Décidément, IBK, ne changera pas d’un iota emmuré dans sa citadelle de mensonges et de déni qu’il a bâti autour de lui.
D’abord, le style qu’il affectionne est tellement proche de celui de François Mitterand quand il parle, on dirait qu’il chuchote faisant preuve d’un homme raffiné et courtois, bien cultivé qui répond souvent aux critiques de ses adversaires avec humour et sourire. La copie ne vaut jamais l’original. Malgré les tentatives de Salif Sanogo, pour le titiller sur des sujets d’actualité pointue comme le problème des routes, les massacres du centre, l’enclave de Kidal, les hélicoptères cloués au sol, il va botter en touche en relativisant les problèmes ou les réduisant comme des épisodes qui ne lui font pas peur. Il avoue qu’il garde une sérénité à toute épreuve et de la hauteur où il se trouve comme un drône, il regarde toute cette agitation des sociétés civiles, les gribouillages des réseaux sociaux comme une tempête dans un verre d’eau qui ne peut pas interrompre le cours du fleuve tranquille de son second mandat. Il dit avec assurance qu’il connaît le microcosme politique malien qu’il a pratiqué plus de 25 ans, dont certains ont la culotte trouée pour pouvoir monter sur l’arbre de la démocratie et de la bonne gouvernance. Celui-ci a dû se reconnaître car la veille, il parle de saisir le parlement pour constituer une commission d’enquête sur les malversations qui entourent l’achat de 2 hélicoptères cloués au sol, car c’est lui-même qui en a fait la révélation à Jeune Afrique. Maintenant, il essaye d’éteindre cet incendie en disant de faire attention de ne pas donner de l’ampleur à cela car il a déjà pris les mesures correctives nécessaires.
J’ai eu l’impression qu’il n’a pas les pieds sur terre. Il vogue sur un nuage artificiel que la hauteur de Koulouba provoque quand on y séjourne longtemps. Il pense que rien ne peut l’atteindre comme son prédécesseur qui a pourtant été contraint de dévaler la pente raide de cette colline. Il faut se méfier de l’étourdissement que provoque l’altitude.
Pour sa gouverne, je le préviens que tout va mal et qu’il est assis sur une poudrière en continuant son incantation inaudible et que personne n’écoute. Aucun secteur ne se porte bien. Je vais citer l’insécurité provoquée par les djihado-rebelles où l’administration s’est repliée dans les chefs lieu de région abondonnant les 3/4 de notre territoire où les bandes armées font la loi sur les populations qui ont fini par les adopter. Elles profitent d’une liberté relative qui les met à l’abri de la mauvaise gouvernance des fonctionnaires raquetteurs que sont le collecteur d’impôt, les préfets et sous préfets, les douaniers, les gendarmes, les agents des Eaux et forêts, les juges etc.. Ils ont plutôt besoin d’infirmiers et d’enseignants.
Il y a l’insécurité entre les villes où les coupeurs de route dépouillent les voyageurs. Les bus de transports sautent sur les mines en tuant leurs passagers. Les convois militaires tombent dans des embuscades lors de leur déplacement. La guerre larvée entre peuls et dogons donzos continue toujours malgré une relative accalmie. Les routes reliant les villes comme Kayes, porte d’entrée de nos marchandises, comme Sevare-Gao, comme Ngouma koura Tombouctou ont coupé le centre du pays au reste du pays. Les populations de Gao passent par le Niger et le Burkina pour se rendre à Bamako. Le Mali se réduit aux régions de Sikasso et les sud des régions de Koulikoro et Ségou et Kayes. Le trésor public est à sec à cause de la gabegie mettant à l’arrêt tous les secteurs de l’économie et les chantiers routiers en cours d’exécution.
Au lieu de réduire le train de vie de l’Etat, le Ministre des Finances se lance dans les opérations de levée de fonds sur le marché financier régional pour alourdir notre endettement en pensant enrayer la tension de trésorerie. Seul le secteur minier de l’or est florissant avec une production record et un cours très favorable. Le Mali tient grâce à cette mamelle qui pouvait faire mieux si on ne favorise pas une évasion fiscale par un code minier très libéral de 1991 dont la majorité des mines se prévalent grâce à la clause de stabilité fiscale de 30 ans que vous venez de dimunier à 10 ans la semaine dernière seulement. Ces mines ont une durée maximale de 10 à 20 ans. C’est dire qu’on est plus proche de leur épuisement alors que ces recettes exceptionnelles n’ont servi qu’à nourrir un train de vie d’un État exsangue. L’école va très mal. Les hôpitaux publics battent de l’aile. L’armée renforce son effectif et refuse de se battre pour un président bourgeois confortablement calé dans son palais indifférent à leur sort malgré ses incantations démagogiques. Il ne trompe que lui-même. Notre religion est faite quant à sa personnalité superficielle et bornée qui voit la vie en rose comme la rosée qu’il biberonne. Il a de l’audace en disant que le Mali avance, alors que ce pays sombre. Il a du culot en disant que rien ne lui fait peur alors que la jeunesse gémit et ne voit aucune perspective que de s’enrôler chez les djihadistes pour 100.000 Fcfa. Qu’est-ce qui nous reste à faire pour montrer notre mécontentement de sa façon de gouverner s’il dit “circuler, tout va bien”? Il a atteint un seuil de cécité qu’il ne donne plus à espérer. Un peuple se nourrit d’espoir et a besoin de voir le bout du tunnel quand il traverse une zone de turbulence. Mais, le Mali continue sa descente inexorable. Je termine ici.”
L’Agora