou Bakayoko d’affirmer qu’elles se sentent sur l’apparition des orientations. « Par exemple l’année passée, les orientations des admis au DEF sont sortis mi-octobre », a-t-il rappelé. Or, si on parvient à avoir tôt les résultats, l’élève se prépare psychologiquement pour son nouveau cycle, laisse-t-il entendre. Aussi, les autorités auront-elles le temps pour traiter et faire sortir les orientations. Par ailleurs, l’élève peut, s’il veut prendre des cours de vacances avant la rentrée.
Pour terminer, M. Bagayoko propose une réforme du système éducatif malien surtout la manière d’organisation des examens de l’éducation de base, le fondamental et le secondaire.
Soungalo Traoré aborde les conséquences dans la même dynamique que M. Bagayoko. Pour lui, le retard des résultats peut empêcher les candidats de bien profiter de leurs vacances s’ils les attendent pour ceux qui veulent voyager.
Traoré estime que les parents ne sont pas à l’abri des conséquences. A ses dires, ça peut provoquer une psychose chez les parents vivant dans l’impatience, tout comme leurs enfants.
Oumar SANOGO
source: le démocrate