L’émission « Débat politik » de l’Africable Télévision avait pour invités, le dimanche dernier, Mme Sy Kadiatou Sow, présidente du mouvement An Ko Mali Dron ; Konimba Sidibé, président du Modec et membre du FSD ; Moussa Mara, président du parti Yelema ; et Yeah Samaké, président du PACP. Le thème était : « Dialogue national inclusif : faut y aller ou non ? ». Pendant les 1h 30 minutes, si la vision sur la méthodologie appliquée par le régime en place oppose les débatteurs, ils sont tous convaincus que le « Dialogue national inclusif » est une chance pour le Mali.
Dans un débat franc et sincère, les quatre invités ont défendu, chacun, sa position et celle de son mouvement politique sur le Dialogue national inclusif en cours. Tout au longs du débat, s’il y a eu un point sur lequel ils ont été unanimes, c’est bien la nécessité d’un dialogue au Mali pour la sortie de crise.
Le Dialogue s’impose
Tous les quatre débateurs ont convenu que le Dialogue national inclusif est une nécessité pour la sortie de crise au Mali.
L’ancien premier ministre Moussa Mara a été très clair quant à la nécessité d’un dialogue. Pour lui, après la crise que le Mali a connue et qu’il continue de connaitre, le Dialogue est une solution.
Pour la présidente du mouvement An Ko Mali dron, le dialogue s’est imposé au président de la République. IBK n’avait, donc, selon elle, pas le choix de ne pas y accepter. « L’idée du dialogue s’est imposée après l’élection présidentielle », a-t-elle laissé entendre.
Pour Konimba Sidibé, membre du Front pour la sauvegarde de la démocratie de Soumaila Cissé, le Dialogue national inclusif a été nécessaire parce qu’IBK a échoué. Mais, argumente-t-il, tant que IBK et son gouvernement ne prennent consciences que seuls, ils ne pourront pas résoudre le problème du Mali, le dialogue ne sera qu’un bavardage.
Yeah Samaké, bien qu’il soit un membre de la majorité présidentielle reconnait que ça ne va pas. Et le Dialogue est, selon lui, devenu nécessaire pour soigner le mal du Mali.
La méthodologie
Au niveau de la metholodoligie, les invités de Robert Dissa étaient divisés. Pendant que deux débatteurs applaudissent, deux autres rejettent la méthode utilisée par IBK et allié.
Pour Mme Sy Kadiatou Sow, la méthodologie n’est pas bonne. Elle trouve que l’inclusivité devait être respecté pendant tout le processus. Pour elle, toutes les communications du gouvernement étaient centrées sur l’Accord d’Alger et le référendum. Les résolutions réservées au Dialogue national inclusif étaient occultées, selon elle. « Personne ne peut garantir que les résolutions et recommandations du dialogue seront prises en compte », dit-t-elle.
Konimba Sidibé, membre de l’opposition voit dans la même direction que la présidente du mouvement An Ko Mali Dron. Selon lui, il est difficile de dialoguer quand il n’y a pas de confiance entre les différents camps. « Le Dialogue a mal démarré parce que le président a sapé la confiance », a-t-il laissé entendre. Il trouve que tout le processus du dialogue devrait être inclusif. Ce qu’il a aussi déploré, c’est que le président de la République ait décidé, tout seul, de la prorogation du mandat des députés, de la Loi d’entente nationale alors qu’il était convenu que le dialogue tranche ces questions.
Yeah Samaké s’oppose aux arguments selon lesquels la méthodologie n’est pas bonne. Pour lui, le processus a été inclusif.
Moussa Mara a aussi été beaucoup plus en faveur de Yeah Samaké. Il trouve que le processus n’est pas aussi verrouillé qu’on ne le pense. Il reconnait certes que le gouvernement a son agenda, mais qui peut être rejeté, par les participants au dialogue. « Lors de l’atelier de validation des Termes de référence du Dialogue national, la mise en débat de l’accord s’est imposé aussi bien que celui du référendum », a-t-il donné l’exemple avant d’ajouter : « L’opinion des Maliens s’imposera ».
Pourquoi ne pas y aller ?
Si Moussa Mara et Yeah Samaké estiment qu’il faut aller à ce dialogue pour proposer sa volonté pour le Mali, Mme Sy Kadiatou Sow et Konimba Sidibé expliquent pourquoi ils ont boudé ledit dialogue.
« Nous ne croyons pas à l’inclusivité. Les actes d’IBK ne rassurent pas quant au sort des résolutions du Dialogue national inclusif », déclare la présidente de l’Adema association pour se justifier la non-participation de son mouvement à ce dialogue.
Quant à Konimba Sidibé, président du Modec, il a été on ne peut plus clair :« Nous, nous voulons que les décisions du dialogue soient appliquées tout simplement. Ça ne devrait pas être dans la DPG du premier ministre. Nous ne voulons pas aller à un dialogue qui n’est sérieux ni sincère ».
Comment respecter l’inclusivité ?
Les débatteurs se sont retrouvés sur le comment respecter l’inclusivité du Dialogue national inclusif. Yeah Samaké estime qu’il faut la confiance entre les uns et les autres. « Il faut avoir confiance au Mali », dit-il.
Moussa Mara, quant à lui, trouve que personne ne doit rester en marge de ce dialogue. « Les facilitateurs doivent faire en sorte que le FSD et les acteurs puissent participer au dialogue, même s’il faut reporter le délai. Si nous nous y mettons tous, nous pouvons arriver à des bons résultats beaucoup plus satisfaisants que ce qu’on constate aujourd’hui », a-t-il déclaré. Même Sy Kadiatou Sow et Konimba Sidibé ont, à leurs tours, insistés sur l’inclusivité du processus même du dialogue.
Que faut-il faire pour sauver ce dialogue ?
« Continuer à faire la pression pour qu’il y ait l’inclusivité. Le peuple ne veut pas un dialogue juste pour dire qu’on a dialogué. Il faut retourner la parole au peuple. Pour une fois, donnons la parole à ce peuple pour qu’il dise ce qu’il vit et les solutions qu’il propose », a déclaré Mme Kadiatou Sow. Pour elle, ni la mise en œuvre de l’Accord d’Alger ni le référendum constitutionnel ne préoccupent la majorité des populations maliennes. « Les gens savent dès le départ que cet accord n’est pas bon pour le pays. Les Maliens n’accepteront pas ce qu’on veut leur imposer. Il faut que l’agenda Mali soit défendu et retournons la parole au peuple», défend-elle. Mme Sy Kadiatou Sow a invité le peuple malien à refuser qu’on lui impose la révision de la constitution pour l’adapter à l’Accord d’Alger.
La pression pour demander l’inclusivité du Dialogue national inclusif est aussi la proposition de Konimba Sidibé pour sauver ledit dialogue.
« Nous avons l’obligation de réussir ce dialogue. Nous sommes face à l’histoire. On ne peut plus nous accrocher à un accord qu’on ne peut pas appliquer. Nous encourageons la pression », a déclaré Yeah Samaké en guise de sa proposition pour sauver le dialogue.
Quant à Moussa Mara, il estime que les efforts les plus importants doivent être fournis par le pouvoir. « Que les Maliens s’approprient de leur pays. Que les partenaires soient les accompagnateurs, et non des initiateurs », a-t-il conclu.
Boureima Guindo
SOURCE : Le PAYS