Emmanuel Macron et Xi Jinping ont réaffirmé mercredi à Pékin leur “ferme soutien” à l’accord de Paris sur le climat, affichant leur unité face aux Etats-Unis de Donald Trump, qui viennent d’officialiser leur retrait.
Après avoir déploré la décision américaine, les présidents chinois et français ont tenu à affirmer que l’accord signé en 2015 pour lutter contre le réchauffement climatique était “un processus irréversible”.
“Parce que quand la Chine, l’Union européenne, la Russie s’engagent avec fermeté, le choix isolé de tel ou tel autre ne suffit pas à changer le cours du monde. Il ne conduit qu’à (le) marginaliser”, a estimé Emmanuel Macron, sans citer les Etats-Unis.
A rebours de l’isolationnisme brandi par Donald Trump, les deux dirigeants veulent “insuffler un élan politique à la coopération internationale” afin “d’assurer une mise en œuvre de l’accord de Paris totale et efficace”.
“Nous sommes pour l’égalité de traitement et contre la loi de la jungle et les actes d’intimidation”, a souligné Xi Jinping, dont le pays est le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre.
Les deux présidents ont formalisé leur entente dans un “Appel de Pékin sur la conservation de la biodiversité et le changement climatique”, publié à l’issue d’un entretien au Palais du peuple de la capitale chinoise.
Emmanuel Macron devait quitter Pékin pour Paris en fin de journée après une deuxième visite en deux ans, durant laquelle il a affiché son entente avec Xi Jinping.
Notamment à Shanghai où ils ont goûté ensemble du vin et du boeuf français, puis lors d’un dîner privé au clair de lune avec leurs épouses avant un déjeuner d’Etat à Pékin rythmé par des airs d’Edith Piaf et de Jacques Offenbach.
– Boeuf et nucléaire –
Le président français, qui a promis de venir en Chine tous les ans, a insisté à plusieurs reprises sur la nécessité de donner une dimension bien plus européenne à la relation avec Pékin. Afin de peser davantage qu’un pays de 65 millions d’habitants face à un géant de 1,4 milliard devenu la deuxième économie mondiale et aux moyens colossaux.
Il est “dans l’intérêt de nos partenaires d’avoir comme interlocuteur une Europe unie et forte face aux grands enjeux contemporains”, a-t-il expliqué mercredi, en assurant M. Xi que cette “souveraineté européenne” ne se construisait “pas contre les autres”.
Emmanuel Macron, venu en Chine avec une ministre allemande et un Commissaire européen, devra cependant convaincre les autres pays de l’UE de “jouer européen” dans un contexte de course aux investissements chinois, notamment dans le cadre des “Nouvelles routes de la soie” lancées par Pékin.
En attendant, la visite a donné lieu à une moisson d’annonces d’accords franco-chinois, certes moins spectaculaires que lors de la visite en mars de Xi Jinping en France, lorsque la Chine avait passé commande de 300 Airbus.
“On avait alors vidé la cuve” des commandes d’avions, a fait observer l’Elysée, qui s’est refusé à donner le montant total des accords, évalué à 15,1 milliards de dollars par Pékin.
Le plus gros dossier est le “méga-contrat” de l’usine de retraitement de combustible nucléaire pour lequel Orano (ex-Areva) est en négociations depuis une dizaine d’années.
Les deux pays ont convenu de parvenir avant fin janvier à un accord sur ce dossier qui achoppe sur la question cruciale… du prix. La facture d’Orano est estimée aux alentours de 10 milliards d’euros.
– Astérix en mission –
Plus que les seuls contrats commerciaux, Paris insiste pour obtenir un meilleur accès au marché chinois — une préoccupation qui rejoint celle des Etats-Unis et de nombreux autres pays.
Emmanuel Macron a salué “les mesures prises sur l’ouverture de la Chine” qui, depuis deux ans, a tenu “scrupuleusement” ses engagements “avec des résultats tangibles”. Il a toutefois appelé Pékin à “approfondir” ses efforts, en inaugurant mardi la Foire aux importations de Shanghai, dont la France est cette année l’invitée d’honneur.
La visite a aussi été placée sous le signe de la coopération culturelle, avec l’inauguration à Shanghai d’une antenne du Centre Pompidou, la première hors d’Europe.
Dans la délégation présidentielle, l’acteur et cinéaste Guillaume Canet a cherché à obtenir l’autorisation de tourner le prochain opus d’un célèbre Gaulois au pied de la Grande muraille. “Astérix va connaître les routes de la soie et permettre de partager nos imaginaires les plus populaires”, s’est félicité Emmanuel Macron.
Quant à la Grande muraille, elle verra s’élever, à l’endroit où elle rejoint la mer, une version chinoise du parc d’attraction français Puy-du-Fou.