L’on ne finira certainement pas de dénoncer les pratiques peu orthodoxes auxquelles l’on assiste presque chaque jour au sein de l’Aéroport International Modibo Kéita. Dans le cadre de la lutte engagée par le Gouvernement contre la corruption et la délinquance financière, plusieurs membres dudit Aéroport, y compris, le directeur commercial, ont été récemment arrêtés et déférés à Bamako Coura pour une série de pratiques frauduleuses. Mais il y existe une autre pratique encore plus laide et honteuse.
Il s’agit, en effet, de pratiques policières liées à des cas de mendicité flagrante auxquelles certains agents assermentés de l’Aéroport se livrent sans vergogne. Pis, cela pourrait s’apparenter à une forme d’escroquerie à laquelle ces policiers tentent ouvertement de soumettre les passagers, notamment, lors des contrôles de passeports, juste à quelques dizaines de minutes du départ. L’on comprend donc pourquoi la majeure partie des policiers voudraient être affectés aux services de contrôle aéroportuaire plutôt que tout autre lieu.
Ainsi, nombreux sont les contrôleurs qui, postés à quelques mètres de l’entrée des salles d’attente, demandent clairement de l’argent aux passagers en prétextant souvent « n’avoir croqué » un seul aliment. Si certains passagers, par clémence ou générosité, leur jettent quelques miettes, d’autres, visiblement exaspérés par une attitude aussi indigne d’un policier, leur tournent immédiatement le dos sans mot dire ou souvent en leur balançant des propos désobligeants à la figure et continuer sereinement leur chemin.
Ces opérations de mendicité à ciel ouvert, ont lieu depuis l’aube jusqu’à la dernière heure de la journée de travail, peu importe le rythme rotatif des agents. L’on avait cru qu’avec l’incarcération de cadres de l’Aéroport, certaines pratiques ignobles, notamment, cette mendicité chronique des policiers, allaient progressivement s’estomper. Mais c’est mal connaître le degré d’enracinement de la corruption policière dans notre pays. La pratique persiste avec force et contre les multiples plaintes des usagers de l’Aéroport.
Jusqu’ici, les pratiques policières les plus couramment décriées, sont, en particulier, les rackets et bakchichs. Mais cette forme de harcèlement littéralement exercée par des agents de la police nationale, donne de la sueur froide. Car, il y va de la crédibilité de l’administration malienne. L’Aéroport étant fréquenté par une diversité incommensurable d’individus, devrait être sécurisé avec toute la rigueur qui s’impose à la fonction de contrôle. Mais, ce n’est pas le cas. Certains agents ont systématiquement transformé leur poste en une vache laitière où il faut engranger le maximum de gain en mendiant de l’argent à chaque usager, souvent même en usant de trafic d’influence. Quelle honte pour notre police !
Jusqu’où les agents de l’Etat continueront-ils à salir l’image de la nation ? Pourquoi les gardiens de la loi, arrivent-ils aussi facilement à se transformer en ses propres fossoyeurs ? Que fait concrètement la hiérarchie policière pour éradiquer d’aussi infâmes pratiques venant de leurs subordonnés ? En serait-elle informée mais les laisserait-elle faire pour qu’elle aussi puisse éventuellement bénéficier de quelque chose en retour ? La hiérarchie est, en tous cas, vivement interpellée face à un énième déshonneur de la police nationale.
Moulaye DIOP
Source: Le Point