Les révélations continuent sur les acteurs probables de l’assassinat du président burkinabè Thomas Sankara. Cette fois-ci, c’est Goukouni Weddeye, ancien président tchadien, qui dit soupçonner une main libyenne.
Mouammar Khadafi, le guide libyen, aurait-il un lien avec l’assassinat du président Thomas Sankara ? Goukouni Weddeye, ancien chef d’Etat tchadien, affirme avoir des soupçons. “Certains disent que c’est celui d’Abidjan, le vieux Houphouët, d’autres disent que c’est François Mitterrand etc… Mais je crois que la Libye n’est pas loin“, dit-il dans une interview sur RFI.
Khadafi ?
L’homme politique tchadien, aujourd’hui âgé de 75 ans, révèle que six jours avant l’assassinat du père de la révolution burkinabè, l’ancien président Blaise Compaoré, alors bras droit de Thomas Sankara, aurait rencontré une délégation libyenne à Ouagadougou. Goukouni Weddeye informe qu’il était dans la capitale burkinabè pour prendre part à une rencontre de conciliation initiée par le président burkinabè entre lui et son rival Acheikh Ibn Oumar. La délégation libyenne était alors dirigée par Mahamat Ali Chaffardine.
Des affirmations qui tombent comme un pavé dans la mare et qui étonnent car Thomas Sankara et Mouammar Khadafi étaient réputés partager un certain nombre de convictions communes. Mais de l’avis de l’ancien président tchadien, la réconciliation que tentait Thomas Sankara entre lui et Acheikh Ibn Oumar, les têtes de la rébellion tchadienne, ne servait pas les intérêts libyens.
“Kadhafi n’a rien à voir dans l’assassinat de Thomas Sankara”
“Pourquoi ils ont tenté le coup d’État à Ndjamena contre moi [en octobre 1981] ?, dit-il. Pourtant, j’étais en de bons termes avec les Libyens. Dans la mentalité du colonel Kadhafi, ou tu étais avec lui à 100% ou tu ne l’étais pas. Il n’y avait pas 36 solutions dans cette positon“.
Dans tous les cas, Goukouni Weddeye dit avoir des soupçons sur l’implication libyenne. “Pourquoi Compaoré a demandé :’où est la délégation libyenne ?’ Je lui ai montré. Il est parti la rencontrer, 5 jours après, il y a eu la mort. Ou bien Compaoré est parti informer ces délégués libyens de ses intentions ou bien ces délégués avaient quelque chose. Ils ont travaillé ensemble. Ce n’est pas pour rien. Je ne suis pas certain, mais je devine qu’il y a quelque chose, ce sont des soupçons bien sûr”, commente-t-il.
Mais du côté libyen, ces soupçons ne rencontrent pas de piste encourageante. L’ancien ambassadeur de Libye au Burkina Faso, Mohamed Al-Madani Al-Azhari, selon RFI, a affirmé que la mort de Thomas Sankara n’a « jamais » été évoquée entre Blaise Compaoré et Mouhammar Khadafi et « Kadhafi n’a rien à voir dans l’assassinat de Thomas Sankara ».
“C’était le 9, le 15 j’ai appris sa mort”
Dans l’interview de RFI, l’ancien président tchadien a aussi fait des confidences qui laissent sous-entendre que le président Thomas Sankara avait déjà des soupçons sur le coup d’Etat qui allait l’emporter le 15 octobre 1987. Il raconte en effet qu’après une réunion de conciliation entre Acheikh Ibn Oumar et lui, le président burkinabè, en le raccompagnant, a tenu des propos qui l’ont intrigué.
“En sortant, dit-il, Sankara me tenait par le bras, et on devançait les autres. Sankara dit : ‘si quelqu’un prend cet endroit le coup d’État est réussi‘. (…) En dessous, il y avait un bâtiment. Fait de quoi ? Je ne sais pas. Il m’a montré ce bâtiment pour me dire : ‘si quelqu’un prend ça, le coup d’État est réussi’. Je ne comprenais pas ce qu’il disait. Je n’ ai pas posé la question et, juste après, on s’est salué, je suis parti directement à l’aéroport. C’était le 9, le 15 j’ai appris sa mort”.
Burkina24