Les activités de la Coordination des Mouvements, associations et sympathisants de l’Iman Mahmoud Dicko (CMAS) ont été officiellement lancées le samedi 7 septembre 2019 au Palais de la culture Amadou Hampâté Bâ qui n’a pas refusé du monde comme l’aurait sans sans espéré les partisans de l’ex président du Haut conseil islamique du Mali (HCI-Mali). Et contrairement aux analyses, le leader religieux se positionne beaucoup plus en apôtre de la paix qu’en potentiel candidat pour la présidentielle de 2023.
«Je ne serai pas candidat ! Que les détracteurs se mettent à l’aise…» ! Cette déclaration de l’Imam Mahmoud Dicko a surpris plus d’un analyste politique. En effet beaucoup d’observateurs voyaient en la création de la CMAS un tremplin pour la candidature du leader religieux à la présidentielle de 2023.
Une perspective qui ne réjouissait pas grand monde car faisant craindre le glissement définitif de la religion dans l’arène politique. Une dérive anticonstitutionnelle que la Cour constitutionnelle avait cru bon de rappeler dans un communiqué publié le vendredi 6 septembre 2019.
«J’ai tout entendu : les masques sont tombés, il veut être président, il veut être faiseur de roi… Mais, ils se trompent. Je veux la paix pour ce pays», a assuré l’imam Dicko. N’empêche qu’il est aussi déterminé à ne pas faire de cadeaux aux acteurs politiques qui se dresseront sur son chemin dans cette mission de pacification du Mali.
«Il y a des hommes et des femmes qui se sont battus dignement pour cette démocratie. Mais, il y a aussi des vendeurs d’illusions… Nous n’avons pas de problème avec ce que vous dites, nous avons un problème de gouvernance», a-t-il martelé. Une pique à peine voilée à l’intention de son ex-ami devenu sa principale cible à abattre : Ibrahim Boubacar Kéita et son régime.
Ce qui n’est pas une première car, ces dernières années, l’Iman s’est attaqué ouvertement aux autorités politiques et administratives du pays pour leur mauvaise gestion de la République à chacune de ses sorties très médiatisées. Et à travers ce régime fantomatique d’IBK, l’ancien président du HCI-Mali fait le procès de toute l’ère démocratique. «Ce sont les acteurs du 26 mars qui ont détourné les idéaux de la démocratie au Mali…», a-t-il dénoncé sans ambages.
Certes l’imam n’a pas d’ambition présidentielle pour le moment. Mais, il faut compter sur son mouvement pour dénoncer les tares de notre démocratie ; pour contribuer à moraliser la vie politique voire endiguer la décadence morale de la société malienne… «La CMAS sera un mouvement politico-religieux qui incarnera l’espoir et le changement avec l’accompagnement de leur parrain, le très respecté iman Dicko», a martelé M. Issa N’Djim, le Coordinateur général de l’organisation.
A travers la CMAS, le leader religieux veut creuser son sillon sur le terrain de la paix et de la réconciliation nationale. Un processus dans lequel il avait fait ses preuves à travers une «Commission de bons offices» instituée par Abdoulaye Idrissa Maïga alors Premier ministre. Un choix qui était loin d’être hasardeux puisque l’homme avait joué un rôle important dans la libération des otages de la «bataille de Kidal» en 2016.
«Suite aux événements de Kidal, nous avons fait libérer 160 soldats maliens, mais nous n’avons pas reçu la moindre lettre de remerciement de la part de notre gouvernement. De surcroît, mon envoyé spécial M. Siby a été détenu pendant 48h dans un lieu secret à Bamako à son retour avec les soldats libérés. Au lieu de lui décerner une médaille, on le met en prison. Il a fallu mon intervention pour qu’on le libère. C’est pourtant lui qui avait mobilisé les frais de transport de ces soldats libérés. On est dans quel pays ?», a détoné l’iman Dicko prenant l’assistance à témoin.
C’est sans doute tout cela qui a provoqué la rupture des alliés de 2013 (IBK et Mahmoud Dicko) devenus ces dernières années des ennemis jurés. Le discours tenu par l’imam et ses partisans samedi dernier (7 septembre 2019) à l’occasion du lancement officiel des activités de la CMAS ne plaident pas (malheureusement pour le camp présidentiel) pour un rapprochement rapide dans les prochains jours.
Mais, nous sommes en politique. Et dans l’arène politique malienne, les lignes bougent rapidement car elles sont plus liées à des intérêts personnels qu’à de vraies convictions !
Moussa Bolly
Le Matin