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ZONES D’ORPAILLAGE : QUAND L’EXPOSITION AU MERCURE CAUSE « LA PERTE DE MÉMOIRE »

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En marge des Journées Minières et Pétrolières tenues du 12 au 14 novembre dernier au CICB, notre équipe de reportage avait fait un tour dans les différents stands d’exposition. A l’instar des autres secteurs du domaine, la Chambre des Mines du Mali (CMM) exposait ses services au public. Des documents produits par ladite structure dont nous avons eu une copie,  démontrent la dangerosité du mercure en zones d’orpaillage. 

« Le Mercure : un tueur silencieux en zones d’orpaillages » c’est le litre du document que notre équipe de reportage s’est procuré à l’occasion de ces journées minières et pétrolières. Selon la définition donnée par ce document,  le mercure est un métal qui se présente sous la forme liquide à température ambiante. Son point de fusion serait de -38,9°C. « Son caractère toxique vient en effet de son extrême volatilité (puisqu’il peut être facilement respiré), de sa relative solubilité dans l’eau et les graisses (il peut être facilement transporté dans le corps), et enfin de sa capacité à se lier avec d’autres molécules, qu’il va modifier ou dont il va transformer les fonctions. Ses capacités à s’associer à d’autres métaux ont été notamment utilisés pour l’extraction de l’or » lit-on dans le document.

Partant de ce fait, le mercure est donc le métal le plus utilisé dans les zones d’orpaillages : « la capacité que possède le mercure à former des alliages métalliquesa entrainé son emploi à grande échelle dans les activités d’orpaillage » indique le document. «  L’or et le mercure s’attirent  parce que le mercure a un seul électron de plus que l’or » précise le document.

Effets du mercure

L’utilisation de ce métal nuit gravement à la santé et à l’environnement. Les utilisateurs, inconscients de la dangerosité de ce métal, s’exposent à beaucoup de maladies.

En effet, selon le document produit par la Chambre des Mines du Mali, l’exposition au mercure affecte surtout le système nerveux, le système cardiovasculaire, le système immunitaire et les reins. Il ressort également de ce document que le mercure peut présenter un danger particulier pour les femmes enceintes et les femmes qui allaitent. «  L’absorption de mercure peut provoquer des fausses couches chez la femme et la naissance d’enfants prématurés. Les scientifiques ont déterminé que de faibles concentrations de mercure peuvent réduire la capacité d’apprentissage de l’enfant et engendrer un retard sur la coordination musculaire des enfants à naitre » signale le document. Voici les autres méfaits du mercure indiqué dans le document : l’insomnie, la perte de mémoire, des maux de têtes, des troubles digestifs, des troubles neuromusculaires, un dysfonctionnement moteur et cognitif, un dysfonctionnement du système immunitaire.

Outre les maladies, le mercure peut aussi négativement agir sur l’environnement : «  par exemple les sols forestiers, l’écosystème et la chaine alimentaire peuvent être contaminés et perturbés de façon irréversible », soutient le document.

Alors qu’il est fréquemment utilisé dans les zones d’orpaillage,  notre pays n’a pas encore «  légiféré sur le mercure », à en croire le document. Contrairement à d’autres pays comme le Burkina Faso qui a inscrit dans son Code minier (ART 77) : « il est interdit d’utiliser… des substances chimiques dangereuses notamment le cyanure et le Mercure dans les activités d’exploitation artisanales », déplore le document de la Chambre des Mines du Mali.

Alors que de troubles mentales sont de plus en plus signalées en milieu jeunes dans certaines régions d’orpaillage par des associations, notamment à Kayes. Le Front d’action pour la Région de Kayes (FARK) avait en effet plusieurs fois  tiré  sur la sonnette d’alarme sur ce cas qui est de plus en plus  récurent dans la première région du Mali. Le mercure en serait-il à l’origine ?

Ainsi, face au danger qui guette les populations vivant dans les zones d’orpaillage,  les autorités maliennes vont-elles toujours rester muettes et aveugles sur les méfaits du mercure ?  En tout cas, les départements ministériels en charge des mines, des pétroles, de la santé et de l’environnement sont plus que jamais interpelés.

Boubacar Kanouté.

Figaro du Mali

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