Cette fois-ci, c’est au bigophone que s’est déroulé l’entretien avec le président de la Rue publique. A Yokohama, au Japon où, il prenait part à la7e conférence du TICAD, aux côtés de ses homologues africains, le Chef de l’Etat a bien voulu répondre à nos questions. Entretien. Sans concession.
Mr le président, les mauvaises langues racontent que vous et votre délégation se seraient rendus à Yokohama, au japon, à bord d’un avion de location. Vrai ou faux ?
Qui vous a raconté ces fadaises ?
C’est ce que disent les langues fourchues de la capitale
Il faut avoir la langue pendante pour raconter de telles sornettes. Tout cela, pour chauffer à blanc l’opinion publique en colère contre moi, après que j’ai déclaré dans les colonnes de Jeune Afrique que les deux hélicoptères Puma, nouvellement, achetés « sont cloués au sol faute d’entretien ».
Quand les Maliens apprendront que même le président de la Rue publique s’est rendu au Japon en faisant de « l’avion-stop », leur colère montera d’un cran à mon égard.
Voilà pourquoi ces « Hassidi chlorhydriques » (égoïstes chlorhydriques) inventent, chaque jour que Dieu fait, des histoires à dormir debout.
Mr le président, vous et votre délégation se seraient rendus à Yokohama, au Japon, à bord du Boeing présidentiel ou à bord d’un avion loué par la présidence de la Rue publique ?
Moi et ma délégation, nous nous sommes rendus à Yokohama par avion, et non à dos de chameau.
Quel avion ? Le vôtre ou un autre ?
Je n’en sais rien ! Moi, j’ai fait des études en Histoire, en Relations internationales et en Sciences politiques à la Sorbonne où, j’ai fini par enseigner après un passage au CNRS de Paris.
Je ne suis pas spécialiste des avions. Comment saurais-je, donc, si c’est l’avion présidentiel ou un avion loué ?
Vous voulez nous faire croire, Mr le président, que vous ne faites pas la différence entre le Boeing présidentiel et un autre avion ?
J’ai remarqué que l’avion à bord duquel je me suis rendu à Yokohama n’a pas le même décor intérieur que celui du Boeing présidentiel.
Donc, vous êtes d’accord avec nous que vous et votre délégation s’étaient rendus au Japon à bord d’un avion, qui n’était pas le Boeing présidentiel ?
Même si cela est vrai, ça fait quoi ?
Alors, où est donc passé le Boeing présidentiel ?
Il est en maintenance.
Où ?
Je ne vous le dirais pas !
Donc, vous convenez avec nous, Mr le président, que le Boeing présidentiel est cloué au sol, faute d’entretien…
Je vous arrête tout de suite. Le Boeing présidentiel n’est pas cloué au sol, faute de maintenance ; mais au sol pour entretien. Nuance ! Un avion, c’est comme une voiture. Après le parcours d’un certain kilométrage, vous l’amenez à la station d’essence pour la vidange. Voilà tout. C’est différent du cas des deux hélicoptères Puma, qui ne pourraient même plus voler.
Pourquoi ne pas l’avoir dit tout de suite ?
Parce que je vous connais, vous, les Maliens. Vous vous mêlez, toujours, des affaires qui ne vous regardent pas. Que le Boeing présidentiel soit en Europe pour entretien, ou à Koutiala pour transporter la récolte de manioc de mon champ, où est le problème ?
Mr le président, les Maliens ont le droit de savoir
D’accord, mais pas le droit de tout savoir sur tout !
Combien coûtera l’entretien du Boeing présidentiel ?
Je ne vous le dirais pas !
Les Maliens ont le droit de tout savoir et sur tout, Mr le président.
Pas le coût de l’entretien de mon Boeing !
Mr le président, qu’est-ce qui était au menu à Yokohama ?
Beh… des cuisses de grenouille, des gésiers de salamandre, des foies de moustique marinés avec des feuilles de haricot… Bref de la cuisine raffinée, comme disent les Japonais, mais qui a donné un haut le cœur à la plupart des Africains.
Avez-vous consommé ces cuisses de grenouille et foies de moustique ?
Astagafouroullah ? Dieu m’en garde. Mais j’en connais qui se sont régalés, mais qui ont fini par élire domicile là où vous imaginez.
Vous voulez dire dans les toilettes ?
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Alors, bonne journée !
Propos recueillis par Le Mollah Omar
Canard Déchaîné