Le retour de l’ancien président Boni Yayi au Bénin aura été bref. Arrivé en milieu d’après-midi ce mercredi 20 novembre, il est reparti en début de soirée avec la délégation de la Cédéao qui l’a ramené.
Boni Yayi est resté quelques heures seulement mais a pu exécuter un programme qui ressemblait bien à un agenda personnel. Une rencontre était prévue à 17h à la présidence de la République avec Patrice Talon mais Boni Yayi ne s’y est pas présenté. L’entretien s’est fait sans lui et a duré environ une heure et vingt minutes. Il n’y a eu ni déclaration ni communiqué.
Pendant ce temps, l’ancien président, dès sa descente d’avion, s’est rendu chez l’ancien chef d’État Nicéphore Soglo, l’autre grande voix de l’opposition béninoise, et dans la famille de Prudence Amoussou, cette mère de 7 enfants abattue lors d’une manifestation de l’opposition au lendemain des législatives contestées.
À l’aéroport, dans son quartier à Cadjehoun et devant son domicile, Boni Yayi a été applaudi par ses militants. Il s’est abstenu de s’exprimer publiquement. C’est Nourénou Atchadé, un de ses fidèles et porte-parole de son parti qui a parlé en son nom.
Il a expliqué à la presse que Boni Yayi n’avait pas boycotté la rencontre avec Patrice Talon. Et a indiqué qu’elle n’était pas prévue et que c’était les journalistes qui l’avaient annoncée. L’urgence, pour lui, est de se préoccuper de « la démocratie béninoise » plutôt que « des accolades ». Boni Yayi, qui n’est pas guéri, doit repartir pour poursuivre ses soins. L’ancien président a quitté Cotonou mercredi soir avec la délégation de la Cédéao.
La préoccupation du Nigeria
Signe que la sous-region s’inquiète de la crise politique au Bénin, Boni Yayi ne s’est pas rendu seul à Cotonou. Il est venu accompagné notamment de l’Ivoirien Jean-Claude Brou, le patron de la Commission de la Cédéao et de l’ancien président du Nigeria, Abdulsalami Abubakar, dépêché par l’actuel président Buhari. C’est d’ailleurs au Nigeria que Boni Yayi s’est installé depuis plus de deux mois et c’est Muhammadu Buhari qui a mis un avion à sa disposition.
« Depuis que la crise a éclaté au Benin, le président Muhammadu Buhari est à la manœuvre », explique un proche de Boni Yayi. Selon lui, le président nigérian a très mal vécu le sort qui a été réservé à l’ancien chef de l’État béninois. Il aurait également très mal pris les accusations du pouvoir béninois contre des Nigérians qui auraient pris une part active dans les violences au lendemain des élections législatives. Cette source rappelle aussi les liens d’amitié qui unissent Boni Yayi et l’ancien président Olusegun Obasanjo.
Pour une source proche de la présidence béninoise, Boni Yayi pouvait très bien rentrer seul. « C’est lui qui a choisi d’être accompagné. Il veut se rendre important et faire le buzz », explique cette source qui dément que Patrice Talon ait agi sous pression.
Visite au Niger
Avant d’arriver à Cotonou, Boni Yayi s’est d’abord rendu au Niger où il a rencontré le président Issoufou. Et c’est en provenance du Niger qu’il est donc arrivé au Bénin.
L’ancien président béninois avait quitté Cotonou le 22 juin dernier après plus d’un mois de confinement dans sa résidence du quartier de Cadjehoun, encerclée par les forces de l’ordre depuis les violences post-électorales qui ont succédé au scrutin législatif du 28 avril. Ces élections, auxquelles aucun parti d’opposition n’avait pu participer, a ouvert une crise politique dont le pays peine à sortir.
RFI