En Afrique, que faire des poubelles du continent qui débordent ? Et pourquoi ne pas faire de ce problème une solution ? C’est ce que proposent les défenseurs de l’ « upcycling », une forme de recyclage « par le haut », où l’on transforme des matériaux à jeter en objets de valeur. En Afrique du Sud, c’est ce que fait Mbongeni Buthelezi : il a décidé de voir l’accumulation de déchets plastiques comme une opportunité pour en faire des œuvres d’art. Depuis plus de vingt ans, il collectionne les sacs et les emballages pour les transformer en tableaux ou en sculptures.
Des plastiques de toutes les couleurs sont étalés sur le sol de l’atelier. Mbongeni Buthelezi les a récupérés auprès de magasins, ou même dans la rue, au gré de ses balades : « Tout ce qu’il y a devant nous, là, c’est ma palette. Une mer de plastiques. Ca peut être des emballages de bières, ou des sacs de magasins. Celui-là, par exemple, c’est l’emballage d’une eau minérale, et j’en ai besoin pour sa très jolie couleur. »
Fines bandelettes
De larges bouts de plastiques, ou au contraire de fines bandelettes sont chauffées pour adhérer sur de grandes planches : « Voilà comment je fais ; j’active le pistolet thermique, je pose le bout de plastique, et je le fais chauffer et fondre. Tout ça sans utiliser une goutte de peinture. »
Mbongeni a développé cette technique alors qu’il était étudiant, et n’avait pas les moyens d’acheter du matériel pour peindre. Il espère aujourd’hui pouvoir éveiller les consciences avec son art : « Je vois bien ces plastiques, qui volent partout. Et personne ne trouve vraiment de solution. Je pense qu’un problème peut devenir une opportunité. En tant qu’artiste, j’espère pouvoir jouer un rôle et devenir un miroir de la société, pour faire réfléchir les gens par rapport à ce que je produis. »
Comme des peintures à l’huile
De loin, ses œuvres terminées – très souvent des portraits – peuvent être prises pour des peintures à l’huile. La preuve, selon lui, qu’il est possible de faire quelque chose de positif avec toutes ces ordures : « Il faut que l’on change notre regard sur les choses. Et pas seulement en parlant, mais aussi en agissant. Il faut que l’on bouge et fasse des choses, pour que le monde devienne un peu meilleur. »
Grâce à sa technique unique, Mbongeni Buthelezi a déjà été exposé dans des musées du monde entier.
RFI