Un accord sur le Brexit a été annoncé jeudi par Jean-Claude Juncker et le Premier ministre britannique Boris Johnson, juste avant un sommet européen et à l’issue de longues journées de tractations épineuses.
“Nous en avons un!”, a lancé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker sur son compte Twitter, alors que Boris Johnson se vantait d'”un excellent nouvel accord”.
M. Juncker, qui avait appelé le Premier ministre britannique dans la matinée, a qualifié l’accord d'”équitable et équilibré”. Il a recommandé aux dirigeants des 27, qui commencaient à arriver à Bruxelles pour le sommet, de donner leur feu vert.
Dans la foulée de ces annonces, la livre a gagné 1% face au dollar, les milieux économiques redoutant les conséquences potentiellement dévastatrices d’un “no deal” le 31 octobre.
Cet accord devra encore être ratifié par les parlements britannique et européen. Au Royaume-Uni, il devra notamment recevoir le soutien du petit parti nord-irlandais DUP, qui a rejeté jeudi le compromis sur l’accord de divorce.
Le négociateur en chef de l’UE Michel Barnier doit donner une conférence de presse avant le sommet, avant de s’entretenir avec les Etats membres. Le président du Conseil européen Donald Tusk fera une déclaration.
Les négociateurs européens et britanniques ont encore travaillé d’arrache-pied depuis mercredi, pour leur deuxième nuit d’affilée. L’optimisme était revenu la semaine dernière à la suite d’un rapprochement entre Dublin et Londres.
Il s’agit du deuxième accord trouvé entre Londres et Bruxelles pour mettre en oeuvre le résultat du référendum britannique de juin 2016. Le premier, négocié par Theresa May, avait été rejeté à trois reprises par le parlement britannique.
– L’obstacle du DUP –
Boris Johnson, qui veut coûte que coûte un divorce à la fin du mois, a appelé les députés britanniques à approuver cet accord lors d’une séance parlementaire exceptionnelle samedi.
La mission de Boris Johnson devant son parlement sera délicate, car il n’a plus de majorité, et devra compter sans le soutien du DUP, qui fait partie d’une coalition parlementaire avec son Parti conservateur.
Ce parti unioniste nord-irlandais a douché l’optimisme en déclarant qu’il ne pouvait pas “soutenir ce qui est proposé sur les questions des douanes et du consentement (de l’exécutif nord-irlandais au projet de Brexit). Il a également regretté “un manque de clarté sur la TVA”, à savoir le régime de taxe qui sera appliqué en Irlande du Nord.
Le petit parti, qui compte 10 députés à la Chambre des Communes, affirme cependant qu’il “continuera à travailler avec le gouvernement pour parvenir à un accord raisonnable qui fonctionne pour l’Irlande du Nord et protège l’intégrité économique et constitutionnelle du Royaume-Uni”.
Les pourparlers entre Londres et Bruxelles ont porté sur plusieurs questions sensibles: la manière d’éviter le retour d’une frontière entre l’Irlande, membre de l’UE, et l’Irlande du Nord, partie du Royaume-Uni, afin de préserver la paix sur l’île tout en permettant des contrôles douaniers, le droit de regard accordé aux autorités nord-irlandaises sur l’accord de divorce ou encore la relation future.
Les derniers développements sur le Brexit avaient créé un flottement autour de l’organisation du sommet européen. Le déroulé de la réunion n’a été publié que jeudi matin.
Après le Brexit, les chefs d’Etat et de gouvernement doivent évoquer la situation en Turquie et revenir en particulier sur la réponse européenne à l’offensive d’Ankara contre les milices kurdes dans le nord-est de la Syrie. Ils aborderont également la question de l’élargissement de l’UE à la Macédoine du Nord et l’Albanie, avant de se lancer dans la question budgétaire vendredi.
AFP