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Abdoul Niang, Activiste : “L’activisme au Mali est devenu un mercenariat”

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Crise au nord et au centre du pays, révision constitutionnelle, élection présidentielle 2018… La toile malienne n’a cessé d’être aminée ces dernières années par des activistes. Un moyen pour “changer les choses”, selon eux. Dans cette interview, Abdoul Niang, un des jeunes activistes maliens très suivi sur les réseaux sociaux, se prononce sur l’évolution actuelle du mouvement au Mali, sur l’activisme et la politique. Il s’explique aussi les motivations de leur rapprochement avec le régime en place.

Mali tribune : L’activisme représente quoi pour vous ?

Abdoul Niang :   C’est de lutter pour des causes dans différents domaines, venir sur le terrain politique, affronter l’Etat s’il le faut de façon directe et parfois avec la violence verbale sans impolitesse dans le respect de la dignité de chacun. C’est un instrument pour nous pour changer les choses.

Mali Tribune : On constate, depuis un moment, au virage de certains activistes maliens dans la politique. D’autres affichent ouvertement leur appartenance politique. Est-ce que l’activisme et la politique riment ensemble ?

A N.: Absolument. Quand tu t’engages pour la justice, la transparence des élections, la bonne gouvernance, l’emploi, le développement et la sécurité, tu es forcément sur le terrain politique et en face des acteurs politiques. Même si nous ne sommes pas des politiciens, ce que nous faisons est politique.

 Mali Tribune : Beaucoup pensent que les activistes au Mali sont de plus en plus manipulés par l’argent des hommes politiques ou le pouvoir en place. Partagez-vous cet avis ?

A N.: La plupart des activistes au Mali malheureusement, sont des mercenaires. Ils sont payés pour une mission bien déterminée. Ils s’exécutent. Pour preuve, des gens qui avaient dit qu’IBK était pire pour le Mali et juré d’empêcher la révision constitutionnelle au motif que l’insécurité est là, les mêmes personnes se trouvent aujourd’hui avec le président juste après l’élection. C’est quand même du mercenariat. Il en est de même pour certains qui viennent soutenir le régime pour des intérêts.

Mali Tribune : Vous faites l’exception ?

A N.: Il n’y a pas de deal entre nous et un homme politique ou le régime en place. J’étais porte-parole dans l’équipe de campagne d’IBK. Je n’ai pas reçu un seul sous pour battre campagne jusqu’à la fin du processus et j’ai mené la mission jusqu’au bout. Quand on a terminé, je n’ai pas été nommé, ni récompensé. Pour moi, c’était un devoir parce que le travail de président était menacé, l’Etat aussi dans son existence. Nous avons mis au défi quiconque avant les élections, le défi demeure encore, de venir sortir deux propos contradictoires qu’Abdoul Niang a déclarés sur un même sujet. Ça n’existe pas.

 Mali Tribune : Quand vous employez le pronom personnel “nous“, vous faites allusion à qui précisément ?

A N.: Je suis un leader avec des partisans et partenaires. Ils sont un peu partout au Mali et à travers le monde. Nous avons aussi notre association Faso ni dembé. Elle a été créée après l’élection présidentielle de 2018. L’association a remplacé le mouvement Révolution citoyenne parce que beaucoup considèrent le mot révolutioncomme des gens aigris et qui veulent renverser le pouvoir.

Mali tribune : Etant plus proche du pouvoir maintenant, est-ce que cet activisme dur et engagé énoncé n’est-il pas déjà cadré par les gouvernants ?

A N.: Nous avons affiché notre soutien au président IBK en 2018, c’est la suite du combat qu’on avait commencé depuis 2017.

Sous prétexte de lutter pour le respect des principes républicains, de la constitution, certains voulaient reverser l’Etat. En tant que partisans de la démocratie, de l’ordre social et de la paix nous nous sommes engagés corps et âme pour empêcher ce projet de subversion. Et c’était clair : ceux qui veulent avoir la magistrature suprême du pays qu’ils se préparent pour l’élection présidentielle, mais il n’était pas question de permettre à quelqu’un de renverser les institutions. Ça a créé un rapprochement entre nous et le pouvoir. On est entré dans la phase électorale avec ces réalités. Le camp de l’opposition s’est retrouvé avec son candidat et nous avec IBK.

Sinon on est plus dur avec le régime qu’avec quiconque. On ne soutient pas l’Etat en tout et en toute circonstance.

Par exemple, les problèmes au centre et au nord, nous ne voyons pas de raison de combattre l’Etat parce que c’est plus dû à des facteurs exogènes qu’endogènes. Ce sont les puissances extérieures qui influent sur ce problème. Un pays qui se bat contre le terrorisme, cherche à combattre et à affaiblir le régime dans cette circonstance c’est faire le jeu des terroristes et les aider consciemment ou inconsciemment. Par contre, sur le chapitre de la corruption on ne transige pas. Toute affaire concernant la corruption, nous sommes engagés on ne soutient pas l’Etat sur du faux.

 Mali Tribune : Vos dernières révélations ont porté sur quoi ?

A N.: C’est nombreux. Je peux citer les passeports maliens qu’on délivrait aux Syriens. On a dénoncé et fait des révélations avec des preuves à l’appui. Aussi, à Kayes, quand l’ancien gouverneur avait mis en prison 92 innocents injustement. Nous avons haussé le ton. Le gouverneur a été relevé et les 92 personnes toutes libérés les deux semaines qui ont suivi. Également quand le ministre des Infrastructures et de l’Equipement, Mme Traoré Zeïnabou Diop, a récemment tenu deux langages différents à propos des travaux de la route de Kati. Nous avons dénoncé et nous sommes en train de demander sa démission.

 Recueillis par Kadiatou Mouyi Doumbia

SourceMali Tribune

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