L’UNICEF, en collaboration avec le Gouvernement, a lancé, hier jeudi, sa campagne nationale «Pour chaque enfant, éducation : ne laisser aucun enfant pour compte » à l’Institut national des aveugles du Mali, à Bamako, en réponse au taux élevé de non-scolarisation des enfants, surtout les enfants les plus vulnérables et ceux à besoins éducatifs spéciaux. L’objectif de cette campagne est de réduire le nombre d’enfants se trouvant hors du système éducatif. Selon l’UNICEF, ces enfants sont estimés à deux millions d’individus.
L’initiative a été lancée en présence des responsables de l’UNICEF, du ministère du Développement social et de celui de la Santé. Egalement présents, la Présidente du Parlement des enfants, ainsi que des élèves et pensionnaires de l’Institut national des aveugles du Mali.
La campagne lancée vise à apporter une réponse à ce phénomène de non-scolarisation. Ainsi, 4 700 Enfants ambassadeurs de la rentrée scolaire et Jeunes de la deuxième décennie ont été formés dans toutes les régions du Mali pour faire un plaidoyer direct pour le retour à l’école de leurs camarades non-scolarisés. Déjà, le 28 septembre, les enfants et jeunes ont commencé à sensibiliser leurs communautés sur l’importance de l’éducation, à travers des activités de porte-à-porte, des émissions radiophoniques et des dialogues communautaires.
Aussi, le contexte est marqué par une crise sécuritaire qui a eu un impact très négatif sur le déroulement normal des cours dans certaines localités. A ce jour, selon les estimations de l’UNICEF, il y a encore plus de 900 écoles qui sont toujours fermées.
S’exprimant à cette occasion, le représentant adjoint de l’UNICEF au Mali, Felix AKEBO, va plus loin en indiquant, que selon l’estimation actuelle de l’UNICEF, 2 millions d’enfants en âge de scolarité (5 à 18 ans), sont en dehors du système éducatif. Selon lui, cette situation interpelle l’ensemble des acteurs intervenant en faveur du bien-être et de l’épanouissement des enfants. « Chaque enfant mérite de rêver, d’être soutenu par ses pairs, sa famille, sa communauté, pour réaliser son plein potentiel, et aussi de pouvoir contribuer positivement, au développement de sa communauté et de son pays », a souligné le responsable onusien.
En ce qui concerne les enfants à besoins éducatifs spéciaux, tels que les enfants vivant avec des déficiences visuelles ou auditives, il est estimé que moins de 10% étaient inscrits dans des établissements spécialisés pendant l’année scolaire 2018-2019. Une attention particulière doit être accordée à leur situation, interpellent les enfants atteints de handicap visuel, à l’image de Napona KEITA.
Lors de l’événement, il n’a pas caché son indignation face à la situation de ces enfants. « Un enfant se trouvant dans des telles situations, ne doit nullement être exclu de l’école en raison de son état, mais on doit plutôt l’assister en le mettant dans une école, dans laquelle on lui offre les matériels qui lui sont adéquats », a interpellé le jeune KEITA avant de souligner : « étant tous conscients de ces tristes réalités, j’invite tout le monde à recevoir et écouter nos cris d’appel, afin de permettre à ces enfants le droit à l’Education ».
De son côté, le Président l’Union malienne des aveugles (UMAV) Hadji BARRY, a affirmé que pour convaincre certains parents à ne pas priver leurs enfants souffrant de handicaps de leur droit à l’éducation, l’UMAV a adopté des méthodes particulières d’enseignement avec le ‘’braille’’. Selon lui, c’est une manière de maintenir les enfants atteints de handicap visuel dans le cursus scolaire. Grâce à cette méthode, a-t-il expliqué, beaucoup savent lire et écrire.
Par ailleurs, dans un communiqué de l’UNICEF rendu public hier, la représentante de l’UNICEF au Mali, Lucia Elmi, soutient : ‘’l’éducation ne devrait jamais être un privilège.
C’est un droit pour chaque fille et chaque garçon’’ ». Et, à la veille du trentième anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant, elle a rappelé que c’est le moment pour l’État et ses partenaires de se réengager pour assurer une éducation inclusive pour chaque enfant au Mali.
Par Sikou BAH et Rahmatou SALL (Stagiaire)
Info-Matin