Les opérateurs gaziers broient du noir. Leur subvention, qui s’élève à plus de 5 milliards de F CFA, n’est pas payée depuis novembre 2018.
Depuis 1 an et 9 mois, les entreprises qui évoluent dans le gaz ne sont pas payées par l’Etat. Selon un mécanisme de péréquation très mal structuré, l’Etat prend la contrepartie du gaz vendu aux populations à des prix conventionnels réduits. Cette différence supportée par les pouvoirs publics est appelée subvention. Selon le président du groupement des opérateurs gaziers du Mali, Oudiary Diawara, directeur général de Faso Gaz, les arriérés cumulés s’élèvent de nos jours à plus de 5 milliards de F CFA pour les sociétés qui opèrent dans le secteur.
Cette situation dure depuis des années. Or, ces fournisseurs locaux de gaz se ravitaillent aussi auprès des multinationales dans des pays comme la Côte-d’Ivoire, le Togo, le Bénin ou le Ghana. Toutes les opérations d’achat et de commande se font au comptant. Certains de ces opérateurs n’ont plus de liquidité pour importer du gaz. En plus, leurs fournisseurs et partenaires rechignent à leur donner du gaz à crédit. Ils avancent la théorie de la loi du marché qui les contraint eux aussi à faire face à leurs charges au comptant. Une autre raison de leur refus d’approvisionner nos gaziers avec un paiement différé sur échéance est qu’ils n’ont pas du tout confiance en notre pays à cause de la situation d’insécurité et de difficultés économiques.
Le défaut de paiement de leurs dus les met dans de grosses difficultés de trésorerie. “Ça ne va pas du tout. Certains d’entre nous risquent de mettre la clé sous la porte. Ils n’en peuvent plus “, s’indigne M. Diawara. Et d’ajouter, “nous sommes au bord de la banqueroute”.
Si les opérateurs gaziers jouent le jeu de la subvention en offrant le gaz aux consommateurs à des prix réduits, l’Etat doit de son côté jouer sa partition. Toute rupture ou grève de ces fournisseurs de gaz sera durement ressentie et aussi préjudiciable à l’environnement. L’utilisation du charbon de bois qui est en train de détruire nos forêts à cause de la coupe abusive de bois, va s’accroitre. Les populations qui n’ont pas d’autres choix vont se tourner vers cette solution malgré qu’elle soit coûteuse en termes de dépenses d’argent, de temps et surtout de confort.
Seule une politique adéquate et fiable de péréquation peut aider l’Etat à faire face aux subventions liées au gaz. Selon un précédent dossier d’enquête que nous avons réalisé sur le sujet au mois de juillet dernier, les études sont en cours pour mettre en place
Abdrahamane DICKO
Source: Mali Tribune