Depuis quelques temps, dans le cœur des habitants de mon pays s’est dessinée une colère noire et terrible.
C’est une colère, des plus denses, aussi puissante que les braises d’un volcan, à tel point que la tension volcanique s’est emparée du quotidien du Malien.
Edulcorée par les questions sans réponses, « où va-t-on ?, qu’allons-nous devenir ? Silence radio s’affiche.
Même les maîtres de la géomancie ou les gardiens des idoles sont perplexes, tant l’heure est grave. Mais c’est redondant de dire que l’heure est grave.
La colère si terrible, si vertigineuse, car la misère fouettant le Malien au plus près dans son quotidien, est telle qu’elle défie tout sang froid ou bon sens. Le bon sens s’est enfui précipitamment dans la nuit.
On ne sait pas par où ou comment, mais quand la misère entre par les portes de la maison, le bon sens s’enfuit par principe en courant dans les ouvertures dont lui seul connait les secrets.
Aussi n’a-t-on pas coutume d’entendre que la faim chasse le loup hors des bois (François Villon).
Et quand la colère monte dans la famille, souvent le pater familias s’en prend à tout le monde au risque d’étrangler même le pauvre chien de la maison pour autant qu’il a aboyé.
En bambara, on dit souvent, qu’au lieu de s’en prendre à son lieu de chute, l’on doit en vouloir à l’endroit où l’on a trébuché, parce qu’il n’y a jamais de fumée sans feu.
Si tu ne solidifies pas ta maison, afin qu’elle résiste aux assauts de tes ennemis, et ce aux fins de permettre aux habitants de la cour de vivre dans la quiétude, alors irréversiblement, tu feras appel à l’aide de ton voisin ou d à un tiers pour t’aider à corriger tes failles. La vérité est dure à entendre mais peu importe, elle est là.
Autant que vous, nous avons tous perdu quelque part à quelques moments, des frères, des sœurs, des pères, des mères, dans ce qu’on pourrait qualifier de résultat de l’incompétence notoire de la plupart de nos responsables politiques et militaires de 1991 à nos jours.
Je ne ferai jamais l’apologie de la présence des forces internationales et Africaine sur la terre de nos braves ancêtres, mais s’ils sont là, c’est parce que nous les avons appelés et s’ils restent, c’est parce que sans eux, sans armée et surtout sans leadership clairvoyant , le pire est à craindre.
Alors que la jeunesse ne joue pas le jeu des hommes politiques, s’ils ont échoué, ce n’est pas la faute de la MINSUMA, ni d’Adan ou Eve.
L’entière responsabilité leur incombe parce qu’ils ont préféré leur famille au Mali. Alors faites entrer l’accusé dans le palais de justice mais le vrai.
Je me désole de l’insouciance de la jeunesse et du folklore de la société civile qui loin d’être aux chevets du patient malade organisent des soirées et mariages “mondial”, non universelles. Qui allez-vous accuser si vous-mêmes, ne donnez pas l’exemple dans les moments difficiles ?
Continuez à jeter les pierres aux autres, ça va peut-être soulager vos émotions mais ça ne corrigera pas le problème. Vous avez vendu pour une partie, votre propre pays pour mille ou deux mille francs. Comment le résultat pourrait-il en être autrement ?
C’est une spécialité bien malienne tout en semant le vent, de s’attendre à récolter du manioc et du riz pour la famille.
La réponse dans cette crise se trouve en vous, uniquement en vous. Les mêmes causes produisent le même résultat.
C’est d’abord en vous souciant un peu de votre pays si à l’abandon que vous pourriez rétablir l’équilibre.
C’est ensuite en désacralisant la personne de votre premier responsable, et en demandant rigoureusement et vigoureusement des comptes à vos responsables, que le patient Mali connaitra un début de guérison.
C’est enfin, en poussant au-dessus d’un précipice , l’hypocrisie qui nous amine et qui consiste à critiquer ce que nous ferons nous-mêmes si par bonté divine, nous arrivons au pouvoir.
En attendant, prions, festoyons comme à notre habitude et le moment venu, accusons, peut-être que les anges viendront nous délivrer. J’en doute !
Depuis l’époque du prophète P.S.L, ce temps est certainement et immensément révolu.
Combattre, c’est agir ! Oubliez-le, et le Mali ne sera qu’un mirage dans nos esprits. Et pourtant, nous n’en sommes pas si loin.
Qu’à DIEU ne plaise.
Que vive le Mali, que vive la république
Hamidou DOUMBIA, membre du CEC du parti YELEMA