Le Congrès des maires de France, devant lequel Emmanuel Macron est très attendu en milieu d’après-midi, s’est ouvert mardi matin à Paris, pour trois jours de débats à quatre mois des élections municipales.
“C’est un congrès de fin de mandat, probablement l’un des plus difficiles de ces dernières décennies”, a souligné François Baroin (LR), président de l’Association des maires de France (AMF), rappelant la baisse conséquente des ressources financières des collectivités durant la mandature (2014-2020).
Combatifs à l’approche des élections, les maires réunis Porte de Versailles attendent notamment que le Président de la République précise ses intentions, “dans le temps et les compétences”, en matière de décentralisation, avant la nouvelle étape annoncée pour 2020.
Le congrès de l’AMF s’ouvre dans un climat apaisé entre les élus et l’exécutif. En 2018, le chef de l’Etat avait fait l’impasse sur le rendez-vous annuel, en période de fortes tensions avec les élus locaux. Il s’est appuyé depuis sur les maires lors du grand débat national pour sortir de la crise des “gilets jaunes” et multiplie les signes en direction des élus.
Un accueil “profondément républicain” lui sera réservé par les maires “toujours très fiers de recevoir le président de la République”, assure le président de l’AMF.
Emmanuel Macron et François Baroin se sont entretenus la semaine dernière pour préparer l’ouverture de ce 102e congrès des maires, dernier grand rendez-vous des collectivités avant le scrutin de mars.
Les discussions en matière de décentralisation devraient porter sur “les thèmes et la méthode”, le débat de fond et les détails de la nouvelle vague de décentralisation étant abordés après des municipales.
Le discours d’Emmanuel Macron portera sur “les grands enjeux” de la seconde partie du quinquennat, indique la présidence. Mercredi soir, le chef de l’Etat recevra, comme en 2018, environ 1.500 maires à l’Elysée et le Premier ministre Edouard Philippe interviendra “sur le volet opérationnel” jeudi en clôture du congrès.
– Points de friction –
Rappelant les multiples évolutions institutionnelles depuis 2014, Sébastien Lecornu, ministre chargé des Collectivités territoriales, a souhaité que la nouvelle génération d’élus ne soit pas confrontée aux mêmes problèmes de “tuyauterie”. “Prenons des décisions de justice, d’équilibre et de paix”, a-t-il plaidé.
Les rapports compliqués entre les communes et les intercommunalités et la suppression de taxe d’habitation sont parmi les principaux points de friction.
Les maires n’ont toujours pas digéré la suppression de la TH qui affaiblit selon eux le lien entre la commune et les citoyens. Une taxe dont le gouvernement assure que le montant sera compensé “à l’euro près”. Autre sujet de tension : la répartition des compétences -notamment sur l’eau et l’assainissement- entre les communes et des intercommunalités dans lesquelles de nombreux maires se sentent dépossédés de leur pouvoir.
“La santé, la sécurité, l’environnement, la protection au sens large, seront les sujets au rendez-vous des municipales”, souligne François Baroin. Autant de thèmes au coeur des débats qui réuniront jusqu’à jeudi quelque 13.000 participants, dont une moitié de maires.
Pendant le congrès, l’Assemblée nationale examinera jusqu’à vendredi le projet de loi “Engagement et proximité”, qui se veut une réponse concrète aux attentes des maires exprimées lors du grand débat, en particulier ceux des communes rurales.
Lundi, le président du Sénat, Gérard Larcher, a affirmé qu’il n’y aurait pas d’accord au Parlement “sans évolution sur plusieurs points durs”, après que la commission des Lois de l’Assemblée a chamboulé la version adoptée en première lecture au Sénat.
Appelant M. Larcher à “garder une tonalité la plus sobre possible”, M. Lecornu a promis “un avis favorable” du gouvernement au souhait des sénateurs d'”augmenter les plafonds” d’indemnités des maires, en promettant aussi une mesure “d’autonomie de chaque commune dans la fixation de ces indemnités”.
AFP