Partant d’une analyse faite sur le titre ci-dessus cité, venant du consultant, enseignant et connaisseur du Mali, tout court, nous devons nous rendre à l’évidence effectivement que l’accord dit d’Alger de 2015 est élaboré et signé sous la pression de la France, pour organiser l’autonomie de la région de Kidal, qui veut englober les régions de Tombouctou et Gao avec elle dans leur projet. Un certain nombre de faits et d’actes posés dans la réaction de l’accord d’Alger nous conduit à cette évidence. Le fait que les gouverneurs de région seraient élus au suffrage universel et disposeraient d’une force de police, d’un détachement de l’armée reconstituée et recomposée disposant en son sein de 80% de ressortissants de cette région constitue une autonomie de facto.
Dans les points essentiels introduits dans l’accord produit par la médiation, la CMA exige , pour les forces de sécurité et de défense, qu’elles comptent 80% de ressortissants de chaque région, y compris dans les postes de commandement, l’établissement de la liste des combattants, mais encore la détermination de leurs grades. L’essentiel est donc de faire la meilleure place aux rebelles dans l’armée nationale alors que le problème de fond devrait être de reconstituer une armée nationale digne de ce nom et capable de faire obstacle aux djihadistes qui infestent le Sahel. Dans quel autre pays sur la planète a-t-on vu cela ? La France a-t-elle procédé de cette façon pour résoudre le problème Corse ? Non !
Egalement dans l’accord d’Alger il est prévu que 40% des ressources de l’état et de l’aide extérieure soient attribuées annuellement à chaque région autonome du nord. Cela signifie, que la France a introduit une clause de culpabilité dans l’accord pour stigmatiser l’Etat dans lequel se trouve les régions du nord. En compensation, l’Etat doit se racheter afin de développer cette zone. Peut-on dire que Kidal depuis l’indépendance n’a pas bénéficié d’aides conséquentes de la part de l’Etat ? Alors que sont devenus, les nombreux milliards F CFA affectés au développement de cette zone depuis le régime du Président Modibo Keïta jusqu’à ATT. Nous ne citerons que ces 4 présidents, car celui en poste n’a pas fini d’enrichir ‘’Ma famille d’abord’’ à plus forte raison, s’occuper du peuple malien.
En réalité, la France, en mettant la pression sur IBK pour valider par signature l’accord d’Alger, savait qu’elle tenait notre président par l’affaire Tommy. IBK, paniqué, n’a pas voulu associer totalement le peuple à l’examen du projet d’accord élaboré. Il n’a associé que ceux qui étaient dans la logique du béni oui-oui, tels que les religieux, les membres du gouvernement, le regroupement politique favorable à la mal gouvernance du pays qui est ‘’Ensemble Pour le Mali EPM’’.
Quant à l’opposition Républicaine, elle a été la première à suggérer au président IBK d’organiser des concertations nationales pour définir ensemble ce que le peuple peut concéder et ce qu’il refusera. IBK n’a pas voulu aller dans ce sens, car il voyait en cela, une façon de lui retirer l’initiative des négociations d’Alger. Par la suite, l’opposition Républicaine n’a pas voulu se prononcer clairement sur la version finale de l’accord, quand bien même qu’elle avait fait treize pages d‘observations sur le contenu du préaccord. A la fin, elle a dit, qu’elle prenait acte de la signature de l’accord. Cette ambigüité de l’opposition s’explique par le fait qu’en se prononçant, contre la France qui est l’initiatrice de l’accord, elle n’allait pas lui permettre d’être élue président de la République en août 2018.
Concernant la composition de la délégation gouvernementale, elle a été faite de façon complaisante par un choix de cadres à la botte du président IBK, car ceux qui ont eu à conduire les négociations antérieures en 1992, notamment le Colonel Ousmane Coulibaly, le Général Brehima Coulibaly, le contrôleur général de Police, Diagouraka etc… les notables de Gao et Tombouctou de vrais connaisseurs de l’histoire du peuplement de cette zone ont été écartés parce qu’ils allaient certainement se dresser contre les clauses inadmissibles que la France voulait imposer à l’Etat fragile du Mali.
Finalement, IBK a volontairement envoyé uniquement des novices, qui ne connaissent rien du sujet à évoquer tel que son représentantspécial en la personne de l’ancien premier ministre Modibo Keïta. Lors des négociations à Alger,les représentants de l’Algérie ont fustigé le mutisme des membres de la délégation malienne par rapport à leur silence concernant le contenu du préaccord en élaboration. Il s’est trouvé que des consignes avaient été données par IBK de tout céder sauf l’intégrité territoriale, l’unité nationale, la forme républicaine et laïque de l’Etat, des notions trop vagues pour en faire des lignes rouges dans une telle négociation.
Au finish l’Algérie a eu la bride sur le cou. Le résultat a été d’imposer au peuple malien un accord inapplicable et de permettre aux groupes armés de revendiquer toujours plus de pouvoir hors de tout contrôle démocratique. Cette erreur de positionnement du Président IBK dans les négociations est due au fait qu’il a été démarcher et contraint au préalable par d’encombrants amis et médiateurs tel que l’ambassadeur de la France à l’époque et des envoyés du Quai d’Orsay afin de le guider dans l’intérêt de la France sans compter qu’il avait promis l’autonomisation des régions du nord avant l’élection de 2013.Il avait promis une large autonomie de la région de Kidal aux autorités socialistes. Ceci explique cela peut-être.
(à suivre dans le prochain numéro)
Siramakan KEITA
source:le carrefour