Face aux tensions sociales, répondre par du concret et du local: c’est le pari d’Emmanuel Macron, qui se rend jeudi dans la Marne pour illustrer l’application de ses réformes, pendant qu’à Paris se tiendra une grande manifestation pour l’hôpital.
Signe de la nervosité des autorités face aux tensions sociales multiples, un an après la révolte des “Gilets jaunes”, le préfet a interdit toute manifestation jeudi à Epernay et dans les 10 autres communes traversées par le cortège présidentiel, “considérant les appels à manifester sur les réseaux sociaux”.
“Le président a souhaité que dans la deuxième partie du quinquennat il y ait plus de concertation avec les Français, parfois c’est difficile (…) il y a du frottement, beaucoup d’interpellations, il y a beaucoup d’inquiétudes” a reconnu la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye sur France inter.
C’est donc a priori protégé de tout imprévu que le chef de l’Etat visitera pour commencer le Mémorial des deux batailles de la Marne (septembre 1914 et juillet 1918) installé à Dormans, près de Reims. Il avait promis l’an dernier de s’y rendre, faute d’avoir pu inclure ce monument dans son “itinérance mémorielle” de la Grande Guerre.
Il se rendra ensuite à Epernay (24.000 habitants), où sous l’égide du maire divers droite Franck Leroy, soutien de LREM aux européennes, il assistera à une réunion du conseil municipal. Peut-être en profitera-t-il pour un bain de foule, deux ans et demi pile après son investiture.
Point fort de sa visite, c’est justement avec le préfet de la Marne Denis Conus que le chef de l’Etat enchaînera par une réunion aux allure de grand oral destinée à “vérifier” l’application locale de ses réformes.
D’un côté de la table, Emmanuel Macron, son ministre des Collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, et quelques conseillers. Face à eux, le préfet, la sous-préfète et des collaborateurs.
Le chef de l’Etat veut évaluer pour la Marne les indicateurs de l’action de l’Etat – surnommés “OVQ” (“objet de la vie quotidienne”) – censés donner des mesures chiffrées de l’avancement des réformes.
Il lui demandera ainsi un bilan des rénovations thermiques des logements, de l’ouverture des maisons de santé, du nombre d’apprentis, de la scolarisation des enfants handicapés, de la couverture haut débit ou encore des maisons “France Services”. Si les objectifs ne sont pas remplis, le préfet devra en expliquer les freins.
“Il s’agit d’une sorte de contrôle continu pour vérifier comment les impulsions données à Paris sont interprétées et mises en oeuvre à mi-mandat”, explique l’Elysée.
– Procès en déconnexion –
Cette journée dans la Marne marque la volonté du président de montrer sa proximité avec les préoccupations des Français, qui restent à 65% hostiles à son action.
Ainsi 55% d’entre eux approuvent la mobilisation des “gilets jaunes” de l’an dernier et 71% estiment que le mouvement n’a pas permis à Emmanuel Macron de mieux comprendre les réalités du quotidien. Un procès en déconnexion qui le poursuit malgré ses 100 heures de grand débat.
Mais son déplacement se télescope avec la manifestation jeudi à Paris des personnels hospitaliers, qui espèrent une rallonge budgétaire imminente.
Les “gilets jaunes” comptent eux se remobiliser ce week-end tandis qu’une contestation étudiante a surgi depuis qu’un jeune homme s’est immolé par le feu vendredi pour dénoncer sa situation précaire.
A quatre mois des municipales, l’exécutif craint une multiplication des fronts, alors qu’une grève de la SNCF et de la RATP est annoncée pour le 5 décembre.
Pour se rapprocher des élus locaux, Emmanuel Macron ouvrira mardi le Congrès des maires de France, qu’il avait boudé l’an dernier.
Il poursuivra cette “grande séquence territoriale” à Amiens les 21 et 22 novembre sur des thèmes allant de la jeunesse, dont Amiens est la capitale européenne pour 2020, à la desserte ferroviaire, en passant par le sort des anciens salariés de Whirlpool.
AFP