La majorité des jeunes maliens sont désormais prêts à passer de vie à trépas dans des batailles politiciennes rangées. Sambou Sissoko attribue la cause au manque de repère de réussite juvénile qui nous sont servis dans notre société, depuis l’avènement de la démocratie en Mars 91. La politique est devenue pour les jeunes, la voie royale pour se faire une place au soleil vite fait et bien fait. De l’autre côté, tout est mis en œuvre pour ne pas les éloigner de la nasse des faiseurs de roi, donnant ainsi la bizarre appréhension de l’existence d’un plan machiavélique d’abrutissement délibéré de la jeunesse malienne par les politiques visant à la tenir perpétuellement par la laisse.
Malick Konate, dans ce pays, l’on s’interroge souvent, à juste titre, pourquoi les jeunes maliens se ruent vers la politique plutôt que de monter des projets d’entreprises afin de s’assurer des lendemains meilleurs ?
Eh bien ! À mon humble avis, la réponse elle est toute simple : c’est parce que presque tous les modèles de réussite juvénile qui nous sont servis dans notre société, depuis l’avènement de la démocratie en Mars 91, sont des jeunes politiciens. Il est désormais évident qu’au Mali,
la politique nourrit son homme. Elle est la voie royale pour se faire une place au soleil vite fait et bien fait. Un peu de Loyauté, d’Engagement et de Folie pour son mentor ou son parti politique, et le tour est joué. Vous avez une voiture ou une maison dans un quartier huppé de la capitale. Le rêve de tous les jeunes !
Alors, vous n’allez pas vous étonner de voir la majorité des jeunes maliens prêts à passer de vie à trépas dans des batailles politiciennes rangées. C’est leur gagne-pain. Il faut protéger sa chapelle politique coûte que coûte sans discernement. L’instinct de survie les y pousse !
Ils ne sont plus nombreux les jeunes qui font la politique par Foi et Conviction. Le souci de contribuer au bien-être de la communauté et à l’expression de la justice dans la cité, qui sont le ferment de l’action politique, sont de bien lointains souvenirs sous nos cieux. Se servir et non servir, tel est le leitmotiv !
À côté de cela, quand vous décidez d’entreprendre en tournant le dos à tous les soubresauts politiques, que de bobos. Il n’y a rien de moins évident ! Pour avoir un financement ou votre premier marché, que de misères. Malgré la fiabilité et la viabilité de votre projet, si vous n’avez pas de parrain politique, vous allez trimer longtemps. En fait, tout est mis en œuvre pour ne pas vous éloigner de la nasse des faiseurs de roi. C’est pourquoi nous avons la bizarre appréhension de l’existence d’un plan machiavélique d’abrutissement délibéré de la jeunesse malienne par les politiques visant à la tenir perpétuellement par la laisse. J’en veux pour preuve, la défaillance notoire de notre système d’éducation-formation qui semble marcher à reculons. Le but étant de briser les jeunes intellectuellement pour mieux les tenir aux besoins…
Sinon, comment comprendre que l’on encourage les jeunes à entreprendre sans leur présenter de vrais modèles de réussite dans le domaine des affaires ? Ceux qui sont chargés de galvaniser les jeunes à l’entrepreneuriat ont tous réussi dans la politique. Comme qui dirait : « Fais ce que je dis, mais ne fais pas ce que je fais ».
Le pire, c’est quand votre entreprise souscrit à un appel d’offres public. Vous déposez vos offres technique et financière. Mais après, rien. Silence radio. Vous ne savez même pas à quelle sauce vous avez été mangé. La vérité est que votre dossier de souscription a servi à camoufler une mascarade bien huilée… En fait, la quasi-totalité des ministres et DG sont des affairistes. Ils détiennent tous des sociétés-écrans vers lesquelles les marchés publics sont orientés. Ainsi, tous les petits souscripteurs ne sont que des faire-valoir participant, sans le savoir, à une mise en scène qui sert à justifier le formalisme des appels d’offres. Vous venez de vous faire niquer stratégiquement… !
Alors, comment voulez-vous que nous soyons des entrepreneurs performants au Mali si vous nous faites de la concurrence déloyale ? Donc, vous prenez le salaire de ministre, le salaire de député, le salaire de maire, l’argent de l’agriculteur, l’argent d’entrepreneur ? Cumul de postes et d’argent !
Pardon, il faut partager les fruits de la croissance avec le bas peuple… ! Le Président Donald TRUMP vous a donné un bel exemple de patriotisme en renonçant à son salaire annuel de 400 000 dollars. C’est pourquoi, quand la question du choix entre LE SUIVISME POLITICIEN ET L’AUDACE ENTREPRENEURIALE se pose, les jeunes ne se creusent plus la tête. La preuve sur les réseaux, ils sont plus motivés dans les débats portants sur des sujets politiques, les forums dédiés à la politique sont les plus animés…
Mais je voudrais clore cette réflexion sur une note d’espoir. Je voudrais dire aux jeunes entrepreneurs de ce pays et d’ailleurs de ne pas baisser les bras. Vous savez tous comme moi que les maîtres mots en matière d’entrepreneuriat sont LA FOI et LA PASSION. Croyez en ce que vous faites, et le succès viendra ! Ne cessez pas d’être ambitieux, car la fortune appartient aux audacieux !
Si vous avez quelques doutes au sujet de votre projet d’entreprise, n’hésitez pas à poser des questions. Car les questions sont les clés qui ouvrent les coffres du savoir.
Bon week-end !
Sambou Sissoko
source:info matin