Les services des impôts de la capitale sont en ébullition. Depuis une semaine, et pour cause : la décision jugée «illégale et illégitime» du Directeur général des Impôts, Mathias Konaté, de suspendre de leurs fonctions deux cadres du Centre II des Impôts et le directeur des impôts du district (DID), qui est un directeur régional, nommé le 25 mars dernier en remplacement de l’actuel directeur général adjoint (DGA) des Impôts.
Alors, des questions fusent de partout, surtout dans le milieu de l’administration fiscale. Qui en veut au Directeur des impôts du District de Bamako (DID),qui a été suspendu? Qui veut lui faire porter le chapeau qui n’est pas le sien ?
Dans l’administration fiscale,l’on ne s’en cache plus, le Directeur général des Impôts et son adjoint voient en le DID, qu’ils ont suspendu injustement, un potentiel prétendant à des postes supérieurs. Des collègues et anciens agents ayant travaillé avec le DID suspendu soutiennent qu’il est un cadre intègre et travailleur.
Les chiffres sont davantage éloquents et vérifiables. En seulement cinq mois d’exercice, à la tête de la Direction des Impôts du District, le DID suspendu a réalisé les prouesses suivantes. En 2018, fin août, la direction des impôts du district, sous l’ère de l’actuel DGA des Impôts, Oumar Billal, pour lequel, nous avons un grand respect, a réalisé, sur une prévision de 73 milliards, un montant de 34 milliards soit un taux annuel de 46%.
Avec la nomination du DID, suspendu le 25 mars 2019, à la même période, sur une prévision de 77 milliards, il a obtenu 44 milliards soit un taux annuel de 57%. Avant sa nomination, le DID suspendu fut le chef du centre de la commune IV, de 2015 à mars de cette année. Où il a engrangé des résultats à la hauteur des attentes des plus hautes autorités des Services des Impôts.
Fait notoire : en 2018, le Centre IV fut la seule structure de la Direction des Impôts du District qui a atteint son objectif de recettes. Selon des sources bien introduites dans le milieu des Impôts, cet exploit a milité en faveur de sa promotion-nomination au poste de Directeur des Impôts du District (DID).
Et il y a plus important. De nombreux collègues de l’homme suspendu reconnaissent en lui un cadre dévoué à la tâche qui cherche à tout moment de booster les recettes des centres dont il a la responsabilité.
Selon nos investigations, l’actuel DGI et son adjoint craignent les réformes exigées par les bailleurs de fonds qui doivent aboutir à la dissolution de la Direction des moyennes entreprises (DME) et sa scission en deux Centres des Impôts des moyennes entreprises (CIME).
Lesquels seront rattachés à la Direction des Impôts du District (DID). Ce qui renforcera de toute évidence les domaines de compétences de la Direction des Impôts du District. Toute chose qui importune l’actuel DGI et son adjoint qui entendent pouvoir gérer comme bon leur semble.
En d’autres termes, il s’agit d’une guerre de positionnement qui ne dit pas son nom dont le seul but pour Mathias et son adjoint est de placer un de leurs protégés à la tête de la DID, afin de les servir à volonté au détriment des recettes dont le gouvernement a tant besoin.
Le nom d’un syndicaliste, bien vu dans les services des impôts, est cité dans le complot contre le directeur des impôts du district. D’où le peu d’entrain du syndicat des impôts à s’impliquer dans le dénouement heureux de la situation.
Désormais, tous les regards sont tournés vers les plus hautes autorités du pays qui sont soucieuses de l’amélioration des recettes fiscales. Lesquelles savent déjà que, dans notre pays, les travailleurs honnêtes et intègres ont toujours eu des difficultés de collaboration soit avec leurs collaborateurs immédiats, soit avec leurs chefs hiérarchiques.
Oumar Traoré
Nouvelle Libération