L’attribution de la 4e licence globale des télécommunications (téléphonie mobile) défraie actuellement la chronique. Il y a un flou artistique autour de cette attribution. Si le département de l’Economie numérique et de la Prospective affirme que cette licence n’a pas été octroyée pour le moment, même si les conclusions de la Commission technique ont été remises au gouvernement, tout porte à croire que l’opérateur algérien de téléphonie, Mobilis, se trouve être en bonne position au détriment du Groupement Bintel/Koira, dirigé par notre compatriote Cessé Komé. Le hic est que le délai de validité des offres est dépassé. Du coup, le gouvernement devrait déclarer l’appel d’offres infructueux avant d’initier une nouvelle procédure
Le dossier sur l’attribution de la 4e licence globale des télécommunications (téléphonie mobile) suscite aujourd’hui beaucoup de débats. Certains estiment que cette licence a déjà été octroyée à une société étrangère qui a soumissionné en même qu’une autre de droit malien.
Si on se réfère à la déclaration de la ministre algérienne de la Poste et des Télécommunications, des Technologies et du Numérique, Imane Houda Feraoun, il y a quelques mois seulement avant la chute de Bouteflika, cette 4e licence aurait été octroyée à Mobilis, la filiale mobile de l’opérateur Algérie Télécom. Pour la simple et bonne raison que cette société de téléphonie se trouve être la seule en bonne position pour la 4e licence. En fait, l’information avait fait une fuite, mais on ne sait pour quel intérêt.
D’après nos informations, elles étaient seulement deux sociétés à soumissionner pour la 4e licence. Il s’agit d’ATM Mobilis, filiale mobile de l’opérateur Algérie Télécom et Bintel/Koira Teknotelecom de notre compatriote Cessé Komé, qui serait à la tête de ce Groupement composé uniquement de nationaux. Une manière pour eux de contribuer au développement socio-économique de leur pays.
Pour ce faire, un cahier de charges a été bel et bien élaboré par l’Autorité malienne de régulation des télécommunications/TIC et postes (AMRTP) ainsi que les autres aspects techniques. Et une Commission composée de 14 membres issus de différents départements ministériels et services techniques a été mise en place afin de travailler sur les offres pour l’octroi pour cette 4e licence.
Elle est présidée par Cheick Oumar Maïga dit Gilbert (actuel secrétaire général du ministère de l’Economie numérique et de la Prospective).
Les autres membres sont : Baba Konaté, Assana Diawara, Boucari Diallo, Aguibou Tall, Sékou Traoré, Lassana Diakité, Oumar Alassane Kouyaté, Fousseyni Togola, Cheick Sidy Mohamed Nimaga (président de l’AMRTP), Amadou Traoré, Issoufi Kouma Maïga et Ishaq Maïga.
Le hic est que la Société Bintel/Koira Teknotelecom a été d’emblée éliminée dès la phase technique pour non-respect de certains critères. “Quand nous avons examiné les deux dossiers à travers nos grilles d’analyse technique, Bintel/Koira n’a pas été retenue pour non-respect de certains critères. Parmi lesquels, il faudra avoir un fonds propre de 100 milliards de F CFA pour ce cas précis, avoir une expérience en la matière et avoir au moins 2 millions d’abonnés. Voilà pourquoi Bintel/Koira a été éliminée. Par contre, ATM Mobilis avait été retenue pour la phase de l’offre financière.
Dire aujourd’hui que la 4e licence a été octroyée à Mobilis, c’est archi-faux. C’est vrai que les conclusions de la Commission ont été remises au gouvernement. C’est pour vous dire que seul l’Etat a le droit d’octroyer une licence de téléphonie par décret ou arrêté”, nous a confié une source proche du dossier. Avant de rappeler que : “L’octroi d’une licence de téléphonie n’est pas une prérogative du ministère de l’Economie numérique. Le département est chargé en ce qui le concerne de superviser la conduite du processus en relation avec l’AMRTP dont les conclusions sont soumises au gouvernement pour validation ou approbation. C’est ainsi que sur instruction du gouvernement, la Commission technique a procédé en octobre 2019 à l’analyse des offres financières dont les conclusions ont également été transmises à la direction générale des marchés publics”.
D’après nos informations, s’agissant de l’offre financière, l’opérateur algérien Mobilis aurait proposé une enveloppe financière de 20 milliards de F CFA tandis que Bintel/Koira avait une offre financière de 30 milliards F CFA, même si, elle n’a pas été retenue pour cette phase.
Après la déclaration de la ministre algérienne, Imane Houda Feraoun sur l’attribution de la 4e licence à Mobilis, le représentant du groupement Bintel/Koira, Cessé Komé a réagi dans une correspondance en date du 2 juillet 2018. “Dans le cadre du processus d’appel d’offres relatif à la 4e licence de téléphonie globale du Mali, nous sommes profondément surpris et choqués en apprenant par voie de média une publication annonçant que Mobilis ATM a remporté ladite soumission pendant que l’évaluation des offres est en cours.
Nous condamnons vigoureusement cette attitude machiavélique portant atteinte non seulement à la crédibilité du Mali tout entier, mais également au département de l’Economie numérique.
Nous prenons à témoins l’ensemble des autorités nationales et internationales compétentes ainsi que la Commission d’évaluation en charge du processus d’appel d’offres. Il reste entendu et clair que cette annonce faite à dessein, porte gravement un préjudice sans précédent sur la transparence et l’équité de la présente soumission.
Afin de préserver la régularité et le sérieux de cet appel d’offres, nous souhaiterions que des enquêtes approfondies soient engagées mettant ainsi en exergue les raisons profondes des manœuvres prétentieuses”, a précisé Cessé Komé.
Voilà pourquoi, il y a des non-dits dans cette affaire. Ce qui est sûr, tous les moyens étaient mis en œuvre pour que cette 4e licence de téléphonie puisse être attribuée à ATM Mobilis. Aujourd’hui, peut-être que les données ont changé avec la situation qui prévaut en Algérie, surtout avec le départ du régime de Bouteflika.
En tout cas, la question qui est sur toutes les lèvres est de savoir si l’Etat va accepter d’octroyer cette licence à l’opérateur algérien Mobilis au détriment des nationaux avec à leur tête un homme d’affaires très respectueux, Cessé Komé ? D’ailleurs, l’appel d’offres semble être infructueux compte tenu du dépassement du délai de validité des offres. Le meilleur scénario aujourd’hui, c’est d’initier une nouvelle procédure d’appel d’offres restreint entre les deux soumissionnaires.
De toutes les façons, il serait très difficile que le Premier ministre, ministre de l’Economie et des Finances, Dr. Boubou Cissé puisse accepter l’offre financière de l’opérateur algérien Mobilis compte tenu de la situation du Mali, qui a plus que jamais besoin d’argent. L’offre financière proposée par Mobilis est nettement inférieure à celle de la 3e licence avec Telecel. L’homme d’affaires burkinabé, Apollinaire Compaoré, avait déboursé 55 milliards F CFA pour la 3e licence dont le montant a été payé en deux tranches : 32 milliards puis 23 milliards de FCFA.
El Hadj A.B. HAIDARA
Aujourd’hui-Mali