Il est 14h ce mardi 22 octobre. Le ministre de l’Agriculture, Baba Moulaye Haidara et sa délégation, après sept longues heures pour parcourir 455 km, arrivent à Nioro du Sahel. A peine installé dans son hôtel, revoici le ministre sur la route de la commune rurale de Yerere.
A l’accueil le maire, le directeur de l’Office des protections des végétaux, Demba Diallo et ses techniciens.
Sur place, le constat est là: des oiseaux granivores tués dispersés un peu partout. D’autres, très actifs, perchés sur des grands arbres. Des nids en voie d’éclosion sur des arbres, des odeurs insupportables, des herbes dispersées, des épines par ci, du cram-cram par là. C’est bien le site de Walo, dans la commune de Yerere, cercle de Nioro.
Munis des précautions en la matière, le ministre et sa délégation constatent les efforts fournis par les techniciens de l’Office des protections des végétaux. Baba Moulaye Haidara les félicite et les encourage pour l’effort fourni.
Le directeur de cette structure, Demba Diallo annonce que sur 5 mille ha 2 mille sont dévastés par les oiseaux granivores. Il nous montre le matériel déployé pour la mission et explique le rôle des appareils autoportés, des appareils portatifs au dos. Il précise également que lui et son équipe possèdent 4 véhicules et de milliers de litres d’avicide et d’insecticides. Le tout acquis en 2018, grâce au Fonds national d’agriculture, pour environ 500 millions de FCFA. Cette année, ce sont 620 millions de FCFA qui sont mobilisés par le même fonds pour prévenir et protéger les végétaux.
” Depuis juin, nous sommes sur le terrain. A Nioro, nous avons identifié trois communes à prévenir: Simbi, Diarrah, Yerere. Nous avons fais le travail dans les deux communes, sauf Yerere. Les populations ont refusé notre intervention. Alors que pour pouvoir agir, nous devons mettre le site en quarantaine: évacuer le bétail, les hommes, interdiction de couper les bois, les herbes, les feuilles… Le maire et ses habitants ont catégoriquement refusé la mise en quarantaine qui nous permet d’agir, de traiter les nids d’oiseaux avant éclosion”. En un mot, c’est l’entêtement des populations de Yerere, spécialisé dans l’élevage qui a provoqué cette malheureuse situation.
Ensuite, la délégation ministérielle visite les champs. C’est la grande désolation: il n’y a rien dans les champs! Que de feuilles sèches et mortes, d’épines de mil à terre. Un véritable champs de ruine.
Selon Dramé, un des paysans déçus: ” La campagne est déjà perdue pour cette commune de 10 villages et 9 hameaux”. Il estime que la pluviométrie a été mauvaise et les oiseaux granivores ont fait disparaître le peu d’espoir. Pour lui, la famine frappera inévitablement la commune.
Deuxième étape de cette visite: la mairie de Yerere. Là, le ministre Baba Moulaye anime une assemblée générale avec les populations, venues, en grand nombre.
D’abord, il leur explique sa mission en tant que ministre de l’Agriculture, son agenda dans lequel se trouve Nioro. Malheureusement, cette situation a précipité son départ vers Yerere.
“Nous travaillons pour vous, nous et nos techniciens. Ceux-ci sont allés à l’école. Ils connaissent des choses en matière d’agriculture que vous ne connaissez pas. Vous aussi, vous connaissez des choses en la matière qui leur échappent. Donc, vous devez travailler ensemble, discuter, faire des propositions pour améliorer la campagne. Mais, souvent, vous ne les écoutez pas. C’est pourquoi, cette situation déplorable est arrivée. Il y’a un temps pour tout. Le temps des élections est terminé. Vous devez vous mettre ensemble, sans coloration de partis pour faire avance votre localité.
Nous sommes à votre disposition pour vous accompagner. C’est pourquoi le président IBK et son Premier ministre m’ont dépêché à Yerere pour voir les dégâts causés. Je leur ferai le compte-rendu. Ce qui doit être fait sera fait”, a promis le ministre de l’Agriculture. Avant de prêcher l’unité, la paix, entre tous les fils du pays. Des bénédictions ont été faites par l’imam de la localité.
Auparavant, le maire de la commune, Gani Diawara, avait formulé une demande d’aménagement des surfaces cultivables et dit avoir bien compris les propos du ministre.
Dernière étape de la visite: salutations dans les familles Diakité, Tall et Haidara de la ville. Partout, des bénédictions ont été faites pour le Mali.
Chahana Takiou,
envoyé spécial à Nioro ( Yerere).
22 septembre