Le pôle économique et financier de la capitale des rails n’est pas à la traîne du nouveau lièvre levé par le ministère public avec l’arrestation du président de l’APCAM BAKARY TOGOLA pour atteinte aux deniers publics. Dans la ville de Kayes, le nouveau visage de la cadence s’appelle BANDIOUGOU DIAWARA.
Depuis plusieurs semaines, en effet, le président du Conseil régional est au cœur de tous de tous les commérages avec une bonne douzaine de collaborateurs et prestataires de la structure qu’il dirige. On y dénombre le régisseur des avances, le délégué du Contrôle financier, le comptable et quantité de fournisseurs ayant défilé avec eux devant le Procureur Samaké, dans le cadre des enquêtes préliminaires.
Dans une petite contrée où tous se connaissent – ou presque -, les supputations et polémiques ont longtemps enflé sur leur compte. Et l’opinion était au départ totalement persuadée de leur responsabilité collective dans la dilapidation d’une vingtaine de milliards de nos francs, avant le recadrage des affabulations par les responsables du Pôle.
Lors d’une conférence de presse organisée à cet effet, le Procureur Sina Moussa Samaké a fait état d’une bagatelle de 1,4 milliards imputables à des pratiques répréhensibles par le Code pénal et passibles de peines d’emprisonnement jusqu’à la perpétuité.
Le président du Conseil régional et ses co-détenus, selon le magistrat anti-corruption, sont maintenus en détention préventive pour détournement de biens publics, favoritisme et fractionnement de marché, sans préjudice de la jouissance de la présomption d’innocence en attendant confirmation ou infirmation à l’instruction des éléments de l’inculpation recueillis pour une
période de trois années seulement sur dix.
Il s’agit entre autres d’entretiens de bâtiments pour 307, 3 millions F CFA, de climatiseurs pour 54,5 millions F CFA et de trois (03) véhicules pour un total de 138,7 F CFA sur lesquels un seul véhicule toujours sur cale a engloutis plus de 64 millions. Ce n’est pas tout.
Aux yeux du Procureur du pôle de Kayes, avec près de 200 millions de francs CFA pendant la même période, les études de faisabilité de projets paraissent tout aussi onéreuses et exorbitantes que les dépenses de carburant qui frôlent le même montant, soit 199,5 millions F CFA.
À l’instar de l’épisode des ristournes paysannes, la justice à Kayes s’est également intéressée à l’écurie d’Augias à partir d’une délation. Le Procureur Samaké n’a pas été plus explicite là-dessus, mais les langues se sont déliées et parlent d’un ancien collaborateur que Bandjougou Diawara, le président détenu, a viré pour avoir subtilisé des dossiers d’appel d’offres au profit d’un puissant opérateur de la place.
Ce n’est point l’unique similitude avec les limiers de la capitale. Comme à Bamako, la dynamique anti-corruption se nourrit d’un engouement populaire à gadgétiser des justiciables, quitte à stigmatiser des simples prévenus et à privilégier la privation de liberté.
C’est le relent que dégage, en tout cas, l’interruption de la procédure du Conseil régional aux investigations sur trois années d’exercice probablement parce que les interpellations et détentions ne pouvaient attendre d’en connaître pour les dix années concernées.
A KEÏTA
Source: Le Témoin