Comme à l’accoutumée, le Chérif de Nioro se fait plaisir en exhibant ses muscles pour fustiger le régime IBK dont il est pourtant l’un des tenanciers ou partisans de sa victoire lors de l’élection présidentielle de 2013. Mais le désamour, source de l’inimitié entre « les deux couples »,est à l’origine de leur « séparation de corps ». A telle enseigne que les deux anciens amis se regardent toujours en chien de faïence. Toutefois, cette situation délétère n’a pas entamé la détermination de « l’Homme de Dieu » de faire descendre des diatribes sur le Châtelain de Sébénikoro. Sur l’arrestation de Bakary Togola, certains de ses fidèles retiennent ses sorties discrètes, mais musclées contre le pouvoir.
Le Chérif de Nioro, l’homme providentiel religieux avait, on se rappelle, juré, selon les mêmes fidèles, de faire « tomber IBK avant la fin de son régime », déclarations que d’aucuns ont qualifié d’outrage au Président de la République. Et il n’a jamais cessé de maintenir la pression sur IBK lui- même, et ce, après avoir demandé le limogeage du Premier ministre SoumeylouBoubèye Maiga.C’était du moins la quintessence du compte rendu de l’intervention du Chérif, après la prière du vendredi 12 avril 2019 à sa Zawia de Nioro, où plusieurs leaders politiques avaient, on se souvient,effectué le voyage.
Pour rappel, jour – là, un certain Cheick Maïga, chargé de communication du Chérif, et Porte- parole de l’Union des Jeunes Hamallaïstes (UJH) de Nioro, a résumé en français, la déclaration du « Saint des saints ». Une déclaration qui constitue, à notre sens, une attente à l’institution qu’est le Président de la République. Nous citons :
« Gloire à Allah, nous rendons grâce au Tout-Puissant de nous préserver dans sa miséricordieux. Je me glorifie, aujourd’hui, d’être un fils de Cheick Hamaoula plus connu sous le nom de Cheikh Hamallah de la tribu des AhelMoh’ammad Sidi Chérif de Tichitt en Mauritanie. Il est d’ascendance chérifienne. En effet, sa généalogie fait remonter ses origines à la fille du Prophète de l’Islâm. Son grand-père Seydna Oumar quitte la limite septentrionale de l’Aouker 3 pour s’établir à Djigué-Diarisso, hameau situé à 60 km au nord de Nara (Mali actuel). Son père, MohamedouOuldSeydna Oumar, fin lettré, réputé pour son rigorisme en matière de religion, s’installe, pour faire du commerce, un peu plus loin à Kamba-Sagho, près de Niamyna sur les bords du Niger (Cercle de Ségou). Une créature et un homme de Dieu qui s’est toujours battu pour l’islam dans son vrai sens.
Je rends hommage au prophète Mahamed, Paix et Salut, sur lui de nous guider vers le chemin de l’univers. Je suis issu d’une famille de royaume chérifien, des grands hommes qui ont fondé de grands empires. Ma conviction sur la réalité de la vie est fondée plutôt à la construction d’une vie meilleure de mes concitoyens que mon intérêt personnel. Je m’incline devant la mémoire de nos vaillants soldats et civils qui ont perdu la vie au cours de ses dernières années à cause de la mauvaise gouvernance dont nous avons tous une part de responsabilité ».
Pourquoi me suis-je engagé en politique ?
« Je me suis engagé en politique suite à une décision qui me semblait anormale pour notre religion en 2012, le code la famille qu’ATT et ses députés ont voulu nous imposer pour faire plaisir à l’occident. Après ce combat, gagné, en son temps, contre le régime en place, nous avions décidé de nous impliquer dans la gestion des affaires publiques, en conjuguant nos efforts à soutenir le président IBK au scrutin de 2013. Mais hélas ! nous nous sommes trompés de la personne que nous avons connue avant 2013. C’est pourquoi pendant la 3ème année de son mandat, j’ai décidé de retirer toute ma confiance en lui pour ne pas pour être complice de sa mauvaise gouvernance. En 2018, j’ai décidé de soutenir la candidature d’une autre personne pour qu’il sache que je suis contre lui. Vous vous rappelez pendant la campagne présidentielle, une partie de ma famille a été victime d’une attaque terroriste dans la zone de Nara. Et je parle sans complexe, cette attaque a été orchestrée et perpétrée par le fils du président Karim en collaboration avec le fils de Tiékoro BAGAYOKO, Mohamed. En voulant attribuer cette attaque terroriste à la katiba de Macina Amadou Kouffa, mon combat n’est plus SoumeylouBoubèye MAIGA, mais plutôt IBK lui – même.
Nous avons donné une lourde tâche au président IBK par erreur
Je vous donne un exemple, quand tu as une Mercedes de 10 tonnes, elle peut supporter le poids de 5 à 10 tonnes, et si tu mets 10 tonnes dans une R 12, le résultat donne quoi ? IBK est une R 12 et non une Mercedes de 10 tonnes. Mais j’ai juré au nom de tous ceux qui me sont chers que si je dois vivre, aujourd’hui, une semaine, un mois, une année, je ferai tomber IBK avant la fin de son régime. Wassalam ».
A l’époque, les plus imbibés dans la religion assimilaient ces déclarations à des propos divins, « Les pensées du Chérif sont les plaisirs de Dieu » avait fustigé un Musulman malien. Mais personne n’est l’égal de DIEU, le Très – Haut, l’Omnipotent et l’Omniscient.
Le cas Bakary Togola
La situation de l’agriculteur, actuellement, sous les verrous, est anecdotique et symptomatique d’un pays pillé et sucé jusqu’au sang par des cadres malhonnêtes avec comme seule prétention l’appât du gain. Le Mali est victime de ses fils qui le considèrent comme la vache laitière impérissable. Mais pour notre interlocuteur, Bakary Togola, en citant le Chérif, a contribué à la réélection du chef de l’Etat. Aussi, il articula que certaines personnalités ont fait pire que l’agriculteur opérateur, mais que celles-ci se pavanent dans les rues de Bamako sans être inquiétés. Sous réserve de dévoiler des noms, il a admis que le Mali est le seul pays au monde où des fonctionnaires sont multimilliardaires avec dans leur escarcelle plus de dix maisons construites. Pour lui, l’administration est saturée de cadres voleurs et que monsieur Togola n’en est pas un. Voilà qui jette l’opprobre sur l’inconscience professionnelle, le travail bien fait, la compétence ou la culture de l’excellence. Il a même poussé l’outrecuidance en indiquant que tous ceux qui ont organisé les grands sommets (Afrique – France, CEN-SAD…) ou de grands événements (Cinquantenaire, 22 septembre, 20 janvier…) ou d’autres acteurs de contrat d’armement…), sont des fossoyeurs de l’Etat malien.
A notre avis, le Mali ne peut continuer d’être un pays où règne l’impunité, le laisser – aller, l’enrichissement illicite, la corruption, le clientélisme, le blanchiment d’argent, le copinage…Et tant que l’intérêt national n’est pas mis au-dessus de l’intérêt particulier partisan, nous vivrons comme dans une république bananière dans un désordre ambiant où la chose publique n’est pas respectée. IBK doit faire en sorte que personne ne soit au-dessus de la loi.
Salif Diallo
Le Matinal