Décidemment, la politique malienne n’a pas fini de livrer tous ses secrets en termes de transhumance et d’incohérences, voire de versatilité, des hommes politiques. Les dissidents du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) étaient en atelier de réflexion sur les termes de référence du dialogue politique inclusif, le samedi 31 Août 2019.L’occasion était tout trouvée pour TiébiléDramé et ses camarades pour justifier leur entrée dans le gouvernement de Boubou Cissé, mais aussi pour lancer un appel à ceux qui refusent d’y adhérer. Comme si cela ne suffisait pas, M. Dramé et ses amis ont même revendiqué la paternité du FSD en ajoutant SAP, Signataire de l’Accord Politique ; et se considèrent toujours comme étant de l’Opposition.
TiébiléDramé, Oumar HmadounDicko, Djibril Tall et compagnie pourraient à la limite revendiquer la paternité du FSD pour avoir été membres fondateurs de ce Mouvement, créé au lendemain de la Présidentielle pour des revendications politiques, mais vouloir s’affirmer dans l’Opposition relève du ridicule politique et de l’incohérence dans les idées. A partir du moment où on rentre dans le gouvernement, on perd automatiquement le statut d’opposant. Pour rappel, on désigne par opposition, les partis politiques ou les mouvements n’appartenant pas à la majorité parlementaire et donc s’y opposant. L’Opposition doit constituer un contre pouvoir pour éviter que la majorité, une fois au pouvoir, n’ait la tentation de mener une politique portant atteinte aux droits et libertés. Donc, Tiébilé et ses camarades ne peuvent pas se prévaloir de ce statut. Mieux, ce Front a été créé pour soutenir un homme qui est Soumaila Cissé, arrivé deuxième lors de la Présidentielle de 2018 et par souci de cohérence, il a été nommé Président du FSD. Comment pourrait-on revendiquer la paternité d’une organisation alors que celui autour duquel elle a été créée est toujours actif ? Première incohérence.
Ensuite, c’est en donneur de leçon que le leader du PARENA s’érige désormais. Il demanda à cette occasion, à ses anciens camarades du FSD de ne pas rater ce rendez-vous historique qu’est le dialogue politique inclusif. Qu’il trouve être un cadre idoine pour discuter de tous les problèmes auxquels le Mali est confronté. Et pourtant, le Président IBK n’était pas à sa première main tendue vis-à-vis de l’Opposition. Pourquoi c’est seulement maintenant que TiébiléDramé et ses camarades acceptent sachant bien que les mêmes causes qui ont été à la base du refus d’ANTE A BANA demeurent toujours ? IBK a été, on ne peut plus clair, le dialogue politique inclusif ne sera pas un troisième tour de la présidentielle. Quelle garantie ont les dissidents du FSD pour demander à leurs anciens camarades d’y aller ? Ne sont-ils pas en train de donner raison au Président de l’APCAM, Bakary Togola qui a officiellement et solennellement demandé à IBK de donner quelque chose à l’Opposition qui a faim ?
En rentrant dans le gouvernement Boubou Cissé sur la base de cet accord dit de gouvernance politique, TiébiléDramé et ses camarades auraient envoyé deux messages forts à l’opinion. C’est d’abord que l’homme politique ne se bat que pour ses intérêts et ensuite que la conviction n’est pas une vertu en politique.Par leurs actes, ils ont fini par accréditer la thèse selon laquelle que la politique en Afrique n’est que mensonge, versatilité et incohérence.
Youssouf Sissoko
Inf@Sept