La ville de Bamako connaît depuis quelques jours la circulation alternée. Une mesure diversement appréciée par les habitants.
La circulation alternée est appliquée depuis le 19 août 2019 sur certaines artères principales du district de Bamako. Elle vise à rendre plus fluide la circulation dans le district de Bamako, notamment à des heures de pointe et s’inscrit sur le court terme en attendant la mise en place de système performant de transports publics.
«Cette mesure est une stratégie de gestion du trafic dans une ville qui consiste à favoriser le sens de déplacement d’un fluide bien donné pendant un temps bien déterminé», a déclaré M. Sidibé, Directeur de la régulation et de la circulation des Transports urbains. Elle consiste, selon lui, à faciliter et favoriser le déplacement à l’intérieur de la ville pendant des heures de pointe (7h à 9h et de 16h à 19h).
Cette mesure est considérée comme une solution urgente qu’un groupe de réflexion a trouvée pour aplanir les difficultés de déplacement dans la ville de Bamako et, par conséquent, pour que les gens viennent au travail à temps et ne rentrent pas tard à la maison après des heures de service.
Elle découle des journées de réflexion sur la mobilité dans le District de Bamako et environs, tenue le 11 et 25 juillet 2019, sous la présidence d’Ibrahima Abdoul Ly, ministre des Transports et de la Mobilité urbaine.
Selon le directeur de la régulation de la circulation des transports urbains, c’est un acte administratif pris par les autorités que les uns et les autres se doivent de respecter. «Les contrevenants s’exposeront à des sanctions qui ne sont pas pour l’instant à l’ordre du jour», a-t-il précisé. Il faut d’abord procéder à une large sensibilisation de la population.
C’est pourquoi, il invite les forces de l’ordre déployées sur le terrain à informer, orienter et sensibiliser les usagers de la route. Il lance aussi un appel à la population à la compréhension et à la vigilance. Des panneaux de signalisation ont été à cet effet déployés le long des différentes artères.
Pour sa part, le chef de la CCR (Compagnie de la circulation routière), le commandant-major, Adama Coulibaly, estime que la circulation alternée est un déplacement pendulaire qui permet aux usagers de regagner à temps leurs lieux de travail, sans désagrément, le matin, et le soir, de rentrer tôt à domicile, sans embouteillage.
Selon lui, la mesure fait suite à des constats d’embouteillages à des pointes qui font que les gens ne viennent pas tôt à leurs lieux de travaux. «C’est un arrêté du maire du district donc un arrêté administratif qui prévoit des sanctions en cas de non-respect dans le futur. Mais, pour le moment, la répression n’est pas programmée, nous sommes en phase de sensibilisation, et nous voulons aller le plus loin avec cette sensibilisation. Si chacun comprend cet arrêté, il y aura moins d’incivisme», a-t-il expliqué.
La mesure est largement commentée par les Bamakois. Selon un motocycliste, la circulation alternée lui permet d’arriver tôt au travail et à l’heure le soir à la maison. Ce que n’admet pas Moucou Sanakoua, enseignant de son état, qui fustige la mesure. Il estime que la circulation alternée n’est pas nécessaire et ne permettra pas de résoudre le problème. «C’est de la foutaise», a-t-il indiqué. Moucou Sanakoua invite les autorités à élargir les routes.
Ce qui contraste avec les propos de Drissa Camara, chauffeur sur la route de Banconi, qui salue la mesure. Il suggère toutefois aux autorités de revoir les horaires du soir. Son collègue Lassina Diarra est du même avis. Il estime que «la mesure fait perdre beaucoup de clients. Ce qui joue beaucoup sur notre revenu journalier». Avant de faire remarquer qu’elle crée un autre embouteillage.
Un vieux syndicaliste à Banconi tient des propos beaucoup plus nuancés. «C’est une bonne chose car tout développement d’un pays commence par les infrastructures. Les routes sont étroites, les véhicules sont nombreux et le taux de natalité est élevé», justifie-t-il. Il reconnaît cependant que la mesure handicape beaucoup de chauffeurs de Sotrama. Il faut juste du temps pour comprendre, a-t-il conclu.
Il faut rappeler que la mesure a été mise en place par le ministère des Transports et de la Mobilité Urbaine en partenariat avec la mairie du District de Bamako. Quelques jours après sa mise en vigueur, la circulation alternée suscite de nombreuses réactions. Est-ce à dire qu’elle fera long feu ? Wait and see !
Fatim B. Tounkara
Micro trottoir
La circulation alternée à Bamako : des habitants se prononcent
Ibrahima Touré : 23 ans, agent commercial
«C’est une très belle initiative de la part du ministre»
«C’est une très belle initiative de la part du ministre. Elle a été instaurée pour réduire les accidents de la circulation et lutter contre les embouteillages. La population malienne doit aider le ministre pour valoriser ce système.»
Amadou Yanogue : 31 ans, Agent de sécurité
«Je félicite cette initiative»
«Cette mesure paraît une bonne chose pour soulager la population. Elle permet également de se déplacer en toute sécurité. Je félicite cette initiative, car c’est pour notre bien à tous. J’espère qu’avec ce système, il y aura moins d’accident.»
Ousmane Maïga : 24 ans à étudiant à la FSEG
«La mesure a rendu le trafic plus fluide»
«J’encourage le ministre des Transports et la mairie du district pour cette initiative, qui a rendu le trafic plus fluide ces derniers jours sur les routes principales de la ville.»
Mariam Maïga : 23 ans stagiaire à Save Children.
«Merci au ministre pour cette belle initiative»
«Cette nouvelle mesure a rendu la circulation un peu fluide et ça permet d’accéder rapidement au centre-ville. Donc disons merci au ministre pour cette belle initiative.»
Koumba Maïga : 23 ans, stagiaire au trésor national
«La circulation alternée pénalise ceux qui ne peuvent pas utiliser les transports»
«La circulation alternée pénalise ceux qui ne peuvent pas utiliser les transports en commun pour se rendre à leur travail. Donc au lieu d’appliquer ce système, le ministre doit prendre d’autres initiatives pour agrandir les routes et en construire d’autres.»
Moussa Konaté, Taximan à Sénou
«Cette nouvelle circulation alternée n’arrange pas nous les taximen»
«Cette nouvelle circulation alternée n’arrange pas nous les taximen parce que les gens ne vont pas au travail même moment. Je crois que le mieux serait de reconstruire les routes et d’autres ponts.»
Idrissa Aboubacar,Stagiaire
source: le wagadu