Les membres du Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad, HCUA, étaient en conclaves pendant deux jours à Kidal pour jeter les bases d’une formation politique communautaro-identitaire, en violation flagrante de la Constitution du 25 février 1992. Nul besoin d’être diplômé en Science-po de la Sorbonne ou d’être un constitutionnaliste émérite pour savoir si la Constitution du Mali a été violée ou pas. Ce congrès du HCUA, viole non seulement la Constitution du Mali, mais aussi et surtout, il n’est ni plus ni moins qu’un pas de géant vers la partition programmée du Mali. Les patriotes vont-ils s’accommoder de cet état de fait ? A qui profite l’effritement de cette vaste étendue qu’est le Mali ? Manassa Dagnoko, la Présidente de la Cour Constitutionnelle, n’a-t-elle pas une autre occasion de se rendre utile en rappelant comme la fois dernière les articles de la Constitution qui ont été violés ?
Al Ghabas Ag Intalla, l’Amenokal de Kidal, a été reconduit au poste de secrétaire général du HCUA, au terme de deux jours de congrès qui a regroupé toutes les sommités de la CMA et devant des délégations venues du Niger, de la Mauritanie et de l’Algérie. La particularité de ce congrès est qu’il transforme un Mouvement armé en une entité politique mais n’ayant comme champ d’action que Kidal et environs. Un parti d’obédience communautaro-ethnique délimité à une infime partie du territoire autoproclamé de l’Azawad. Le Mouvement armé se muant ainsi en parti politique viole sans nul doute la Constitution du Mali qui interdit la création d’un parti politique sur une base ethnique, religieuse, linguistique, régionaliste, sexiste ou professionnelle. Qui peut jurer la main sur le cœur que ce Mouvement politique ne viole pas l’un des interdits sus-cités ? Pourquoi l’Etat s’est-il accommodé de la violation de la Constitution en acceptant la création d’un parti politique sur la base de l’ethnie, de la région, voire de la langue ?
Autant nous avons eu le courage de dénoncer la CMAS du Puissant Imam Mahmoud Dicko, autant nous allons dénoncer cette autre violation de la Constitution, par la création d’un parti politique communautaro-ethnico-régional.Le HCUA est un mouvement mis en place par certains Touareg de la Communauté des Ifoghas. Ultra minoritaire parmi les Touaregs, les Ifoghas ont eu une certaine suprématie sur les autres communautés grâce à l’aide des colonisateurs. Après l’indépendance, tous les régimes qui se sont succédé au pouvoir n’ont pas corrigé cette injustice et ont même parfois encouragé en fermant les yeux sur les errements de la communauté, qui a longtemps persécuté les autres. En érigeant le HCUA en parti politique, et en voulant fédérer tous les autres groupes armés, Al Ghabas Ag Intalla veut toujours conserver sa prééminence sur les autres. Il pouvait bien le faire en restant républicain.
Ce qui est aberrant, c’est le silence de carpe de la Présidente de la Cour Constitutionnelle, Mme Manassa Dagnoko, elle qui s’invite dans les débats en dehors de son champ d’action, elle avait cette fois-ci une occasion idoine de dire le droit au lieu de s’ériger en actrice politique. Elle vient de manquer une opportunité pour se racheter des maladresses qu’elle aurait commises. Le silence de la Cour Constitutionnelle est assourdissant, tout comme l’Etat est fautif et complice de la violation de la Constitution en envoyant une délégation pour aller assister à la création de ce mouvement politico-communautaro-ethnico-régional.
En somme, ce congrès du HCUAest,pour ses membres, un pas de géant vers l’indépendance de la Fantomatique Azawad. Lentement mais surement, les irrédentistesentendent atteindre leur objectif. Raison de plus pour que les acteurs politiques maliens s’entendent pour faire face à ce péril en la demeure.
Youssouf Sissoko
Inf@Sept