Il y a 150 ans que les premiers missionnaires Chrétiens arrivaient et s’installaient au Mali. Ils célèbrent cette année leur présence au Mali et font de bilan de l’évangélisation du Mali.
Légende : Cette photo est du 23 juillet 1939. Elle a été tirée à l’occasion de l’ordination du Père François Diallo à Bamako. Quatre Maliens figurent de gauche à droite: Gabriel Cissé (premier grand séminariste diocésain), Prosper Kamara, François Diallo et Antoine Diarra.
Quand le gouverneur général de l’Algérie coloniale, MacMahon a proposé à l’évêque de Nancy, Mgr Charles Allemand Martial Lavigerie, l’archevêché d’Alger en 1867, Mgr Lavigerie accepta tout de suite, parce qu’il voyait en Alger “la porte ouverte d’un continent immense pour y apporter la Bonne Nouvelle de Jésus Christ“. Arrivé à Alger, il trouve une population affamée et décimée par une épidémie de choléra. Mu par la charité chrétienne, il recueille les orphelins, enfants de la rue pour en prendre soin. Voyant comme leur évêque s’occupe des plus pauvres de la population, trois grands séminaristes s’offrent à lui pour l’aider dans ce ministère auprès de la population locale musulmane. Ce fut le noyau de la congrégation des Missionnaires d’Afrique, dont le premier noviciat s’ouvrit le 19 octobre 1868, qui fut retenue comme date officielle de la fondation. En 1869, il fonda la branche féminine, les Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique, Sœurs Blanches.
Le nom officiel est “Société des Missionnaires d’Afrique“, mais à cause de leur vêtement blanc, la gandoura des arabes d’Afrique du Nord, les gens les ont vite surnommés les “Pères Blancs“. Le fondateur, Mgr Lavigerie, devenue cardinal le 19 mars 1882, voulait que ses missionnaires s’adaptent le plus possible à la vie des populations où ils étaient envoyés : habillement, langue, nourriture, logement … “Nous sommes donc une société de vie apostolique et non pas des religieux qui prononcent des vœux. Nous nous consacrons à l’œuvre de l’évangélisation en Afrique jusqu’à la mort par un serment“, affirme le Père Hans-Joachim Lohre, de nationalité allemande, au Mali depuis 1981. La société compte des prêtres et des frères, donc des personnes qui mettent leurs compétences professionnelles au service de la mission.
Les premiers missionnaires “Pères Blancs“ sont arrivés en 1895 par Kayes en suivant le fleuve Sénégal. Auparavant deux caravanes envoyées par le désert en route pour Tombouctou, avaient été assassinés par leurs guides le 1er janvier 1876 (les Pères Paulmier, Menoret et Bouchand) et le 18 décembre 1881 (les Pères Richard, Morat et Poulard).
C’est le 6 avril 1890 que Louis Archinard occupe Ségou … Les Missionnaires d’Afrique y sont arrivés le 1er avril 1895, 2 Pères sont restés, tandis que deux autres ont continué pour fonder en mai 1895, le poste de Tombouctou. Les relations entre missionnaires, l’église et l’administration coloniale étaient franchement mauvaises à cause de l’esprit laïc anticlérical du colonisateur qui a tout fait pour empêcher la fondation de paroisses et ont saboté comme ils pouvaient l’action des Pères. Pour plus d’information, on peut lire avec profit le livre de Joseph-Roger de Benoist Eglise et pouvoir colonial au Soudan français : les relations entre les administrateurs et les missionnaires catholiques dans la Boucle du Niger, de 1885 à 1945, préface de Catherine Coquery-Vidrovitch, Paris, Éditions Karthala, 1987.
La première implantation des Missionnaires d’Afrique était Ségou, qui par la suite devient siège épiscopal et plaque tournante de l’œuvre de l’évangélisation de l’Afrique de l’Ouest. De Ségou sont partis les caravanes en 1900 pour le Burkina et Tamale au Ghana, comme Nzerekoré en Guinée.
Aujourd’hui, il y a une Eglise Locale malienne indéracinable avec 6 diocèses … des prêtres, des religieuses, des milliers de catéchistes … et les Missionnaires d’Afrique apportent leur contribution soit dans les paroisses ou des institutions comme le Centre Senoufo pour la sauvegarde de la culture senoufo à Sikasso, le Centre Foi & Rencontre et l’Institut de Formation Islamo-chrétienne à Hamdallaye à Bamako…
Alexis Kalambry
Mali Tribune