C’EST LA MARQUE DES HOMMES À POIGNE, À PLUS FORTE RAISON UN CHEF D’ETAT. APRÈS SES GESTICULATIONS À LA RENCONTRE DE L’OTAN, LE PRÉSIDENT EMMANUEL MACRON COURBE L’ÉCHINE EN SE SOUMETTANT AUX EXIGENCES DE BAMAKO POUR LE SOMMET DE PAU (FRANCE).
Le Président de la République du Mali a reçu le mardi 10 décembre 2019, à Koulouba une invitation officielle du Président français pour la rencontre de Pau (France) prévue préalablement au 16 décembre courant, avant d’être reporté à une date ultérieur, à travers M. Christophe BIGOT, son envoyé spécial pour le Sahel. A sa sortie d’audience, l’envoyé Spécial du Président français a confirmé l’information.
La rencontre de Pau sera axée autour des acquis et perspectives de l’Opération Barkhane et l’harmonisation des futures dispositions sécuritaires dans le Sahel. Certes. Mais la manière et l’espace choisis par le Président Macron pour annoncer cette invitation est d’une incongruité notoire, sa déférence aucune à l’égard des Chefs d’Etat du G5 Sahel.
C’est par un ton péremptoire, frisant l’époque coloniale, qu’Emmanuel Macron, oubliant les canaux diplomatique ou téléphonique, a invité pour ne pas dire convoqué ses pairs sahéliens pour discuter de l’avenir de Barkhane et du Sahel. En ce 21ème Siècle où les peuples du monde sont en plein zénith d’éveil de conscience, Macron se croit tout permis en Afrique francophone. Cette époque est révolue. « Sentiment anti-français » ou non, le peuple malien est libre d’exprimer ses aspirations. Nul n’est contre les Français. Mais contre la politique floue de la France au Sahel en général et au Mali en particulier contre le terrorisme, mais surtout dans le processus de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger.
Comme une réponse du berger à la bergère, le Président IBK a mis les points sur les i. « Le déplacement du Président de la République du Mali à Pau (France), ce 16 décembre se fera sous conditions. L’envoyé spécial pour le Sahel du Président de la République française, M Christophe BIGOT a été chargé de transmettre ces conditions à qui de droit », a précisé le Porte-Parole du Gouvernement Yaya Sangaré, non moins Ministre de la Communication, Chargé des Relations avec les Institutions de la Républiques.
Selon une source diplomatique rapporté par notre confrère du 22 Septembre, « Paris est d’accord pour qu’il n’y est pas de sujets tabous, conformément au souhait du Président malien. Kidal sera bien évoquée, la question de services de renseignement, des armées, sera aussi invoquée. C’est pourquoi Emmanuel Macron a souhaité la participation des chefs des Institutions politiques et sécuritaires : Ministres (Affaires Etrangères et Défense), Chefs d’Etat-Major et Chefs des services de renseignement ».
Ce que Macron n’a pas refusé, au regard de l’enjeu. Le contraire serait une porte fermée au Mali de participer audit sommet. Le Président IBK est ainsi en phase avec son peuple qui le soutient, d’autant plus que les exigences de Bamako témoignent une fois de plus la souveraineté du Mali, tant souhaitée.
Cyril ADOHOUN
L’Observatoire