Depuis plus de 20 ans, les routes se dégradent au nord de notre pays, du moins, pour les zones qui en disposent. À des endroits, on en réclame en vain. Le septentrion est tous les jours un peu plus isolé du reste du Mali, mais ça n’émeut personne !
Que de promesses creuses ! Il a fallu, cependant, que des jeunes, ici, au sud, manifestent quelques jours, posent des barricades, pour que la Nation entière se mobilise, à commencer par le président de la République en personne. Réunions, communiqués, promesses, engagements, on aura tout vu et tout entendu dans le cadre de l’opération de dissuasion des jeunes de Kati et Kayes (dont nous avons soutenu l’initiative).
Il a même été demandé à une entreprise de «plier bagages» de Tombouctou et d’arrêter les travaux en cours dans cette région pour «venir s’occuper» de Kati-Djidjeni. Il s’agissait, à travers cette décision, de «prouver aux populations sur cet axe, que le gouvernement pense à eux». C’est du moins ce qu’a cru bon annoncer le gouvernement.
Comment peut-on prendre une telle décision dès qu’il s’agit d’un même peuple, des populations d’un même pays ? C’est la question que se posent, désormais, nos parents du nord, convaincus, de plus en plus, chaque jour un peu plus, que l’Etat ne se soucie pas assez suffisamment de leurs conditions de vie, pour ne pas dire qu’il s’en moque éperdument. Comment peut-on expliquer la disproportion de solutions et réactions aux questions quand il s’agit du nord ou qu’il s’agisse du sud ?
Ce qui est sûr, autant les préoccupations sont pressantes au nord, autant elles le sont au sud, et doivent exiger du gouvernement un comportement juste, équitable et responsable. Sinon, peut-on dire, la partie septentrionale est plus besogneuse que celle du sud.
Pour preuve, aujourd’hui, sur le tronçon Sévaré-Gao, ce n’est plus des nids de poule dont il s’agit, mais d’inexistence même de route. Pour faire Bamako-Gao, les populations sont obligées de passer par le Burkina-Faso et le Niger.
Moussa Touré
Source: Nouvelle Libération