Malgré le retrait d’une bonne partie de la classe politique, le pouvoir s’entête à organiser le dialogue national. Mais déjà, tout indique que l’on s’achemine vers un échec cuisant. A cause de l’absence d’une importante frange de la classe politique et de la société civile.
Le dialogue censé aboutir à des réformes institutionnelles et Constitutionnelles et accélérer la mise en œuvre de l’Accord de paix a débuté dans plusieurs communes en début de semaine. Inédit dans sa forme, dont l’objectif est de remonter les doléances au plus près du terrain, il est cependant déjà la cible de nombreuses critiques.
En effet, de l’intitulé du dialogue, en passant par le format, à la validation des termes de référence, du choix des personnalités qui doivent conduire le processus par le président de la République sont contesté par un large front qui va de l’opposition politique à une grande partie de la société civile.
Ils reprochent au gouvernement, l’ambiguïté qui entoure les thèmes de référence du dialogue et surtout le manque de confiance envers le gouvernement qui est soupçonné de vouloir contrôler les débats
Malgré cette polémique et la montée de la contestation, les autorités ont donné l’impression d’imposer leur démarche aux partenaires avant de se rétracter sur certains points, sous la pression.
Ainsi, du Dialogue politique inclusif national, on a finalement retenu le concept ‘’Dialogue national inclusif’’ sur recommandations des organisations de la société civile. Une marche en arrière qui n’est pas parvenue à calmer une grande partie de l’opposition qui a décidé de bouder le processus qui, de leur avis, ne met pas sur la table toutes les préoccupations qui doivent être discutées lors d’un forum du genre. En terme clair, il y a eu trop d’amateurismes et d’amalgames dans l’organisation de ce dialogue qui est pourtant censé mettre fin à la crise politique et socio-sécuritaire avec des propositions de solutions aux défis qui assaillent la nation.
La session de rattrapage en cours, à travers les concertations communales, une trouvaille de la Plateforme ‘’Anw Ko Mali Dron’’, d’abord snobée, puis accaparée, n’est qu’artifice. Donc, plus que jamais, le Dialogue national inclusif réclamé par de nombreux Maliens pour enfin sortir du cercle vicieux des crises est clivant
À ce stade du processus de Dialogue national inclusif, le bilan est forcément désastreux, comme l’attestent les désistements en cascade : le FSD présidé par le Chef de file de l’Opposition, Soumaïla CISSE, initiateur du projet de Dialogue national ; le RpDM du Dr Cheick Modibo DIARRA, arrivé 4e à la dernière élection présidentielle ; le Parti SADI du Dr Oumar MARIKO ; la CoFoP, à l’exception de la CODEM de Housseini Amion GUINDO, ministre dans le Gouvernement Boubou CISSE ; les FARE An Ka Wuli de l’ancien Premier ministre Modibo SIDIBE ; le CNID de Me Mountaga TALL ; le MPR du Dr Choguel Kokalla MAIGA ; la Plateforme ‘’Anw Ko Mali dron’’ réunissant autant des partis politiques que des organisations de la société civile…
En organisant alors un Dialogue, au forceps, comme c’est le cas (en faisant de toutes ces défections un non-événement), le Gouvernement s’enfonce dans une fuite en avant aux conséquences désastreuses pour le pays. En effet, vu la gravite de la crise que traverse le Mali, le dialogue national ne doit plus se résumer en un artifice politique, mais être un processus d’écoute et d’échange qui part de toutes les communes du pays. Un processus qui prend en compte tous les Maliens où toutes les préoccupations seront débattues à la malienne. Malheureusement, le gouvernement a choisi un monologue ce qui débouchera sans doute sur un échec retentissant. La question est que est-il encore possible pour le gouvernement de prendre en compte les demandes des différents protagonistes car le pays a réellement besoin d’un dialogue national véritablement inclusif pour trouver les solutions à la grave crise actuelle.
Mémé Sanogo
L’Aube