Ils sont pauvres, ils sont chômeurs, ils sont jeunes. Ils vivent une misère noire, scrutant l’horizon sans espoir, toute perspective étant bouchée. Ce sont les exclus du système économique et politique de notre pays. Les uns travaillent pour un salaire à peine supérieur à celui de l’esclave d’autrefois. Les autres ne bénéficient même pas du strict minimum pour leur survie. La misère a noyé leurs ambitions, la pauvreté a fait d’eux des sans espoir, des sans-abris et des produits politiques. Mais tout cela, ils le vivent et le savent. Mais s’interrogent-ils sur leur situation ? Que me réserve l’avenir ? Y a-t-il de l’espoir ?
Il n’y aura point de développement collectif au Mali ou en Afrique sans développement individuel des citoyens. Si les chefs d’États africains veulent bruler les étapes, ils appauvriront davantage les populations africaines. Nos dirigeants le savent d’ailleurs. Ils savent que même dans un siècle avec leurs politiques économiques actuelles, aucun des pays pauvres ne sera sur la ligne de départ vers le développement. Le développement d’un pays passe par le développement de l’agriculture, ensuite vient l’industrialisation pour transformer les produits de l’agriculture, et suit le développement tertiaire à travers le commerce.
Peuple des exclus, de sommet en sommet ; les dirigeants endorment vos consciences. Les dirigeants africains de nos jours utilisent l’opium que constituent les ‘’3D’’ (divertissement, diversion, désinformation) et l’emballage qu’ils présentent contribuent à faire de nos peuples, de notre jeunesse, des objets humains qu’ils manipulent à leur guise.
Si IBK a été reconduit à la tête du pays, cela a été possible grâce au vote d’une des couches sociales les plus vulnérables, les exclus, amateurs de télénovelas qui, au lieu de prendre leur destin en charge, attendent désespérément un sauveur qui n’arrivera pas.
Combien sont-ils, ces jeunes qui, pour un billet de banque violet, ont vendu leur vote ? Et quand leur candidat remporte la victoire, il les utilise pour décorer les cérémonies. Dans nos États malheureusement, nos dirigeants posent plus de problèmes à la société qu’ils n’en résolvent. Alors que faire face à l’exclusion ?
« Goûter à sa propre sueur », travailler à polir sa pauvreté, la rendre belle, tel doit être le sens de notre combat. Non pas dans une fatalité suicidaire comme nous le faisons, qui consiste à répéter systématiquement ‘’ça va aller’’ ou ‘’ailleurs c’est pire’’ pendant que visiblement rien ne va. Goutter à sa propre sueur, c’est s’interroger profondément sur le rôle que l’on compte jouer dans la société, au moment où notre dynamisme est notre arme. N’attendons pas de vieillir pour engager le combat, au risque de devenir un poids, une charge pour la société. Polir sa pauvreté par le travail, c’est entreprendre. Et on n’est jamais assez pauvre pour ne rien entreprendre.
Le salut libérateur de la jeunesse malienne ne viendra pas des palais. Peuple des exclus, 2020 annonce une opportunité historique. Saisissez-là…
Henri Levent
Source: LE PAYS