Confronté à une crise multidimensionnelle, le Mali traverse l’un des moments les plus difficiles de son histoire. A cause d’une insécurité récurrente, le Nord et le Centre, devenus des zones rouges, sont invivables. Dans la capitale, Bamako, sécurisée et stable, est menée actuellement une lutte implacable contre les criminels financiers par le Pôle économique. Oui à la lutte contre la corruption ! Tout bon citoyen approuve la lutte contre la corruption. Mais est-ce que c’est le moment idéal pour le faire ? Est-ce que cette manière de lutter contre les criminels financiers en instrumentalisant le Pôle économique n’est-elle pas une manipulation politicienne ? Est-ce que cette lutte menée maintenant ne fragilisera-t-elle pas davantage le pays, embourbé dans une guerre imposée ?
Voilà autant de questions qui valent leur pesant d’or, vu la situation actuelle du pays. A mon humble avis, si les 18 millions de Maliens ont une priorité aujourd’hui, c’est celle de faire en sorte que l’administration publique puisse retourner partout où elle avait été chassée par les mouvements armés, en complicité avec certains pays “amis” du Mali. Dans le but de nous divertir de cette priorité noble et salutaire qui consiste à libérer les 2/3 de notre territoire national, les stratèges politiques du régime en place sont en train d’instrumentaliser le pouvoir judiciaire à des fins politiques.
En effet, la lutte contre la délinquance financière dans le contexte d’instabilité actuelle que vit notre pays ne visera-t-elle à nous affaiblir pour que des manifestations similaires à celle du 5 avril ne puissent plus jamais se reproduire. Or, c’est de telles manifestations populaires que notre pays à justement besoin en vue de demander à la France et ses alliés de faire un choix entre l’État malien et les mercenaires ou autres narcotrafiquants venus de la Libye et de l’Algérie.
Les Maliens commencent à comprendre et à être de plus en plus convaincus que ce ne sont pas les forces étrangères (Barkhane, Minusma et G5-Sahel) qui pourront libérer notre pays de l’emprise des mouvements criminels, mais plutôt notre armée dont l’équipement doit être une priorité. Ce qui nous manque aujourd’hui, c’est un véritable leadership sous l’égide de patriotes sincères qui pourra fédérer toutes les dynamiques partielles dans une large dynamique nationale dans le but de pouvoir faire face à l’ennemi qu’il soit interne ou externe. L’Accord politique de gouvernance, le Dialogue national inclusif, la lutte contre les malversations financières ne sont que les facettes de la partie visible d’une stratégie globale mise en place par l’Exécutif pour pouvoir manipuler l’opinion publique nationale, afin que notre pays puisse demeurer sous la tutelle des bandits armés et de leurs suppôts occidentaux après les réformes institutionnelles déjà envisagées.
Le Pôle économique est-il pas en train de devenir un instrument politique de pression dont l’objectif serait de plonger les hommes politiques, les hommes d’affaires et même certains hauts gradés de l’armée dans un état de choc psychologique et de désorientation grave, afin de pouvoir les contraindre à adhérer à la vision actuelle de ceux qui souhaitent donner un nouveau statut juridique à l’entité politique dénommée “Azawad” à travers la mise en œuvre de l’Accord d’Alger de 2015 et la prochaine révision constitutionnelle ?. Rien n’est moins sûr !
La Rédaction
Le Démocrate