Même s’ils ne se mordent pas les doigts, nos compatriotes (pour la plupart) regrettent d’avoir porté à la magistrature suprême Ibrahim Boubacar Kéïta. Aucun jour ne passe sans que vous rencontriez, au moins, un Malien qui se plaint ou tient des propos tels : «si nous savions».
Celui qui résume bien la situation, c’est ce grand-frère qui pense que «le problème c’est IBK qui, contrairement à ce qui se dit, n’a pas failli, mais ne peut pas».
Aux dires de notre interlocuteur, faillir et ne pas pouvoir ont des connotations différentes. Car, poursuit-il, faillir veut dire : essayer et échouer pour diverses raisons qui peuvent être, entre autres, un manque de moyens humains ou financiers, un manque de chance, contingences extérieures difficiles et inopportunes, etc. Donc, pense-t-il, IBK n’a pas failli mais il ne peut pas.
Parce que, disserta-t-il, il n’a même pas essayé pour les raisons suivantes : il n’a pas la volonté, n’a ni les moyens humains, ni financiers, encore moins intellectuels. Donc, conclut le grand-frère : «En bon français, on ne peut pas dire qu’IBK a failli mais qu’il ne peut pas.»
S’il est vrai que l’on a tendance à confondre les deux termes, les détails du grand-frère nous imposent, finalement, la réflexion et le discernement quant à l’attitude (ou certaines attitudes et comportements) et certaines décisions du président de la République.
Tenez, par exemple, quand il accédait au pouvoir, il était animé de très bonnes volontés ; à le voir et à l’entendre, en tout cas seulement, à l’œuvre, il n’a commis que des impairs et des maladresses.
À la lutte contre la corruption, pour commencer, il avait dédié l’année 2014. Jamais notre pays n’a connu de scandales aussi graves que cette année à travers l’achat de l’avion présidentiel et l’affaire des équipements militaires, pour ne citer que ces deux affaires non encore résolues.
Quid de la lutte contre l’insécurité ? Personne n’est à l’abri de rien, de nos jours, dans notre pays. Le Mali est divisé en plusieurs petites zones ou des chefs de guerre et autres anciens chefs rebelles font la loi, se partagent les pouvoirs, les attributs et les avantages d’un Etat inexistant.
La diplomatie ?L’amateurisme, le m’as-tu-vu et l’incroyable tâtonnement. Regardez, simplement, comment on ne parvient pas à choisir entre le Maroc et l’Algérie, ou comment on se laisse trimbaler par l’Algérie.
Comment, après tout ce que le Roi a fait pour notre pays, toute la visibilité qu’il a donnée à la première investiture d’IBK en 2013 (il est resté plusieurs jours à Bamako, chose qu’il fait rarement), ce même tout nouveau président investi a couru vers l’Algérie, pour la ramener dans la négociation d’un accord foulant aux pieds celui de Ouagadougou et tous les autres précédents.
Pour ce qui concerne ses castings, c’est à croire, souvent, qu’il se moque des gens qui critiquent ses choix. Il suffit de dénoncer les pratiques d’un tocard de son entourage pour qu’il s’accroche à ce dernier. Là où on parle et réfléchit pays, lui voit la tête et les intérêts de ses proches.
C’est ce qui explique l’influence de sa famille sur lui et ses préférences pour les membres de celle-ci au détriment de tout un pays. Le dernier cas en date est la responsabilité qu’il vient de confier à sa propre belle-sœur, Mme Ben-Barka Lalla, la sœur à son épouse et la non moins mère de son neveu de secrétaire général, au niveau du comité consultatif sur les Arts, la Culture et le Patrimoine.
Nouvelle Libération