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Maroc: l’arrestation d’un chanteur de rap fait polémique

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Le rappeur Simo Gnawi est en détention préventive depuis le 1er novembre pour avoir insulté des policiers qui l’avaient violenté à la mi-octobre. Il devait comparaitre au tribunal de première instance à Salé dimanche, mais cette comparution a finalement eu lieu ce lundi. Une ordonnance administrative émise par le procureur le place en détention préventive pour la suite de l’enquête.

Simo Gnawi fait partie d’un trio de rappeurs qui a lancé, le 29 octobre dernier sur YouTube, Aâcha Chaâb – vive le peuple -, une chanson qui dénonce, avec des paroles vindicatives, les conditions de la jeunesse marocaine. Une vidéo qui a été vue par plus de 8 millions de Marocains depuis cette date. Son interpellation suscite le débat et la colère au Maroc.

Officiellement, c’est pour atteinte à l’honneur de policiers en exercice que le rappeur Simo Gnawi est poursuivi. Les faits pour lesquels il est inculpé remontent, selon la police, à une date antérieure à la chanson, mais de nombreux soutiens du rappeur affirment le contraire. « On veut le faire taire », affirment-ils.

C’est aussi l’opinion de Khadija Anani de la AMDH, l’association marocaine des droits de l’homme : « Cette arrestation est un acte de vengeance. Les autorités, dit-elle, trouvent toujours des prétextes pour arrêter les gens qui dérangent, surtout avec ce slogan vive le peuple ». Khadija Anani regrette qu’on soit, « dans la continuité de la régression des droits en matière d’expression au Maroc ».

A l’origine, « vive le peuple », est un slogan utilisé dans les stades et durant les manifestations pour dénoncer la corruption de la classe politique. C’est un « cri du cœur d’une jeunesse laissée à la marge », estime un rappeur qui a travaillé avec Simo Gnawi, à propos de la chanson récemment mise en ligne où l’on voit le trio de chanteurs dénoncer l’injustice sociale, la répression, la corruption et la misère.

Depuis l’arrestation de Simo Gnawi, de nombreux militants de la société civile multiplient les appels aux autorités pour qu’elles « tirent des leçons des messages portés par ce genre de chansons et du malaise que cela traduit chez une importante partie de la jeunesse marocaine ».

Par ailleurs, son avocat Mohamed Zayen affirme que la vidéo qui le montre en train d’insulter des policiers ne constitue pas une preuve juridique car il avait subi la violence arbitraire des forces de l’ordre.

Comme preuve juridique, c’est une preuve contestable et inacceptable parce qu’il y a un acte de violence de la part de la police.

RFI

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