L’affaire dite “des aéronefs cloués au sol” refait surface après les lourdes pertes enregistrées par l’armée à Boulkessi et à Indelimane dans le centre et le nord du pays.
En effet, la polémique ne faiblit pas autour des conditions d’acquisition et d’entretien de deux hélicoptères “Puma” d’occasion acquis en 2017. Après l’ouverture d’une enquête judiciaire, le procureur de la République en charge du pôle économique et financier de Bamako a lancé en septembre un appel à témoins. Au sein de l’opposition malienne et de la société civile, on parle désormais “d’un vaste scandale de détournements et de surfacturation autour de cette affaire”.
“Nos hélicos Pumas sont cloués au sol faute de maintenance appropriée” déclarait le président malien Ibrahim Boubacar Keita le 1er juillet dernier dans les colonnes de l’hebdomadaire Jeune Afrique. “Nous avons peut-être été floués ou nous avons mal évalué la marchandise” a ajouté quelques jours après, son fils, Karim Keita, député et président de la commission défense à l’assemblée nationale.
Commission d’enquête
À la demande de Soumaila Cissé, chef de l’opposition parlementaire de l’Union pour la république et la démocratie (URD), une commission d’enquête parlementaire d’une quinzaine de membres a été constituée par l’Assemblée nationale pour tenter d’en savoir davantage sur cette affaire dite des “aéronefs cloués au sol”.
“La commission a commencé ses travaux. Elle a même écouté l’honorable Soumaila Cissé il y a une dizaine de jours. Ce qui est très important. Pour l’instant on ne peut pas en dire plus. Soumaila a été écouté et nous avons compris que la commission est dans de très bonnes dispositions pour vérifier les faits qui ont été porté à sa connaissance, et au besoin rendre public, ce qui est d’ailleurs normal, les conclusions de son rapport au bout de deux mois de travail” réagit Me Demba Traoré, le secrétaire à la communication de l’URD (Union pour la République et deuxième force politique du pays).
Un rapport qui devrait situer les responsabilités autour de l’achat de ces deux aéronefs militaires de modèle d’occasion “Pumas” dont le règlement aurait été fait en liquide pour un peu plus de sept milliards de Fcfa par le Mali à la France. Des aéronefs aujourd’hui inutilisables qui ont été acquis selon la Plateforme contre la Corruption et le Chômage au Mali en état d’épave, sans appareil de visée et sans dispositif d’éjection pour les pilotes.
Des blindés de l’armée française et malienne traquant les djihadistes dans le Nord du Mali
‘’Pourquoi ces avions sont cloués au sol ? Pourquoi un défaut de maintenance ? Ceux qui ont fait l’expertise des deux aéronefs doivent être interpellés devant la justice. Parce qu’on ne peut pas flouer tout un peuple de cette manière, ceci est inacceptable. Il faut rappeler que le Mali n’est pas un Etat compradore, nous sommes un Etat souverain, indépendant, donc on ne peut pas être floué. Peut-être que ceux qui ont acheté ces aéronefs, c’est eux qui ont floué l’Etat, pas nos partenaires financiers’’, indique Abdourahamane Traoré, le coordinateur de cette plateforme.
La justice malienne aurait déjà auditionné dans cette affaire l’ancien chef d’Etat-major général de l’armée de l’air ou encore l’ancien chef d’état-major général des armées qui étaient en activité au moment des faits.
Source: dw.com