Suite à l’annulation de la 38e session de Comité de suivi de l’Accord (CSA), initialement prévue pour le mardi 16 septembre 2019, à Kidal, les responsables de la CMA ont animé, ce samedi 21 septembre 2019, une conférence de presse dans un hôtel de la place au cours de laquelle son porte-parole, Mossa Ag ATTAHER, a dénoncé une décision unilatérale du Gouvernement qui viole, à son avis, les dispositions de l’Accord pour la paix.
Pour lui les arguments avancés par le Chef de la diplomatie, Tiébilé DRAME, devant la communauté des ambassadeurs sont des explications qui ne tiennent pas ; insuffisantes et complètement erronées. Pire, ils sont jugés ‘’dangereux pour la confiance entre les acteurs’’.
Selon lui, toutes les dispositions avaient été prises pour le bon déroulement de cette session à Kidal.
Mossa Ag ATTAHER a exprimé la déception de la CMA face ce report inattendu. «Disons-le clairement, l’annulation de ce CSA nous a sérieusement déçu», a-il déploré. «Dire que, parce qu’il y a des risques de manifestations on ne tient pas une réunion à Kidal, c’est comme dire parce qu’il y a une manifestation sur le boulevard de l’indépendance on ne tiendrait pas un Conseil des ministres», a-t-il ironisé.
Il a indiqué que cette rencontre avec la presse avait pour objectif d’édifier suffisamment sur cette situation. A travers cette sortie médiatique, il s’agissait pour lui de donner la version officielle de la CMA sur la réalité des événements.
Selon lui, après 4 ans de tergiversation, l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger était arrivé à un point extrêmement important pour ce qui est de sa mise en œuvre. Et que, quand on est à ce stade, tout devient sensible ; particulièrement, la confiance entre les acteurs, le respect des engagements, et l’accélération des engagements pris par les parties.
Pour ce qui est de la CMA, après l’annulation de ce CSA à Kidal, elle exige la tenue d’une réunion d’urgence dans un lieu neutre pour faire le point de la situation, et procéder à la révision de la gouvernance de l’Accord. Aussi, cette réunion d’urgence doit se tenir avant toute autre étape dans sa participation aux différents organes de mise en œuvre de l’Accord. «Nous refusons l’idée qui a voulu qu’un autre CSA se tienne immédiatement après l’annulation à Kidal à Bamako» a-t-il dit. «On ne peut pas vouloir que Kidal soit comme une région normale comme toutes les autres régions du Mali, et vouloir en même temps reporter un CSA à Kidal et l’amener dans une autre ville du Mali », a continué de dénoncer le conférencier.
Ainsi, il a invité le Gouvernement à se ressaisir très rapidement pour renouer avec les mesures de confiance chèrement acquises après 4 ans de tergiversation pour la mise en œuvre de l’Accord.
Même si la mise en œuvre de l’Accord a enregistré des retards énormes, 4 ans après sa signature, ce retard, a dit Mossa Ag ATTAHER, est accompagné d’un optimisme des parties. «Nous ne sommes pas pessimistes, nous sommes optimistes. Depuis quelques mois, les parties sont en train d’avancer dans la mise œuvre de l’Accord », a-t-il rassuré.
Toutefois, la CMA constate aujourd’hui qu’ils y a quelques inquiétudes. «Nous sommes inquiets de la tournure que prennent les événements. Parce que, dès qu’une partie se donne le droit d’agir ou de prendre les décisions sans consulter les autres parties, on peut parler clairement d’une violation flagrante de l’Accord. Et les violations aujourd’hui de l’Accord, le moment ne s’y prête pas.», a-t-il expliqué.
Parlant de la gouvernance de l’Accord, la CMA dit assister depuis un certain temps, à l’émergence de nouveaux acteurs au sein du gouvernement qui, chacun tire un morceau de l’Accord quelque part, et que cela complique sérieusement les choses. Est-ce que, aujourd’hui, c’est le ministre des Affaires étrangères qui est l’interlocuteur des signataires pour ce qui est de l’Accord ? Est-ce que c’est le ministre de la Cohésion sociale et de la réconciliation, en tout cas qui en a été officialisé par un écrit du gouvernement ? Est-ce que c’est le Haut représentant du président de la république pour la mise en œuvre de l’Accord ? A continué de s’interroger Mossa Ag ATTAHER. «Il faut que les morceaux soient réunis en un et que l’interlocuteur soit un, et qu’il soit celui qui tire la locomotive et nous allons le suivre… », a-t-il préconisé.
Pour lui, la tenue de ce CSA allait permettre à la communauté internationale de voir la réalité de Kidal, de voir la réalité des difficultés des populations ; et de comprendre qu’il n’y a aucun obstacle, en tout cas de la part de la CSA, à ce que les choses se fassent à Kidal. «Il ne faut pas que ce débat de Kidal soit un outil de propagande politique», a-t-il prévenu.
Toutefois, il a indiqué la position de la CMA par rapport à la mise en œuvre de l’Accord qui est une position dynamique, constructive et positive. «Nous nous inscrivons entièrement dans l’Accord. Nous nous engageons à mettre en œuvre tous les engagements pris dans cet Accord, et nous mettons tout en œuvre pour que les différentes étapes de mise en œuvre de l’Accord soient respectées », a-t-il dit.
Enfin, pour lui, il y a un certain nombre de points sur lesquels il n’y a pas d’autres choix que d’avancer : la mise en place de l’armée reconstituée ; le redéploiement des forces de défense et de sécurité, à travers l’armée reconstituée dans l’ensemble des régions de l’Azawad, ou du nord. De son avis, ces aspects-là constituent aujourd’hui une question de survie face aux menaces qui planent aujourd’hui sur le territoire, l’insécurité qui s’agrandit, l’influence des groupes extrémistes sur l’Accord, etc.
Par Abdoulaye OUATTARA
Source:Info-Matin