Le “scepticisme” est grandissant parmi les donateurs censés débloquer des milliards de dollars pour aider le Liban conformément aux engagements de la conférence internationale CEDRE de Paris en 2018, a prévenu jeudi un responsable du suivi de cette conférence.
En contrepartie de promesses de prêts et de dons à hauteur de 11,6 milliards de dollars, Beyrouth s’était engagé à procéder à des réformes structurelles et à des coupes budgétaires lors de cette conférence internationale baptisée CEDRE, parrainée par Paris
Ces dernières années, l’économie libanaise a connu une nette dégradation, avec une croissance d’à peine 0,2% en 2018 selon le Fonds monétaire international (FMI)
“Je n’ai pas vu de donateurs (…) me disant +nous avons décidé d’arrêter nos promesses de financements au Liban+”, a dit jeudi le diplomate français Pierre Duquesne, chargé par Paris de la mise en œuvre de la conférence CEDRE.
“Il est vrai que leur scepticisme s’est plutôt accru ces dernières semaines, ces derniers mois. Mais ils restent prêts à aider, pour peu qu’effectivement les choses avancent bien côté libanais”, a-t-il toutefois ajouté, lors d’une conférence de presse clôturant une visite de plusieurs jours dans le pays.
“C’est un fait que les versements promis lors de la conférence CEDRE n’ont pas commencé”, a-t-il encore souligné, rappelant le délai de plus de huit mois pris dans la formation du premier gouvernement post-CEDRE ayant retardé l’exécution des réformes promises par Beyrouth.
Le Parlement a adopté en juillet un budget d’austérité pour 2019 en vue de réduire le déficit chronique de l’Etat. La dette publique du Liban a atteint environ 86 milliards de dollars, soit plus de 150% du PIB.
Lundi, à l’issue d’une réunion avec tous les chefs des partis politiques, le Premier ministre Saad Hariri a fait état d'”un état d’urgence économique”.
Il a souligné “la nécessité de maintenir la stabilité du taux de change de la livre libanaise” face au dollar.
“C’est certain qu’il y a une grande urgence, et de cela tout le monde est convaincu”, a commenté Pierre Duquesne.
Pour “réduire le déficit budgétaire”, “l’essentiel de l’effort doit porter sur les dépenses”, a-t-il jugé, réclamant également “des mesures d’augmentation des impôts”.
En août, l’agence de notation Standard and Poor’s a averti qu’elle pourrait baisser la note souveraine du Liban dans les six à 12 mois à venir, “si les dépôts bancaires et les réserves de change de la Banque du Liban (Banque centrale, NDLR) continuent à baisser”.