La ministre des armées, Florence Parly, a fait savoir qu’un dirigeant du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) avait été tué par les forces françaises au Mali, début octobre.
Le Marocain Ali Maychou, alias Abou Abderrahmane Al-Maghrebi, considéré comme le numéro deux et leader religieux du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), organisation djihadiste reliée à Al-Qaida, a été tué par les forces françaises au Mali début octobre. La ministre française des armées, Florence Parly, en a fait l’annonce, mardi 5 novembre, à l’Agence France-Presse (AFP).
Le djihadiste a été tué « dans la nuit du 8 au 9 octobre » sur le sol malien en coordination avec les forces maliennes et un soutien américain, a-t-elle précisé dans l’avion qui la ramenait d’une tournée dans plusieurs pays de la région du Sahel, où quelque 4 500 militaires français sont déployés dans le cadre de l’opération « Barkhane ».
« Il s’agit de la neutralisation d’un personnage très influent », a déclaré à l’AFP Mme Parly, au lendemain de sa visite au Burkina Faso, où elle a rencontré des forces spéciales françaises. « Il est très important de désorganiser ces mouvements en profondeur, a souligné la ministre, mais cela ne signifie pas que ces mouvements s’autodétruisent en parallèle. »
« Il faut continuer ce travail de contre-terrorisme, mais ce n’est qu’un élément » de la tâche à accomplir pour sécuriser les pays du Sahel, a-t-elle rappelé en mentionnant l’importance d’accompagner les forces armées locales pour qu’elles gagnent en autonomie.
Une attaque revendiquée à Boulikessi et Mondoro
Ce Marocain était « le deuxième terroriste le plus recherché au Sahel, y compris par les Américains », a déclaré la ministre dans l’avion qui la ramenait de Gao, au Mali, vers la France. Il avait rejoint Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) en 2012.
Il en était devenu le leader spirituel avant de participer à la fondation du GSIM en 2017 avec Iyad Ag-Ghali, le numéro un de l’organisation, dont il était le plus proche fidèle – Iyad Ag-Ghali est actuellement en tête de la liste des personnes recherchées.
Le GSIM a revendiqué les attaques récentes fin septembre début octobre contre les forces maliennes à Boulikessi et Mondoro qui ont causé la mort de 40 militaires. Le groupe a aussi revendiqué l’attentat de Ouagadougou de mars 2018 (8 morts). Les attentats de Ouagadougou de 2016 (30 morts) et 2017 (19 morts) sont également l’œuvre d’Al-Qaida.
Cerveau de l’expansion d’Al-Qaida au Sahel, artisan de l’unité des katibas du sud au sein du GSIM, Ali Maychou est le deuxième personnage d’importance du GSIM tué cette année, après la mort de l’Algérien Djamel Okacha, alias Yahia Abou Al-Hammam en février.
Mort d’un soldat français au Mali
La nouvelle de cette élimination intervient quelques jours après la mort d’un soldat français dans le nord-est du Mali, tué par un engin explosif. Le groupe Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), autre organisation djihadiste active au Mali, a revendiqué cette attaque, de même que celle d’un camp militaire du nord du pays où 49 soldats ont été tués vendredi – deux autres sont morts samedi, tués par une explosion dans le centre.
Malgré la présence des forces française, africaine et onusienne, la dégradation de la situation sécuritaire et les revers subis renforcent les doutes sur la capacité de l’armée malienne à faire face aux agissements djihadistes et aux autres violences auxquelles ce vaste pays est en proie depuis 2012 et qui ont fait des milliers de morts, civils et combattants. Plus largement, l’ensemble des armées nationales des pays sahéliens, parmi les plus pauvres au monde, semblent incapables d’enrayer la progression des attaques.
La France espère que d’autres pays européens contribueront à la lutte armée contre les djihadistes en envoyant des forces spéciales au Mali en 2020, alors que, parallèlement, Paris anime au sein de l’organisation G5 Sahel (Mauritanie, Niger, Mali, Burkina Faso, Tchad) un volet de développement de ces pays pour lutter aussi par ce biais contre les mouvements djihadistes, en appelant différents pays et institutions à financer des projets.
Source: Le monde