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Cyclisme: une vague de précocité secoue le peloton

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Phénomène de précocité, il bouscule préjugés et même certitudes: à 19 ans, Remco Evenepoel, devenu l’un des meilleurs rouleurs du monde dès sa sortie des juniors, incarne une génération en passe de s’emparer des commandes. Explications sur une vague qui secoue le peloton.

. Du jamais vu

“Ce n’est pas le nouveau Merckx mais Merckx + Hinault avec un zeste de Bernal et Mbappé”. La formule est de Cyrille Guimard, l’ex-sélectionneur français, après la victoire d’Evenepoel en août dans la Clasica San Sebastian. La médaille d’argent du prodige belge, mercredi, dans le contre-la-montre des Mondiaux au Yorkshire, renforce la boutade.

“C’est du jamais vu”, déclare à l’AFP Fred Grappe, le directeur de la performance de l’équipe Groupama-FDJ. Avant la performance d’Evenepoel, deux autres coureurs ont fait sensation durant l’été. A moins de 21 ans, pour sa première saison dans l’élite, le Slovène Tadej Pogacar a terminé sur le podium de la Vuelta (et empoché 3 étapes de montagne). Le Colombien Egan Bernal, son aîné d’un an, a gagné le Tour de France.

. Des capacités hors normes

“Je serais curieux de connaître sa VO2 max”, s’interroge Grappe à propos de la valeur-clé (consommation maximale d’oxygène) d’Evenepoel, en d’autres termes la cylindrée de son “moteur”. “J’espère que son équipe fera connaître ses données tant ce qu’il fait est exceptionnel”. Fin 2015, Chris Froome avait dévoilé les résultats de ses tests physiologiques après son deuxième Tour de France victorieux.

Seule certitude, la dotation génétique d’Evenepoel, fils d’un ancien coureur cycliste, semble hors normes. Venu au sport de haut niveau par le football, le Belge a signé, en parallèle, à moins de 17 ans, une performance de haut niveau dans un semi-marathon (1 h 13 min). Or, rappelle Grappe, “la génétique compte pour 50%, l’entraînement pour 50 pour cent”.

. Des jeunes mieux formés

“Ce sont des coureurs d’exception mais le phénomène est amplifié par la structuration des moyens de détection et de formation. Aujourd’hui, on peut suivre de mieux en mieux les jeunes coureurs”, estime Jean-Baptiste Quiclet, l’homologue de Fred Grappe chez AG2R La Mondiale. Quitte à créer un appel d’air pour cette génération, une forme de jeunisme ambiant dans les équipes au moment du mercato. “Chacun cherche “son” Evenepoel”, résume un observateur.

“Les délais d’apprentissage sont raccourcis, note Quiclet. Ces coureurs sont matures, ils sont déjà opérationnels pour assumer le rôle de leaders. Ils passent par-dessus les obstacles habituels”. Encore plus dans le cas d’Evenepoel, venu au cyclisme… au printemps 2017 seulement.

. Le Tour à l’avenir

Faut-il pour autant s’attendre à une progression spectaculaire ? Evenepoel, dont l’aisance et le rendement sur le plat ont sidéré les témoins lors du récent Tour d’Allemagne, dispose assurément d’une marge. “La puissance est fixée mais il va progresser dans la régulation de son moteur, il va mieux l’exploiter à la fin des courses”, explique Grappe. D’autant que les aspects tactique et collectif doivent également être pris en compte.

Par avance, le “mage” Guimard s’est amusé: “Dommage pour ceux qui rêvaient de gagner le Tour après 2020 ou les JO de Tokyo.” Même si Evenepoel n’a pas encore enchaîné trois semaines de course, ni escaladé de grand col. Mais les différents éléments, compte tenu de son gabarit (61 kg pour 1,71 m), plaident en sa faveur pour peu que l’objectif soit pris en compte par son équipe. A condition aussi de digérer célébrité et responsabilités, à la sortie de l’actuelle période d’insouciance.

. Un changement d’époque

Le principe traditionnel de protéger les jeunes talents, “de ne pas les griller”, est balayé au vu de la saison 2019. C’est un nouveau modèle qui se profile, confirment les techniciens. “Plus le potentiel est élevé, plus il faut tirer dessus”, affirme Grappe.

L’image du cyclisme, sport à maturité tardive, serait donc à corriger. Avec, en perspective, le risque de saturation mentale, d’un arrêt de carrière intervenant plus tôt. “Je ne serais pas surpris si on se retrouvait dans la situation d’autres sports, la natation par exemple, avec des néo-retraités à 28 ans”, avance Quiclet. “Ce qui active la motivation, c’est l’envie de faire toujours mieux. Mais, quand on arrive au sommet à 20 ans…”

Source: AFP

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